Depuis toujours, Pigalle est considéré comme le quartier chaud de Paris. Dès la fin du 19ème siècle, c’est dans ce quartier que s’installent maisons closes, bordels ou autres hôtels de passes. Et c’est ici que les clients se cachent pour consommer alcools, drogues et prostituées. Après la Seconde Guerre Mondiale, en 1947, une loi fait interdire les maisons closes. Elles ferment leur porte l’une après l’autre, les prostituées prennent alors quartier dans les hôtels de passe et les bars.
Puis c’est au tour de ces nouvelles maisons du sexe d’être poursuivies pour proxénétisme. Si l’on peut facilement croire que les magasins bios et les bars branchés ont remplacé les sex-shops et les bars à hôtesses à Pigalle, le quartier reste malgré tout le haut-lieu du sexe à Paris : sex-shops, cinés pornos, mais aussi bars à hôtesses. Mais que s’y passe-t-il vraiment ? Sont-ils en voie de disparition ou plus vivants que jamais ? Paris ZigZag s’y est aventuré…
De la prostitution déguisée
Combien reste-t-il de bars à hôtesses à Pigalle ? Après la guerre, en 1945, on pouvait compter une cinquantaine de bars, rien qu’entre Pigalle et Blanche. Aujourd’hui, il n’en reste que… trois ! Trois bars tendancieux dans lesquels ont lieu chaque jour des choses pas très catholiques… Car effectivement, si officiellement, dans les bars à hôtesses tout acte sexuel est strictement interdit, les fameuses hôtesses n’hésitent clairement pas à ouvrir la braguette de leurs clients, à condition, bien sûr, que ces messieurs leur glissent quelques gros billets dans la bretelle du soutien-gorge.
Mais avant, c’est le “flirt amoureux” qui entre en jeu : sourires, discussions, petites caresses, baisers, compliments… L’hôtesse se doit de flatter et d’être à l’écoute de son client. En échange, le client consomme et offre des verres à sa “bien-aimée” d’un soir. Les prix des consos peuvent très vite grimper (plus de 50 euros le verre par exemple) sur lesquels l’hôtesse ne touche que 15 à 20%. Si le client achète une grosse bouteille, autour de 200 euros, l’hôtesse peut alors lui proposer une partie de jambes en l’air (moyennant quelques billets supplémentaires). C’est de la prostitution déguisée.
Une arnaque pour les clients ?
En général, les clients sont rarement des habitués. Ce sont des provinciaux de plus de 50 ans, de passage qui veulent goûter aux plaisirs de Pigalle et qui se font souvent entuber. Selon Jean-Pascal, bordelais, “le but est de simplement nous faire consommer des boissons et voilà. Les filles viennent te chauffer pour te faire consommer des bouteilles ultra-chères et tu n’obtiens même pas forcément ce pour quoi tu es venu à la base…”.
Et oui, car pour coucher, il faut payer très cher, car les filles prennent un gros risque. Les derniers bars à hôtesses parisiens sont surveillés de très près : si une hôtesse se fait surprendre avec un client après la fermeture du bar, l’endroit peut fermer et être poursuivi pour proxénétisme. Officiellement, l’hôtesse accompagne seulement le client pour boire un coup, mais il n’aura pas le droit de la toucher.
Pigalle restera toujours Pigalle
Le fameux refrain que nous chantait Serge Lama dans les années 70 “je m’en vais voir les petites femmes de Pigalle, toutes les nuits j’effeuille les fleurs du mal”, n’est donc plus vraiment d’actualité. Oui, les bars à hôtesses sont en voie de disparition. Mais cela n’empêche pas au quartier de conserver son âme. Même si, ici, les lieux branchés où se pressent les hispters poussent comme des champignons, de nouveaux lieux dédiés au sexe font eux aussi leur apparition depuis quelques années : peep shows à l’américaine (strip tease), sex shops qui se développent de plus en plus en love stores ou love hôtels, bars échangistes… Oui, Pigalle restera toujours Pigalle.