Après avoir parcouru la Cité Radieuse du Corbusier, ou bien la tour Luma avec ses toboggans géants et la Fondation Louis Vuitton, tous deux imaginés par Franck Ghery, nous avons une nouvelle découverte architecturale en réserve. À 2H de Marseille, perché sur les hauteurs de Théoule-sur-Mer, ce palais inouï aux 1200 m2 de bulles est surprenant ! Certains le comparent même à la maison des Barbapapa…
Un palais inouï
En 1979, le riche industriel Pierre Bernard fait une deuxième commande à l’architecte Hongrois Antti Lovag. Le fameux Palais Bulle aux milles hublots sera terminé en 1984. Ce palais inouï est donc le petit frère d’autres créations atypiques de monsieur Lovag. Avant cela, la Maison Gaudet a été érigée (1969 – 1989), la Maison Bernard (1971) et le Centre des recherches géodésiques et astronomiques de la Côte d’Azur, dont la construction s’est terminée en 1979. Antti Lovag n’en était pas à son coup d’essai : pour imaginer une création pareille, il faut un brun de folie, mais surtout une connaissance architecturale stupéfiante !
Entre terrasses, bassins, et hublots, le Palais Bulle est une curiosité du paysage Méditerranéen. D’ailleurs, ce palais inouï est très souvent attribué au célèbre couturier Pierre Cardin, car il l’a acheté, et aujourd’hui encore, la Maison Cardin utilise le Palais Bulle comme muse, pour des défilés ou des événements.
Notez qu’Antti Lovag n’appréciait pas le terme « architecte », il voulait qu’on le nomme « habitologue » et se définissait comme étant un « bricoleur-aventurier ». La rondeur, selon lui, était une harmonie. Antti Lovag cherchait à créer des « enveloppes sur mesure », afin que l’habitant se sente comme dans un cocon. Imaginez-vous, au cœur d’une des bulles de ce palais, face à la mer ! Chaque espace est sinueux, mais agréable et vaste : en visitant cette œuvre grandeur nature, on ne peut qu’avoir l’impression d’être dans un nuage.
Antti Lovag est aussi passé par la case « Beaux-Arts de Paris », ce qui l’a aidé à déconstruire les règles, littéralement. Deux de ses œuvres ont été construites sans réglementation, et son audace a valu le coup, puisqu’elles sont désormais des monuments historiques.
La folie architecturale de l’habitologue touchait profondément Pierre Cardin : : « Ce palais accroché à la roche de l’Estérel est devenu mon coin de paradis ». Mais alors, qu’est-ce que ce paradis de 1200 m2 a-t-il en réserve ?
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1200 m2 de bulles
À l’époque, cette création atypique à 2H de Marseille émerveillait peu de monde. Personne ne voulait l’acheter. Vous l’avez compris, Pierre Cardin est le second personnage principal de cette histoire, car le couturier en est devenu le propriétaire en payant une somme dérisoire.
Mais l’histoire de cette construction toute ronde ne s’arrête pas là. Dès 1995, elle est classée à l’inventaire des monuments historiques. En 2016, deux ans après la mort de l’habitologue qui l’a créée, elle est totalement rénovée. Coup de théâtre : le Palais Bulle devient l’un des biens immobiliers les plus chers d’Europe, avec 400 millions d’euros au compteur ! Si votre porte-monnaie le permet, sachez que vous pouvez louer le Palais Bulle, tel que le fait la Maison Cardin pour des événements.
En louant cette construction fantastique, vous aurez évidemment accès au mobilier ; construit sur mesure. Antti Lovag jugeait que le mobilier dans les habitations était quasi parasitaire. Alors il a conçu des meubles rétractables ou modulables, afin que l’habitant soit véritablement le maître de son espace. L’habitologue nomma donc ses créations des « meubles-espaces », qui se déplacent et se déploient. Le Palais Bulle ne se définit donc pas uniquement par ses hublots, car il détient des meubles absolument uniques au monde ! De même, certains hublots peuvent s’imbriquer les uns aux autres, pour créer des terrasses lumineuses. Le Palais Bulle est une construction qui se transforme : est-ce pour cette raison qu’on peut la comparer à la maison des Barbapapa ?
Chez les Barbapapa ?
Il serait tentant d’affirmer que cette construction insolite de la Côte d’Azur a inspiré le créateur des Barbapapa. Pourtant, ça n’est pas le cas ! Ces 1200 m2 de bulles partagent certes une ressemblance avec la maison de ces bonhommes, mais rien d’autre. La différence repose sur une nuance de courants architecturaux. De fait, Antti Lovag appartenait au courant de l’architecture organique. Ce type d’architecture repose sur l’harmonie entre l’habitat humain et la nature : ce qui se constate totalement avec le Palais Bulle. On dit néanmoins d’Antti Lovag qu’il est le précurseur de l’architecture Blob, ou « blobitecture ». Vous l’avez deviné : la maison des Barbapapa appartient à ce mouvement ; qui ne serait pas né sans les idées farfelues et inventives de monsieur Lovag. En plus, avec l’architecture organique, les constructions ne sont pas forcément rondes ou arrondies, avec la « blobitecture », si.
Quant au Palais Bulle, nous devrons nous contenter des photographies, car il ne se visite pas. Mais ne soyez pas déçus : une maison Bulle miniature, créée aussi par Antti Lovag, est accessible aux visites guidées ! Retrouvez toutes les informations nécessaires sur le site de la Maison Bernard. Malheureusement, la maison des Barbapapa ne nous est pas encore accessible, dommage !
Palais Bulle, 33, boulevard de l’Estérel – 06590 Théoule-sur-Mer
Maison Bernard, Port-la-Galère, 06590 Théoule-sur-Mer, France
2H via A8 depuis Marseille
Photo à la une : Le Palais Bulle © Pierre Adenis, conception Andrea Eschbach et @dronemyself
A.G