Ces magnifiques jardins à 30 minutes de Marseille accueillent chaque année un rendez-vous de référence consacré aux plantes rares !

Très apprécié pour son climat et ses villages qui sentent bon les vacances, la Provence doit aussi sa popularité à ses paysages naturels, tous plus variés et fascinants les uns que les autres. Si l’on ne compte plus les Parcs Naturels Régionaux à explorer dans la région, la Provence est aussi une terre de jardins à la beauté exceptionnelle, comme cet incroyable témoignage du XVIIe siècle à Bouc-Bel-Air, sur la route de Marseille à Aix-en-Provence. Un lieu magique dont on imaginerait presque Marcel Pagnol en parler avec la nostalgie qui le caractérise…

Un paisible témoignage du XVIIe siècle aux portes de Marseille

Les premières réalisations de cet espace hors du commun remontent aux années 1630 lorsqu’Henri de Séguiran, Premier Président de la Cour des Comptes Aides et Finances de Provence, achète des terres au creux du vallon qui monte jusqu’au Castel surplombant le village de Bouc-Bel-Air. Celui qui fut également nommé Lieutenant général des mers du Levant par le cardinal Richelieu y canalise des sources capables d’arroser ses premières plantations modestes, tels que des potagers et vergers. Mais son rêve va bien au-delà : il imagine déjà le tout comme un grand jardin agrémenté de bassins et de fontaines. Après des réalisations modestes (potager, treillages, petits bâtiments d’agréments), c’est vraisemblablement vers 1640 qu’il lance la réalisation des jardins tels que nous les connaissons aujourd’hui. Un mélange d’influences italiennes dans l’esprit des réalisations de la Renaissance, de végétaux propres à la Provence et du goût et des techniques de son temps fait émerger un jardin unique dans la région. Assurément parmi les plus beaux parcs de Provence, cet espace à la composition initiale intacte est un somptueux témoin de l’art des jardins du XVIIe siècle. Une prouesse d’autant plus remarquable que, malgré quelques périodes d’abandon dont la dernière ayant duré un siècle jusqu’en 1948, ces jardins sont le travail d’une famille passionnée qui entretient et restaure les lieux depuis 13 générations.

Assurément l'un des plus beaux jardins de Provence © Jardins d’Albertas — Assurément l’un des plus beaux jardins de Provence © Jardins d’Albertas

Une véritable prouesse artistique et technique

Très architecturés, les jardins d’Albertas sont ainsi structurés autour de 4 terrasses successives avec statues, bassins, jets d’eau, buis et ifs taillés, le tout dans un souci constant de perspective et d’harmonie pour admirer l’ensemble depuis plusieurs points de vue. Si c’est avant tout pour méditer, seul ou en famille, que l’on vient se perdre dans ce très bel endroit entre Aix-en-Provence et Marseille, on ne peut s’empêcher d’admirer encore et encore les œuvres d’art qu’on y trouve, comme le grand canal et ses treize mascarons qui distribuent l’eau, la grotte à l’italienne couverte de concrétions calcaires et de coquillages dont les sept statues des planètes ont depuis disparu. Sans oublier les parterres, le grand bassin aux 8 tritons ou les quatre statues monumentales représentant Hercule, David et sa fronde, le dieu Mars et le gladiateur Borghèse. Peu importe que l’on soit au printemps, en été ou à l’automne, le passage des saisons et des couleurs est un spectacle supplémentaire que l’on ne se lasse pas d’admirer. Comme toujours en Provence, l’utile se joint à l’agréable avec de nombreux bassins qui font office de réserves d’eau pour l’arrosage, en souvenir d’un temps où l’agriculture était la première source de richesse et où l’aristocratie provençale se passionnait pour les techniques agricoles. Comme toujours, ces jardins sont avant tout une importante infrastructure qui “ne se voit pas” : mouvements de terre, galeries d’amenée des eaux, conduites et drains pour préserver la qualité des terres, citernes souterraines pour stocker l’eau et permettre l’alimentation des jets d’eau et fontaines.

Terrasses du Jardin d'Albertas restaurées au XXe siècle © Wikimedia Commons — Terrasses du Jardin d’Albertas restaurées au XXe siècle © Wikimedia Commons

Un rendez-vous immanquable au mois de mai

Pour entretenir le parc le plus fidèlement possible, notamment à travers des travaux et un entretien coûtant près de 120 000 euros par an, la famille d’Albertas organise un événement devenu un rendez-vous immanquable : “Les Journées des Plantes”. À la fin du mois de mai depuis plus de 30 ans, jusqu’à 20 000 personnes investissent les jardins. Le temps d’un week-end magique, les plus curieux ont ainsi l’occasion de rencontrer pas moins de 180 exposants, spécialistes et passionnés de plantes adaptées au climat méditerranéen et/ou de spécimens rares, ainsi que des professionnels de l’environnement du jardin (mobilier, outillage, objets de décoration, conseils en aménagement extérieur, etc…). Outre les ventes, expositions de plantes, visites commentées, conférences, animations enfants et autres animations musicales, ce week-end exceptionnel est également l’occasion de récompenser le travail de ces passionnés, avec, par exemple, le Prix du plus beau stand, le Prix de la rareté végétale ou encore le Prix Parcs et Jardins PACA. Pour les plus impatients, les dates de l’édition 2025 sont déjà connues : rendez-vous les 23, 24 et 25 mai prochains. En attendant, les Jardins d’Albertas demeurent un cadre d’exception pour l’organisation de grands événements, tels que des expositions, photos de mariage, réceptions ou tournages.