Vous doutez-vous que Paris pourrait bientôt devenir une piste cyclable géante ?

Paris est une ville qui se traverse en transports en commun, ou à pied : c’est une phrase qu’on entend toujours, et une phrase qu’on répète à tous ceux qui comptent découvrir la Ville Lumière. Pourtant, les choses changent, autant pour les automobilistes, que pour les cyclistes. Et si Paris devenait le prochain Amsterdam ? Certains crieraient à l’utopie, d’autre, à l’avenir…

Bientôt à Paris

Le branle bat de combat a débuté il y a 10 ans, en 2015. Encore aujourd’hui, ce projet – qui se dessine peu à peu dans les rues parisiennes – se nomme « Le plan vélo ». En 2015, l’objectif était clair : doubler le réseau cyclable de 700 km à 1400 km. Ce « plan vélo » était estimé à 150 millions d’euros. Il était question de redessiner les grands axes parisiens qui, au XIXème siècle, sous le Baron Haussmann, n’ont jamais été pensés pour accueillir les deux-roues. Par ailleurs, beaucoup se plaignent déjà de la circulation à Paris, alors y ajouter deux fois plus de pistes cyclables, cela sonnait déjà comme un affront pour les Parisiens. Mais alors, dix ans plus tard, qu’en est-il ? Le « plan vélo » a-t-il donné tort ou raison à ses détracteurs ?

Piste cyclable géante

Il semblerait que la réponse ne soit pas aussi nette, car le « plan vélo » a vécu des métamorphoses. Un « nouveau plan, 2021-2026 » a été pensé, pour continuer d’accroître les pistes sur l’ensemble de la capitale. Le budget a augmenté, avec 250 millions d’euros investis.

Il s’avère néanmoins que les 1400 km de pistes cyclables n’ont pas encore été atteints en 2021, où on comptait 1000 km d’aménagements. N’oublions pas que le confinement est passé par là : une pause significative, qui a relégué à l’avenir notre « Paris piste cyclable ». Bien évidemment, on cherche constamment à sécuriser ces pistes, parfois accidentogènes. Or, tous les efforts de ce « nouveau plan » ont connu un énième coup dur : il y a à peine un an, on ne parlait que de ça : le budget a été gelé. Il a d’ailleurs été longtemps question de tirer un trait sur ces ambitions trop onéreuses. Finalement, il n’y aura eu qu’une baisse de 23% du budget en 2025. Le « nouveau plan vélo » tient bon, mais pour combien de temps ? La question se pose, car les critiques vont bon train, malgré la superbe promesse environnementale qu’elle incarne. Une ville comme Paris, cyclable, c’est la promesse d’une meilleure qualité de l’air et de déplacements facilités, sans davantage de pollution. Le long des quais de Seine, c’est déjà le cas. Cependant, la sécurité est au cœur du débat, et pour des raisons vérifiables : il y a encore bien trop de morts.

Un plan en devenir

Selon ce sondage de la Fondation Vinci Autoroute, c’est encore en France que le sentiment d’insécurité à vélo est le plus fort. Comptez simplement 59% des Français rassurés par les pistes cyclables dans le pays (alors, imaginez Paris). En comparaison, les Néerlandais arrivent à 93% de satisfaction. De même, le nombre de cyclistes tués augmente : et nous avons tous déjà entendu au moins une histoire tragique, surtout en plein cœur de Paris. La dernière en date remonte au mois d’octobre 2024, où, Paul Varry, cycliste passionné de 27 ans, s’est fait écraser par un SUV. Les rapports d’enquête évoquent même un acte « volontaire ».

Ce « nouveau plan vélo » est aussi critiqué, car il ne met pas avant les tensions évidentes qui naissent entre les automobilistes, les cyclistes, et parfois les piétons. Constamment, le code de la route est mis à mal, que ce soit dans un camp, comme dans l’autre. Les « violences motorisées » ne sont pas les seules en causes. Depuis l’aménagement des pistes cyclables, les embouteillages augmentent. Le fait est que cette « cohabitation » n’est pas une habitude. Alors, les tensions et les accidents augmentent, malgré l’attention de ceux qui cherchent à bien faire. C’est connu : l’on entend toujours parler des extrêmes, et moins de ce qui fonctionne.

Il est possible d’avancer que le « vélo à Paris » est aussi une affaire culturelle. Même si le projet prend du temps et avance difficilement, il faudrait peut-être que les points de vue vivent aussi une métamorphose, et se mettent à la carte. Les Néerlandais naissent depuis des décennies avec le vélo au cœur de leurs villes.

« Le plan vélo » devrait certainement changer d’axe et d’objectif, mais accorder tous les partis n’est pas une mince affaire. Qui sait, à l’horizon 2030, Paris sera peut-être enfin une piste cyclable géante… Mais la paix n’est pas encore d’actualité.