Glamour, drôle et touchant, le Cabaret Canaille joue les prolongations au théâtre Michel le dimanche soir
L’histoire des cabarets à Paris débute à la fin du XIXe siècle à Montmartre avec les mythiques Chat Noir et Moulin Rouge. Depuis, ces établissements de fête et d’expression artistiques sont devenus un élément indissociable de la capitale. En cette fin d’année synonyme d’amusement, quelle meilleure idée que d’aller s’encanailler dans le 8ème arrondissement, au Théâtre Michel, à la découverte d’un spectacle haut en couleurs qui raconte l’art burlesque.
L’histoire mouvementée du burlesque derrière les plumes et paillettes
Pour ce nouveau spectacle démarré en octobre dernier, la troupe du Cabaret Canaille de Valentina Del Pearls a arrêté sa machine à voyager dans le temps dans les années 1920 à 1940, pour raconter avec fantaisie l’Âge d’Or du Burlesque américain et de ses effeuilleuses érigées au rang de star. Chaque dimanche, ce cabaret burlesque, drôle et beau, met en scène des femmes jouant de leurs formes avec glamour et second degré. Terme emprunté par les américains pour désigner des spectacles coquins inspirés des cabarets parisiens, le burlesque connut ses heures de gloire à la fin du XIXe siècle dans les “side-shows” des cirques ambulants, puis entre les années 20 et 60 avec le règne de la pin-up.
Cependant, l’histoire du cabaret burlesque n’est pas de tout repos. Les lois de la Prohibition, la censure puis l’avénement de la pornographie le font tomber petit à petit en désuétude. Il faut finalement attendre les années 90 pour qu’il soit remis au goût du jour dans les années sous le nom de “New Burlesque” ou “Neo Burlesque”, devenant même un art pluriel et féministe avec des performances comiques, poétiques ou engagées. Un chapitre essentiel dans l’histoire du cabaret burlesque, que l’on retrouve également chez Canaille : derrière les plumes et les paillettes, c’est aussi l’histoire d’une désobéissance féminine. Ou comment des lois de la Prohibition, la censure et surtout les moyens de la contourner façonnèrent cet ancêtre du strip-tease élevé au rang d’art.
“En créant Cabaret Canaille, j’ai voulu proposer un voyage rétro et esthétique infusé de petits rappels historiques pour rendre hommage à ces filles qui ont ouvert la voie, non sans mal, à un art scénique des plus libres et des plus joyeux” explique Valentina Del Pearls, metteuse en scène et membre de la distribution. Dans le burlesque, la clé est de suggérer plutôt que tout montrer, et c’est exactement ce que parvient à faire le Cabaret Canaille, dans un show à l’esthétique rétro qui met en scène des femmes, mais également aujourd’hui des hommes, jouant de leurs formes avec glamour et second degré et sans aucune forme de vulgarité.
Un spectacle à ne pas manquer, d’autant plus qu’il s’agit d’une expérience qui se vit… dès l’entrée. D’emblée en arrivant au théâtre, le public est plongé dans l’atmosphère de l’époque, que ce soit dans un couloir mystérieux ou autour d’un verre dans le foyer. Ouvrir les yeux et les oreilles, se laisser guider… il fait bon d’être une canaille. “Comme beaucoup, je suis tombée dans l’effeuillage burlesque pour la folie douce, la liberté des corps et la sophistication des costumes mais ce n’est que bien plus tard que je me suis intéressée aux racines du mouvement, à son Histoire et à ses icônes.” ajoute Valentina Del Pearls. Direction donc le Théâtre Michel pour capter l’essence de l’esprit du spectacle, la liberté, l’indépendance et l’audace des femmes qui ont façonné l’histoire du burlesque dans un show qui joue, en plus, la carte des prolongations.
