Face à l’École, le Musée du Louvre. À sa gauche, le musée d’Orsay. À sa droite, l’Institut de France. Dans les rues adjacentes, des dizaines de galeries d’art. Aucun doute, nous sommes bien au cœur du quartier des artistes et la vénérable École des Beaux-arts en est l’une des plus influentes institutions. On vous fait découvrir cet immense ensemble de bâtiments hétéroclites qui s’étale sur près de deux hectares dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés.
Au-dessus de l’entrée principale du numéro 14 de la rue Bonaparte, les bustes du sculpteur Pierre Puget et du peintre Nicolas Poussin, tous les deux représentants de l’art français classique, trônent fièrement. Le ton est donné. Ici, l’art s’apprend à partir des trésors artistiques et architecturaux réalisés par les maîtres du passé. Chaque bout de mur et chaque œuvre exposée semblent converger vers un but unique : donner à voir les différentes pratiques artistiques, les différents styles et époques.
Donner un lieu à l’apprentissage de l’art français
Sous la Restauration, en 1817, il est décidé de donner des murs à l’Académie Royale des Beaux-Arts, jusque-là précairement installée dans le Collège des Quatre-Nations (aujourd’hui siège de l’Institut de France). Un décret royal attribue à l’institution les locaux de l’ancien Musée des monuments français, lui-même établi en lieu et place du couvent des Petits-Augustins de 1795 à 1816. De ce couvent fondé par Marguerite de Valois, la Chapelle des louanges et la Cour du mûrier en sont les derniers souvenirs.
Les travaux démarrent en 1820 sous la direction de François Debret. Le bâtiment des Loges, à gauche du Palais des Études, est le premier à sortir de terre en 1824. Il est aujourd’hui entièrement dédié aux enseignements artistiques, grâce à des ateliers ou des salles de classe. Conservée telle quelle, la chapelle devient quant à elle un dépôt où des copies de sculptures, bas-reliefs et peintures de tous les styles et toutes les époques se côtoient. Cette insolite réserve d’œuvres d’art permet, depuis 200 ans, aux élèves de se former et de forger leur art en copiant des œuvres des maîtres du passé.
L’art antique, un idéal artistique et architectural
En faisant un tour à droite de la chapelle, on découvre une jolie cour ombragée, la cour du Mûrier, ancien cloître du couvent des Petits Augustins qui tient son nom du mûrier importé de Chine pour y être planté. En 1836, l’architecte Félix Duban reconstruit le cloître en le transformant en atrium antique bordé d’arcades et orné d’une fontaine.
Quelques années plus tard, l’architecte complète la décoration de cette jolie cour carrée par des peintures dans le goût pompéien et des moulages des frises du Parthénon. Le tout donne la délicieuse impression de faire un bond en arrière, à l’époque où la méditerranée était le centre névralgique de la culture mondiale.
Et c’est là le point fort du lieu : être parvenu à s’inspirer des plus belles époques artistiques pour créer un univers aussi éclectique que cohérent. Le Palais des Études, le bâtiment le plus imposant de cet ensemble architectural, est à l’image de cette réussite.
Sa façade et sa cour intérieure sont décorées des noms gravés ou des médaillons représentant des artistes de l’Antiquité jusqu’au XVIIe siècle. C’est en 1863 que Duban décide de lui ajouter l’imposante verrière à charpente métallique qui permet au palais de se gorger de lumière dès les premiers rayons de soleil.
Un musée de l’Histoire de l’art autant qu’une école
À l’arrière de la cour intérieure du Palais des Études, nous découvrons un hémicycle d’honneur décoré d’une grande fresque de Paul Delaroche, La Renommée distribuant des couronnes.
Cette peinture achevée en 1841 regroupe les portraits de plusieurs dizaines de peintres, sculpteurs et architectes européens. En son centre, l’architecte Ictinus, le sculpteur Phidias et le peintre Apelle – trois des artistes classiques majeurs de la Grèce antique. Ces derniers sont entourés par quatre femmes symbolisant les quatre périodes les plus fastes de l’art : la Grèce et la Rome antique, le courant gothique du Moyen-âge et la Renaissance. Une ode à l’art qui se révèle par son personnage central, la Renommée, qui lance des lauriers… aux lauréats des concours d’art qui se déroulent dans cet hémicycle.
La bibliothèque d’art Stratis Andréadis, la salle multimédia Karaiossifoglou et la galerie toute en couleur du premier étage termineront de composer cet ensemble architectural qui fait honneur aux beaux-arts.
Les dernières parcelles acquises, celles qui donnent sur le quai Malaquais, l’ont été en 1860 et 1884. Il s’agit du bâtiment Perret, du nom de son architecte, et de l’Hôtel de Chimay, un hôtel particulier datant du XVIIIe siècle. Le premier sert désormais de lieu d’exposition tandis que le second abrite des salles de classe et les locaux de la direction. Car, 200 ans après son ouverture, l’École des Beaux-Arts de Paris continue d’apporter son savoir, son histoire et ses techniques à des dizaines d’artistes en devenir chaque année. Dans un lieu décidément propice à la contemplation.
Informations pratiques :
École Nationale Supérieure des Beaux-Arts – 14 rue Bonaparte, 75006
Métro : St Germain des Prés (ligne 4)
Cyrielle Didier