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Les transports publics gratuits à Paris, une bonne idée  ?

Métro à Paris

Et si les transports publics devenaient gratuits dans la capitale ? La Maire de Paris Anne Hidalgo a annoncé, dans un communiqué diffusé à la presse la semaine dernière, vouloir engager une mission de réflexion et d’étude sur une possible mise en place de la gratuité des transports en commun à Paris. Le principal objectif de cette potentielle mesure vise une amélioration de la qualité de l’air et la protection de la santé des Parisiens grâce au développement des mobilités propres. En quoi consisterait-elle ? Comment serait-elle financée ? On fait le point.

Les prémices d’un projet qui pourrait ne jamais voir le jour

Pour l’heure, nous en sommes à une phase de réflexion préliminaire et rien ne dit que le projet verra le jour. Anne Hidalgo a en effet chargé trois de ses adjoints de conduire « une vaste étude sur le sujet, qui associera des experts français et étrangers ». Il s’agit d’abord d’analyser les exemples existant en France et à travers le monde. Il s’agit également d’évaluer l’existence d’un modèle économique viable. « Rien ne dit aujourd’hui que cela est possible », précise d’ailleurs le communiqué. Pour la maire socialiste de Paris, la question mérite néanmoins « d’être posée, sans a priori et sans dogmatisme ».

Quel financement envisager ?

Si l’objectif de cette mesure est clair, il n’en est pas de même pour les moyens de financement. Comment parvenir à instaurer cette mesure sans que cela ne devienne un gouffre financier ? En région parisienne, 28% du financement du réseau – soit 2,8 milliards d’euros en 2016 – provient de la vente de billets et forfaits Navigo. En cas de gratuité, il faudra donc trouver des financements suffisants pour combler cette perte de revenus. Cela peut passer par une augmentation des impôts locaux des entreprises ou des ménages, une augmentation des prix pour les touristes et les habitants ne relevant pas de cette gratuité ou par une ouverture à la concurrence. Dans une interview accordée à France Bleu Paris le 20 mars dernier, Anne Hidalgo a affirmé envisager un péage à l’entrée de Paris afin de financer la gratuité.

Quels exemples en France ?

À la mi-février, Anne Hidalgo avait jugé « très inspirante » l’idée envisagée par le gouvernement allemand de mettre en place la gratuité des transports dans cinq villes du pays, dont Bonn et Essen. Pourtant, que cela soit à l’échelle nationale ou mondiale, la gratuité des transports est une pratique encore très minoritaire. En France, une trentaine de villes appliquent déjà la gratuité sur une partie ou la totalité de leur réseau. C’est notamment le cas de Niort, plus grosse ville française à avoir mis en place ce projet : depuis 2017, les 120 000 habitants de son agglomération ont accès gratuitement à toutes les lignes de bus.

Et dans le monde ?

Dans le monde, seule la ville de Tallinn, capitale de l’Estonie, propose la gratuité sur l’ensemble de son réseau. Cet exemple, l’un des seuls vraiment probants, va pourtant difficilement pouvoir servir à la ville de Paris, tant la situation au sein de ces deux ensembles urbains est différente. Difficile, en effet, de comparer les 2 millions de Parisiens et 12 millions d’habitants de son agglomération aux 440 000 Tallinnois. L’ensemble de la population estonienne (1,3 million) n’atteint même pas le nombre d’habitants de la seule ville de Paris.

Il convient également de noter que la gratuité mise en place en 2013 dans la capitale estonienne ne concerne que les résidents de Tallinn : les habitants des villes alentours continuent de payer leurs tickets lorsqu’ils empruntent le réseau. C’est cette différenciation entre Tallinnois et résidents périphériques qui permet au projet de rentrer dans ses frais. Depuis 2013, la capitale estonienne a en effet connu une affluence de nouveaux habitants (près de 30 000 en cinq ans), souvent attirés par la gratuité. La perte de recettes correspondant aux ventes de tickets est alors compensée par l’augmentation des taxes perçues suite à l’arrivée de ces nouveaux habitants. À Paris, on envisage difficilement qu’un habitant de banlieue puisse déménager dans la capitale uniquement parce que les transports y sont gratuits. À l’heure du Grand Paris et du Grand Paris Express, on envisage tout aussi difficilement l’acceptation, par les communes, départements et la région ÃŽle-de-France, d’une telle mesure si elle ne concerne que les Parisiens et non les habitants de toute la région.

Aucune ville de la taille de Paris n’ayant encore expérimenté un tel dispositif, l’étude préliminaire demandée par Anne Hidalgo devra donc répondre à de nombreuses problématiques sans exemples concrets sur lesquels s’appuyer. La mission d’étude devrait être lancée d’ici l’été.

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