Ce somptueux parc marseillais immortalisé par Marcel Pagnol abrite un château, une roseraie et même un jardin japonais

Après avoir profité des plages du Prado ou arpenté l’impressionnante Corniche Kennedy, vient le moment de se reposer, idéalement dans un cadre verdoyant. Et quoi de mieux qu’un parc labellisé “Jardin remarquable” pour cela ?

Un tour du monde de couleurs, de senteurs et d’ambiances

Historiquement associé au château Borély et hippodrome-golf Marseille Borély, le parc Borély est assurément le plus fréquenté des parcs marseillais… et une simple déambulation dans ses allées nous fait vite comprendre pourquoi. Ce parc de 17 hectares est en réalité un assemblage de jardins de différents styles : on y trouve notamment un jardin à la française, un jardin anglais, une roseraie et le jardin botanique Édouard Marie Heckel, du nom de son fondateur, qui se décline en plusieurs jardins à thème dont un jardin traditionnel chinois offert par la ville de Shanghai, un jardin japonais, un jardin de simples ou encore plusieurs serres. Situé face à la bastide, le jardin à la française est constitué de deux tapis verts comportant, en leur centre, un bassin rectangulaire, séparés par un bassin circulaire. De quoi faire le bonheur des joggers et des promeneurs, tout comme celui des photographes grâce à la perspective qui s’achève sur la terrasse du château. Riche d’une atmosphère plus romantique, la partie anglaise est un petit paradis qu’il fait bon arpenter à pied ou en vélo, à travers les petits ponts en bois et les vastes clairières. L’occasion également d’admirer une statue de Diane ou une cascade en rocaille, où se trouve la sculpture de Jean Michel Folon, “l’Homme aux oiseaux”. Après un déluge de senteurs dans la roseraie, étendue sur 5 000 m² et composée de plus de 1 200 variétés de roses, le jardin botanique est une suite logique dans la découverte de ce parc : simples, plantes grimpantes, parfums méditerranéens, tropicarium ou serre consacrée aux végétaux d’Afrique du Sud… le dépaysement est total !

L’Homme aux Oiseaux, sculpture de Jean Michel Folon © Flickr

Un domaine devenu l’une des plus belles promenades de Marseille

En plein cœur du parc, une imposante silhouette trône parmi ses charmants espaces : le château Borély. Construite au XVIIIe siècle par un riche négociant qui lui a donné son nom, la bâtisse n’a pas d’égal dans la ville. Une volonté de son premier propriétaire qui voulait en faire la plus belle et la plus riche des bastides du terroir marseillais. Fils cadet de Joseph Borély, qui acheta ce domaine avec vue sur la mer Méditerranée, les îles du Frioul, et le château d’If, c’est à Louis Borély que l’on doit l’édification de ce somptueux château. Sous la supervision de l’architecte local Marie-Joseph Peyre (directeur des bâtiments du roi), un château de trois niveaux voit alors le jour, flanqué de deux pavillons, d’une vaste cour, avec de nombreuses pièces très richement décorées et meublées et d’une remarquable chapelle privée en marbre. En contrebas de l’escalier monumental, le “bassin de France”, orné de deux griffons et d’une sculpture, rappelle la participation de la famille Borély dans le creusement du canal de Suez. Racheté par la municipalité en 1856, en même temps que le domaine, le château est un témoin privilégié de la naissance du parc à la fin du XIXe siècle. Depuis 2013, le bâtiment accueille le Musée des Arts décoratifs, de la Faïence et de la Mode, un espace qui associe histoire du lieu, art de vivre au XVIIIe siècle dans une bastide, arts décoratifs et faïence de cette période et œuvres plus contemporaines. Auparavant exposée dans l’ancien musée de la Mode sur la Canebière, la collection “mode” du château Borély réunit quant à elle plus de 10 000 pièces différentes.

Vue du jardin à la française depuis le château © Media Raw Stock

Terrain historique pour l’inspiration et la passion du sport

Lieu idéal pour une sortie en famille grâce à ses deux aires de jeux, sa buvette, son restaurant, ou encore la possibilité de louer des cycles et des rosalies, mais aussi des barques pour naviguer sur le plan d’eau, le Parc Borély n’est pas le parc le plus fréquenté de Marseille pour rien. Il faut dire que même Marcel Pagnol a cité à de nombreuses reprises l’endroit dans ses romans. Dans les chapitres 7 et 8 de l’autobiographique La Gloire de mon père, c’est ici que sa tante Rose l’y emmène, les jeudis et dimanches, et qu’il joue au bord de l’étang pendant que sa tante tricote sur un banc. C’est lors d’une de ces visites que Rose fait la connaissance du futur “oncle Jules”, qui se fait passer auprès de Marcel pour “le richissime propriétaire du parc Borély”. Décor récurrent de la célèbre série Plus Belle la Vie, le parc Borély a aussi su capter l’attention de grands événements sportifs. Que ce soit l’arrivée d’étapes du Tour de France en 1903 ou 1919, la première quinzaine de l’aviation en 1910 ou le Grand Prix automobile de Marseille entre les années 1930 et 1950, le parc Borély est aussi cher au cœur des Marseillais pour un rendez-vous incontournable. Depuis 1962, il accueille en effet le mondial La Marseillaise à pétanque, la plus importante compétition de pétanque du monde, qui réunit chaque année près de 13000 joueurs venus de toute la France et de tous les pays du monde. Un événement qui, au-delà de la compétition, vient confirmer que le parc Borély est définitivement l’un des endroits les plus fascinants de la cité phocéenne.