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Bodyguard, Grease ou encore Dirty Dancing… L’exercice de revisiter un classique du cinéma en comédie musicale peut se révéler être aussi excitant que risqué, notamment quand le film en question fait partie de ce que l’on peut appeler “une œuvre culte”. En cette fin d’année, c’est un long-métrage qui avait secoué le public français dans les années 90 qui revient à La Seine Musicale avec des messages toujours plus forts…
Une œuvre nouvelle dans la forme…
Trente ans après avoir décroché le César du meilleur film, Mathieu Kassovitz a pris le pari de revisiter sur scène son long-métrage culte, La Haine, dans un spectacle mêlant danse hip-hop, rap et théâtre. Annoncé comme ambitieux et inédit, La Haine – Jusqu’ici rien n’a changé est une comédie musicale pleine de surprises au message toujours aussi politique. Depuis octobre dernier, cette adaptation se joue à La Seine musicale (Boulogne-Billancourt), et ce jusqu’au 5 janvier prochain, avant une tournée en France jusqu’en juin 2025.
L’occasion de suivre le récit de trois jeunes, qui se retrouvent confrontés malgré eux aux réalités économiques, sociales et politiques de la banlieue parisienne. L’histoire se déroule après la mort d’un garçon dans un commissariat, provoquant des émeutes dans une cité. Le temps d’une nuit et un aller-retour à Paris, ces trois amis que sont Vinz, Saïd et Hubert vont être confrontés aux thèmes de la violence et de l’exclusion sociale. L’occasion de retrouver les scènes cultes du film de 1995, comme celle des merguez sur le toit du HLM ou du monologue de Vinz face à son miroir façon Robert de Niro dans Taxi Driver, le tout à travers une douzaine de tableaux joués, rappés et dansés.
Mais toujours aussi vraie dans le fond
Comme le souligne le sous-titre du spectacle, “Jusqu’ici rien n’a changé”, les thèmes du film sont toujours omniprésents dans l’actualité : les bavures policières, la réponse violente des émeutes urbaines, le sentiment d’exclusion des populations en périphérie, et celui du déclassement des fonctionnaires de police. Et si le film de 1995 avait marqué les esprits par sa mise en scène en noir et blanc, cette adaptation scénique a une fois de plus inspiré Mathieu Kassovitz. En utilisant des dispositifs scéniques innovants, le metteur en scène a imaginé quatorze tableaux inspirés du film, mêlant projections vidéos, décors et performances des comédiens. Une mise en scène innovante accompagnée d’une bande originale qui crée ainsi un lien entre les années 90 et aujourd’hui.
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En complément des dialogues, les chansons viennent cette fois faire avancer, pour permettre aux personnages d’exprimer leurs sentiments et leur point de vue. Aux manettes de la mise en musique, le producteur Proof fait la part belle au rap, genre musical émergent il y a trente ans et aujourd’hui dominant, avec quelques incursions dans l’électronique et le symphonique. Pour cette comédie musicale, Mathieu Kassovitz a pu compter sur du beau monde : le chanteur et musicien Matthieu Chedid ainsi que les rappeurs Youssoupha, Médine, Akhenaton, Oxmo Puccino et Tunisiano, sans oublier quelques figures de la nouvelle garde rap comme Doria, Jyeuhair, Nahir et Benjamin Epps. Si un album compilant ces chansons écrites sur mesure est d’ores et déjà disponible depuis le 11 octobre, il n’est pas encore trop tard pour (re)découvrir cette œuvre puissante et intemporelle qu’est La Haine, que ce soit à La Seine Musicale ou en France.
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Image à la une : La Haine – Jusqu’ici rien n’a changé © AFP
