Puisque les beaux jours font encore de la résistance, il n’est donc pas trop tard pour profiter d’un petit moment en extérieur, pour se balader ou simplement se prélasser. Encore faut-il trouver le spot parfait… Pour ceux qui cherchent la perle rare en plein cœur de Lyon, il existe justement un jardin accolé au très populaire Musée des Beaux-Arts. Un site à l’histoire fascinante qui offre mille et une raisons de s’émerveiller…
Un terrain emblématique dans l’histoire de Lyon
Ce jardin était jadis un cloître réservé à des religieuses lyonnaises, dont la première mention apparaît dans un plan daté des environs de 1550. Il montre que l’abbaye occupe une surface au moins deux fois supérieure à l’espace actuellement couvert par le musée des Beaux-Arts. Une succession de quatre jardins s’étendait au nord et à l’est de l’abbaye, constitués de berceaux de verdure et d’allées destinées à la promenade. Jusqu’en 1792, le palais Saint-Pierre est un couvent de sœurs bénédictines, régi par des moniales issues de la haute noblesse. Mais la Révolution française vient bouleverser l’équilibre du lieu et sonne le glas de l’abbaye, après plus de mille ans d’existence. Les moniales encore présentes au monastère sont expulsées tandis que, vidé de ses occupants, le palais échappe de peu à la destruction qu’ont connu tant d’autres établissements religieux à la Révolution. Sa proximité avec l’Hôtel de Ville doit à l’abbaye de ne pas être vendue ou détruite. À la place, le Conseil municipal désigne l’édifice comme lieu de conservation des tableaux, médailles, bronzes et autres monuments des arts. En 1802, la Ville de Lyon rachète l’édifice, qui accueille dès lors le Musée des Beaux-Arts de Lyon. Il s’agit alors de rappeler à tous le prestigieux passé gallo-romain de la ville et de proposer des modèles à la Fabrique de la soie, alors en crise. Dès l’année suivante, le musée du Louvre envoie une centaine de tableaux, avant que différentes institutions viennent progressivement s’y installer, tels que les musées de peinture, d’épigraphie, d’archéologie et d’histoire naturelle.
Un cadre de rêve pour une promenade ou simplement profiter
Quant au jardin, qui servait autrefois de lieu de méditation et de promenade, il fait aujourd’hui office de prolongement grâce au mur de l’ancien cloître, et demeure un agréable espace de 1200 m², chargé d’histoire et dont le calme est propice à la promenade et à la détente. Un havre de paix forcément bienvenu à quelques mètres seulement de l’Hôtel de Ville, coincé entre la fourmillante place des Terreaux et la très commerçante rue Edouard Herriot. Puisque le jardin est un prolongement du musée, il n’est donc pas étonnant d’y croiser quelques œuvres d’art, comme dans de nombreux parcs et jardins de Paris. On y croise donc des fragments d’architectures antiques et des moulages de frises grecques du Parthénon et des Néréïdes, tandis que les terrasses sont entourées d’une balustrade en pierre ornée de vases et de statues. Au centre du jardin, impossible de louper la fontaine, qui semble fédérer autour d’elle les autres œuvres d’art. Il s’agit en réalité d’un sarcophage lyonnais de l’Antiquité gallo-romaine, massif et taillé dans le marbre, que l’on a percé de trois trous afin que l’eau s’en écoule. À noter que les sculptures du jardin du musée sont disposées et orientées en fonction du centre du jardin, où est placée la fontaine, qui comporte quant à elle une sculpture représentant Apollon.
Un jardin qui fait aussi office de musée
Au milieu des parterres de fleurs et sous les branchages des arbres, de nombreuses sculptures viennent côtoyer les tilleuls et les bouleaux. Parmi les nombreuses œuvres exposées dans le jardin du musée des Beaux-Arts de Lyon, on peut ainsi admirer “L’Ombre” d’Auguste Rodin (1902), illustrant Adam, l’un des personnages damnés de “L’Enfer”, un poème rédigé au XIVe siècle par Dante Alighieri. Au départ, cette sculpture a été conçue à une plus petite échelle pour être placée en trois exemplaires à l’entrée d’un musée des arts décoratifs à Paris. Mais l’artiste décide ensuite d’exposer un modèle en plâtre plus grand que nature, dont la ville de Lyon lui acquiert un tirage en bronze en 1904. Si l’absence d’une main droite peut étonner à première vue, il s’agit en fait de la volonté de l’auteur, pour souligner l’expression d’impuissance. Autre sculpture directement inspirée d’une œuvre littéraire : “Chactas méditant sur le corps d’Atala” de Francisque Duret. Cette sculpture du XIXe siècle s’inspire en effet du roman romantique de Chateaubriand “Atala”, ou “Les Amours de deux sauvages dans le désert”, publié en 1801. Une œuvre qui a de quoi surprendre puisqu’elle représente un “sauvage” avant sa conversion au catholicisme, parfait mélange entre inspiration classique et romantique. Si la présence d’une telle œuvre a de quoi surprendre, il est fort possible que cette statue moralisatrice ait été placée à Lyon pour y jouer un rôle d’édification après les désordres causés par les Canuts en 1834. Aujourd’hui, celle-ci veille plutôt sur les passants et autres curieux désireux de profiter des nombreuses merveilles du jardin !
Jardin du musée des Beaux-Arts
20 Place des Terreaux
69001 Lyon
À lire également : Savez-vous dans quelle ville française se cache le plus grand trompe-l’œil d’Europe (1200 m2) ?
Image à la une : Jardin du Musée des Beaux-Arts de Lyon © Adobe Stock