Plus de deux ans après le refus catégorique de sa démolition par l’architecte des Bâtiments de France Samanta Deruvo, le portail de l’Hôtel Raoul, vestige du XVIIe siècle, est aujourd’hui laissé à l’abandon. Toujours propriété des héritiers de Jean-Louis Raoul et véritable fardeau pour ces derniers, il est au cœur d’un véritable casse-tête administratif.
Casse-tête administratif et délabrement total pour ce vestige du XVIIe siècle
Le portail de Jean-Louis Raoul détonne dans cette rue où les édifices sont parfaitement conservés. Bien en évidence, à la limite du trottoir, il est dans un état de délabrement tel qu’on se demande comment il tient encore debout. Ce monsieur Raoul était un industriel fabriquant des limes qui a racheté, en 1810, un hôtel particulier déjà existant à l’endroit où se trouve désormais le portail, au numéro 6 de la rue Beautreillis.
Ce vestige, conservé au moment de la destruction de l’hôtel en 1959, date donc de 1810 au moins, mais peut également être beaucoup plus vieux : un premier hôtel a été construit là aux alentours de 1605 ! Les archives nous disent qu’il a agrandi la bâtisse et l’a réaménagée à sa guise pour qu’il puisse accueillir ses ateliers, mais on ignore si ce portail existait déjà. Le nouvel arrivant peut avoir adapté le fronton de l’ancien portail ou avoir simplement remplacé le précédent pour créer le sien, surmonté de son nom.
Délabré, en mauvais état et tagué à de nombreuses reprises, son ravalement a récemment été estimé à 350 000 €, raison pour laquelle il est indésirable à la fois auprès de la Ville de Paris, qu’auprès de la copropriété, qui a refusé son rachat pour un euro symbolique. Chargé d’histoire, ce bout d’édifice est désormais protégé par le plan de sauvegarde du Marais, mais n’est pas inscrit aux monuments historiques, il ne dispose donc pas du statut juridique nécessaire pour que son entretien soit pris en charge par l’État, au grand dam de ceux qui luttent pour sa restauration.
La situation étant donc bloquée, on ne sait ce qu’il adviendra du portail…
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