
Il y a 80 ans jour pour jour, l’armée soviétique entrait dans le camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau, en Pologne, et découvrait ce que la Seconde Guerre mondiale avait dissimulé aux yeux du monde entier : l’intolérable cruauté des camps. Là où près d’un million de juifs y sont morts entre 1940 et 1945.
Échanger et ne pas oublier au mémorial de la Shoah de Paris
Tandis qu’Emmanuel Macron est attendu en Pologne pour un hommage international à l’entrée de l’ancien camp de la mort aux côtés d’une cinquantaine de dirigeants, les hommages ont déjà commencé, notamment au Mémorial de la Shoah, à Paris. C’est sous un chapiteau, installé autour du Mémorial pour l’occasion, que la cérémonie d’hommage aux 80 ans de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau a eu lieu ce lundi, avec une prise de parole d’Éric de Rothschild, président du Mémorial, pour commencer. S’en est suivie une lecture aux déportés de la part de l’acteur Jacques Weber.
Survivante des crimes nazis, Esther Sénot a adressé une lettre à la jeunesse lors d’une conférence au Mémorial de la Shoah. Avec Ginette Kolinka, qui a elle aussi connu ce camp, elles ont souligné l’importance du devoir de mémoire. pic.twitter.com/JmF8CrT8qX
— Brut FR (@brutofficiel) January 27, 2025
Au premier rang étaient installés des rescapés des camps d’Auschwitz-Birkenau, comme Esther Senot, déportée à l’âge de 15 ans et aujourd’hui âgée de 97 ans. Une survivante qui a d’ailleurs rappelé l’importance de ce devoir de mémoire : “On a une chance que ça a eu lieu parce que, pendant des années, on a été complètement ignorés. Ces cérémonies officielles sont les bienvenues pour les jeunes, qu’ils écoutent ce qu’il nous est arrivé pour qu’on ne soit pas les oubliés de l’Histoire”. Une déclaration effectuée devant Anne Hidalgo, la ministre de l’Éducation nationale Élisabeth Borne, la ministre de la Culture Rachida Dati et les ambassadeurs de la mémoire, à savoir 120 lycéens qui ont pu échanger avec les rescapés des camps dans la matinée.
Un mémorial inauguré à Lyon
En cette Journée de la mémoire de l’Holocauste et de la prévention des crimes contre l’Humanité, d’autres gestes forts ont eu lieu en France pour ne pas oublier ce drame. Pensée par deux architectes parisiens, Quentin Blaising et Alicia Borchardt, une oeuvre intitulée “Les rails de la mémoire” a par exemple été installée ce dimanche 26 janvier sur une place proche de la gare Perrache de Lyon. Un lieu emblématique de la ville mais ô combien symbolique puisque c’est d’ici que sont partis de nombreux convois vers les camps de la mort. L’œuvre est ainsi constituée de 1173 mètres de rails de chemin de fer, pour symboliser les 1173 km séparant Lyon de l’ancien camp d’Auschwitz, où un million de juifs ont été assassinés par l’Allemagne nazie.
Inauguration d’un mémorial de la Shoah à Lyon devant une foule nombreuse : cette sculpture monumentale de rails empilés, comme autant de destins brisés par la déportation, est installée au cœur de la ville, à 2 pas de la gare de Perrache d’où partirent 6100 Juifs de la région. pic.twitter.com/5lfmuFduFV
— Fondation pour la Mémoire de la Shoah (@Fondation_Shoah) January 26, 2025
Ne se limitant pas seulement à évoquer la mémoire des “6100 hommes, femmes et enfants de notre région exterminés pour le seul motif qu’ils étaient juifs”, selon Jean-Olivier Viout, président de l’Association pour l’édification d’un mémorial de la Shoah à Lyon, ce monument rend plus largement hommage aux six millions de victimes de la Shoah. Face au “sentiment d’horreur et de perte irréversible”, ce nouveau mémorial s’adresse d’abord “au sensible” et “frappe notre conscience”, a expliqué le maire de Lyon, Grégory Doucet, en saluant également son prédécesseur, Gérard Collomb, décédé en 2023 et “sans la volonté de qui rien de cela n’aurait pu aboutir”.
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Image à la une : Mémorial de la Shoah © Adobe Stock