Saviez-vous qu’une pyramide qui abrite bien des secrets se cache en plein cœur de Marseille ?
Il y a 11 ans, Marseille avait l’ honneur d’être nommée Capitale Européenne de la Culture. Une distinction qui a permis à la cité phocéenne de s’enrichir de nombreux projets architecturaux sur l’ensemble du territoire métropolitain, mais aussi une manière de célébrer le riche patrimoine de cette ville portuaire historique. Musées, basilique, abbayes ou encore villas sublimes, les monuments remarquables ne manquent pas… Mais saviez-vous que l’on y trouvait également une pyramide comme tout droit venue du temps des pharaons ?
Une pyramide marquée par un drame familial et un roi déchu
Situé derrière le magasin Décathlon Bonneveine, au bout de l’allée Emmanuel Chabrier, l’édifice en question ne se dévoile pas si facilement, puisqu’il faut fouiller un peu avant de pouvoir l’admirer. D’autant plus qu’il est en partie recouvert d’arbustes, du fait d’être à l’abandon depuis plusieurs années. Si celle-ci n’a rien à voir avec un pharaon, cela fait tout de même près de 200 ans que cette pyramide trône là. Elle fut construite en 1809 par Dominique Bastide, un riche négociant marseillais et futur propriétaire du château du Roy d’Espagne. D’ailleurs, la pyramide est un des derniers vestiges de la propriété portant le même nom. Lorsque Napoléon détrôna Charles IV, suzerain d’Espagne, pour assurer son blocus contre l’Angleterre, le roi déchu fût placé dans le château du Roy d’Espagne, de 1808 à 1812, après que Dominique Bastide ait quitté les lieux pour raisons familiales et financières. Après avoir séjourné dans les châteaux de Chambord et de Compiègne, dont il n’appréciait pas la rudesse du climat, Charles IV opta pour la propriété bâtie par Dominique Bastide à Marseille. Selon la légende, le roi déchu passait son temps libre à chasser les cailles et à jouer du violon. Le dimanche, il invitait même les villageois des alentours à venir faire la fête et danser, ce qui explique pourquoi les Marseillais restent attachés à cette pyramide. Une demeure qui ne survivra pas aux dynamites de l’armée allemande en août 1944, à l’heure où les troupes américaines entrent dans Marseille. Outre la pyramide, le mur d’enceinte situé entre la montagne de l’Aigle et le vallon de la Jarre est l’autre grand survivant de cette destruction.
Un édifice étonnant… et possiblement hanté ?
Si la construction d’une pyramide a de quoi surprendre à cette époque et dans un tel cadre, il faut savoir que son architecture semble s’inspirer d’un autre monument funéraire : la pyramide de Cestius à Rome, construite entre 18 et 12 avant Jésus-Christ. Mesurant 6 mètres de haut, cette pyramide marseillaise est construite à partir de pierres de calcaire. En plus de suivre la mode de l’époque initiée par la campagne de Napoléon en Égypte, Dominique Bastide l’a surtout fait édifier pour accueillir la dépouille de son fils, Camille Georges, décédé à l’âge de deux ans. Plus tard, la pyramide accueillera également le corps de sa femme. Aujourd’hui, la pyramide est vide, et ce depuis que les deux dépouilles ont été transférées au cimetière Saint-Charles. Vidée et condamnée depuis, il n’est donc plus possible de pénétrer à l’intérieur de cette pyramide. Seul monument historique du quartier, la pyramide du Roy d’Espagne est un édifice dont on aime narrer l’histoire pour informer et sensibiliser le public, mais aussi pour le préserver. Plusieurs initiatives citoyennes pour la rénover ont été proposées au fil du temps, sans avancée majeure jusqu’à présent. Sans doute à cause des histoires surnaturelles qui hantent le lieu : certains racontent en effet avoir vu la Dame Blanche, ou des ombres…
La principale curiosité d’un quartier fascinant de Marseille
Que cela soit vrai ou non, cela n’a pas empêché de voir le Parc du Roy d’Espagne sortir de terre entre 1959 et la fin des années 70. Précision importante : il ne s’agit pas d’un espace vert mais bel et bien d’un ensemble résidentiel comptant pas moins de 1864 logements répartis entre des immeubles, des maisons, des tours plus ou moins hautes, de nombreux équipements collectifs (chapelle, crèche, écoles, maison de retraite, terrains de sports, centre médical) et une quinzaine de commerces. Ce village de verdure de 60 hectares est une véritable petite ville nichée entre La Vieille Chapelle, Bonneveine et Mazargues. Quartier récent, bien que bâti sur un terrain originel de 160 hectares, le Roy d’Espagne possède une situation atypique puisqu’il se trouve à cheval entre les 8ème et 9ème arrondissements. Outre la pyramide, le quartier regorge de curiosités, comme la ferme pédagogique du Roy d’Espagne, une ferme urbaine qui propose des ventes de fruits, légumes, œufs et produits transformés ainsi que des animations autour des différentes activités de la ferme. Une bonne raison de plus de s’aventurer dans ce vaste patrimoine architectural du XXe siècle qu’est le Parc du Roy d’Espagne, classé par le ministère de la culture, par l’ONF et aussi en tant que zone d’adhésion au Parc national des calanques.
Pyramide du Roy d’Espagne
Allée Yvon Morandat
13008 Marseille
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Image à la une : Pyramide du Roy d’Espagne © Raphael Couloud