Tout comme Paris, Marseille regorge de monuments incontournables à visiter lors d’un séjour dans la cité phocéenne, comme la Basilique Notre-Dame de la Garde, le Vieux Port ou encore le MuCEM. Mais d’autres merveilles, plus méconnues, se cachent parmi les rues de Marseille… à condition de savoir où chercher. Il peut s’agir d’une sculpture, d’un bâtiment ou d’un commerce, qui fait le bonheur des Marseillais depuis plusieurs décennies tout comme il attise la curiosité des touristes !
Une affaire de famille qui n’est plus à prouver
À ce jeu-là , impossible de ne pas aller à la découverte de la boutique Maison Empereur, soit la plus ancienne quincaillerie de France. Le commerce d’origine voit le jour sur la place de la Bourse par Eugène Bolfras, en 1827, avant d’être racheté par un taillandier du nom de François Empereur. Il faut attendre 1845 pour que le commerce déménage rue d’Aubagne et 1862 pour qu’il s’agrandisse en intégrant les ateliers de quincaillerie en ferrements du fils de François Empereur, Louis Empereur. L’établissement s’enrichit même d’un département armurerie presque cent ans plus tard, sous l’essor du champion du monde et médaillé olympique de tir sportif Roger Renoux, qui n’est autre que le fils du gendre d’Alfred Empereur. En plus de sa particularité d’être la plus vieille quincaillerie de France, la Maison Empereur dispose donc d’une autre singularité : elle appartient à la même famille depuis ses débuts. Après François, elle est passée à Louis puis à son fils Alfred. Est ensuite venu le gendre Paul Renaux, dans les années 1920, puis son fils également 40 ans plus tard. Aujourd’hui, la boutique est tenue par la sixième génération et, pour la première fois, par une femme, Laurence Renaux-Guez, avec la même envie de faire briller l’établissement comme ses ancêtres l’ont fait auparavant. Un véritable monument du patrimoine marseillais, dont on ressent le poids des années… à la simple odeur. À peine entrés, difficile de ne pas distinguer cette odeur de bois ciré à l’encaustique et à l’huile d’orange qui émane des meubles de métier du rayon droguerie. Plus loin, le subtil mélange des bidons métalliques à l’incontournable savon de Marseille, disponible en cubes, en barres et même en blocs de 30 kilos, donnent envie de parcourir les moindres recoins de cet établissement unique.Â
La caverne d’Ali Baba de Marseille
Véritable institution pour les Marseillais depuis plus de 190 ans, l’établissement est aujourd’hui géré par la représentante de la 6e génération de sa famille et propose toujours des objets introuvables ailleurs, pour le plus grand bonheur des chineurs. À l’intérieur, dans les 1 000 m² que compte l’établissement, ce sont en effet des dizaines de milliers de références qui sont mises à la disposition des curieux. Les chiffres ont de quoi donner le tournis : 50 000 références accumulées sur 200 ans d’histoire. Outre les articles de cuisine, de coutellerie, d’arts ménagers, de bricolage ou encore de jardinage que l’on peut trouver dans n’importe quel autre magasin, la Maison Empereur est aussi le repère d’objets bien plus rares, voire complètement insolites, forcément recherchés par des artistes, des chineurs ou des particuliers voulant faire un cadeau surprenant. Comme une sensation de voyager dans le temps, on trouve d’innombrables cocottes de cuisson, toutes plus colorées les unes que les autres, des clous de toutes les tailles de l’autre, des lampes à pétrole, des savons de Marseille, des jouets en bois, de la vaisselle ou des moules à tartes. L’une des raisons du succès de la boutique depuis tant d’années s’explique par le fait que beaucoup de ces produits de qualité sont du made in France, issus de manufactures à proximité.
Un savoir-faire désormais reconnu à l’international
Mais la Maison Empereur sait aussi voir plus loin que la cité phocéenne, après avoir reçu la médaille de la Ville en 2019. Outre des clients venus d’un peu partout en France, même de Paris, l’établissement est même parvenu jusqu’aux oreilles de New York et du Japon. Il y a quelques semaines, le savoir-faire de la maison marseillaise a d’ailleurs été reconnu à Chicago, lors des Global innovation awards (GIA) 2024, qui récompensent les commerces d’excellence. Présidée par un jury de professionnels du secteur de la décoration et de la maison, cette cérémonie a distingué la quincaillerie de Noailles parmi les 32 commerces en lice, notamment pour “le caractère authentique” et “l’attachement exprimé par ses clients”. De nombreux visiteurs, Marseillais et touristes, sont donc appelés à pousser encore la porte de la Maison Empereur pour le simple plaisir de déambuler dans cette caverne d’Ali Baba, dont l’histoire si particulière est racontée dans un espace muséal. Et pour prolonger l’expérience, les plus curieux peuvent réserver “un moment hors du temps” dans l’appartement de l’arrière-boutique, disponible à la location pour que les touristes ou fidèles clients puissent s’imprégner de l’esprit Empereur.
Maison Empereur
4 rue des Récolettes
13001 Marseille
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Image à la une : Maison Empereur © MOA Architecture