En longeant la Conciergerie à Paris, il n’est pas rare de voir un groupe de passants s’arrêter régulièrement au croisement du boulevard du Palais et du Quai de l’Horloge… et ce pour une bonne raison. Outre la vue sur la Seine et sur la rive droite de la capitale, on y admire tout simplement la plus vieille horloge de Paris, commandée par Charles V en 1370 pour la tour nord-est du palais et installée l’année suivante. Considérée comme la première horloge publique de Paris, sa mécanique et sa décoration flamboyante ne manquent pas d’attirer les appareils photos et autres smartphones qui veulent l’immortaliser. Un procédé que l’on retrouve d’ailleurs quelques 460 kilomètres plus loin, du côté de Lyon…
Une horloge qui fait partie du patrimoine lyonnais
Situé dans le 5e arrondissement dans le quartier Saint-Jean, l’un des trois quartiers du Vieux Lyon, Gadagne est un ensemble muséal très apprécié dans la culture lyonnaise, pour abriter le Musée d’Histoire de Lyon, le Musée des arts de la Marionnette, mais aussi un petit théâtre proposant une programmation de spectacles de théâtre de marionnettes et de conférences, une boutique, un café-restaurant ou encore un jardin suspendu surplombant la ville. Et depuis 2021, l’Hôtel de Gadagne attire encore plus les curieux pour ce qui se trouve sur sa façade : l’Horloge Charvet. Longtemps située 8 rue de la Poulaillerie, il ne s’agit pas d’une horloge comme les autres : haute de 7 mètres et large de 2,20 mètres, celle-ci trône dans Lyon depuis 1864. C’est cette année-là que le sieur Charvet, horloger lyonnais réputé, obtient l’autorisation du préfet Vaïsse d’installer une horloge en façade, près de sa boutique située au 8 de la rue de la Poulaillerie. Il n’en faut pas plus à cette maison de renom à Lyon, dont on retrouve la signature sur beaucoup d’horloges publiques sur les façades ou dans les rues, pour assembler une œuvre d’art. Si les automates sont fabriqués par l’entreprise Charvet, le cœur du mécanisme est quant à lui constitué par une horloge d’édifice fabriquée dans le Haut-Jura.
Une œuvre d’art en même temps qu’une prouesse mécanique
Non content de réussir à faire installer cette horloge colossale, la maison Charvet réalise également une belle prouesse : en demandant à la ville l’autorisation d’installer cette horloge dans la rue, elle parvient à être exemptée d’impôts car son horloge remplit une mission de service public d’importance, à savoir donner l’heure (qui plus est gratuitement) aux Lyonnais. Une mission que l’horloge remplit parfaitement au fil du temps. Après une longue période de tranquillité, le monument connaît un long débat juridique qui aboutit à son acquisition par la Ville de Lyon en 2012, pour 100 000 euros. Après six mois de restauration, celle-ci décide alors de déplacer en 2020 l’horloge sur la façade de l’Hôtel de Gadagne. Les plus attentifs peuvent ainsi remarquer que le cadran, qui pèse tout de même 100kg, porte la marque Charvet, le lieu (Lyon), ainsi que la date, 1852. Celui-ci commande le mécanisme et les automates qui restent visibles à travers une vitre. On peut alors distinguer cinq cloches de bronze doré, dont quatre surmontées par une marionnette en bois et en cuivre rouge. Ces mêmes marionnettes qui font aussi le succès et la renommée de cette horloge… car elles mettent à l’honneur un grand nom du patrimoine lyonnais.
Des marionnettes qui font toujours le bonheur des curieux
Pour animer la sonnerie de l’horloge qui retentit toutes les 15 minutes, un véritable ballet mécanique voit les célèbres personnages Polichinelle et Arlequin ouvrir le bal et faire sonner les quatre cloches de bronze. Arrivent ensuite les mythiques Gnafron et Guignol, armé de sa tavelle, sonnent quant à eux la cloche la plus haute. À chaque heure, le soldat Trompette s’anime à son tour pour jouer la “grande” sonnerie. Pour la petite histoire, celui-ci a été ajouté après la guerre de 1870 et son costume n’a cessé de changer au gré des événements politiques. Une véritable chorégraphie à l’intérieur de l’horloge rendue possible par un ingénieux système pour l’épique : l’horloge fonctionnait à partir d’un système mécanique à base de contrepoids cachés dans le coffrage. Il fallait ainsi remonter le mécanisme tous les deux jours, avant qu’elle soit électrifiée dès 1988. C’est d’ailleurs la présence de ces célèbres personnages qui explique le fait que l’horloge Charvet soit aussi appelée “l’Horloge aux Guignols”, bien qu’il n’y ait qu’un seul Guignol et 4 autres compères. Ces mêmes personnages attachants qui font le succès chaque jour de ce trésor du patrimoine lyonnais auprès des locaux comme des touristes.
Ensemble Gadagne
1 Place du Petit Collège
69005 Lyon
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Image à la une : Horloge Charvet © Susie Waroude / @CharvetDigitalMedia