La Mairie de Paris a déclaré vouloir remodeler la Commission du Vieux Paris, l’institution centenaire dont la mission est de réfléchir à la politique patrimoniale de la ville de Paris, six ans après de houleux débats à ce sujet. L’opposition craint fortement un musellement de l’institution qui rend des avis sur tous les sujets relevant de l’urbanisme dans la capitale.
Pas moins de 300 délibérations en 6 ans
Fondée en 1897, la Commission est à l’origine « chargée de rechercher les vestiges du vieux Paris, de constater leur état actuel, de veiller, dans la mesure possible, à leur conversation, de suivre, au jour le jour, les fouilles qui pourront être entreprises et les transformations jugées indispensables, et d’en conserver des preuves authentiques ». Évidemment, la Commission a évolué depuis et jouit aujourd’hui d’un statut de contre-pouvoir en matière de patrimoine. Sur la période 2014-2020, on ne compte pas moins de 300 délibérations sur les gros projets d’urbanisme de la Ville.
Constituée de 14 élus et environ 40 experts parmi lesquels des architectes, des urbanistes ou des spécialistes du patrimoine choisis par la Mairie, la structure examine surtout les demandes de permis de démolir ou de construire qui pourraient entrainer une atteinte au patrimoine. En 2019 par exemple, elle se mobilisait contre le projet de modernisation de l’Hôtel-Dieu pourtant validée par la Mairie et le qualifiait de « non-sens par rapport à la composition originelle du site », « une horreur architecturale ». Dans le passé, sous le mandat de Bertrand Delanoë, la Commission s’est également opposée à la démolition du célèbre cinéma Le Louxor, de la Samaritaine qui devait être remplacée par un hôtel de luxe, du stade Jean Bouin, ou encore de la fameuse piscine Molitor.
La crainte du musellement de la Commission
Une première fois élue en 2014, Anne Hidalgo avait déjà exprimé son souhait de revoir en profondeur le fonctionnement de la Commission, mais s’était retirée après la levée de boucliers observée chez les écologistes et la droite. Ces derniers ont d’ailleurs prévu de déposer des amendements sur le sujet lors du conseil de Paris qui a lieu ce 15 décembre. En substance, la réforme envisagée par la Mairie de Paris vise avant tout à diminuer le nombre d’experts – qui passeraient ainsi de 40 à 25 – ainsi que leur durée de mandat – de 6 à 3 ans. Marie-Jeanne Dumont exprime à ce sujet son mécontentement, arguant que les mandats longs permettent justement de conserver « la mémoire vivante des dossiers ». Les membres de la commission étant nommés par la mairie, les mandats longs permettent aussi de maximiser le contre-pouvoir, un membre pouvant rester plus longtemps en place en cas de changement de maire. D’ailleurs, traditionnellement, les membres étaient nommés à vie afin de renforcer leur indépendance et ce n’est que depuis 2003 qu’une durée limitée a été imposée.
D’autres opposants à ce sujet soulignent que l’expertise des membres de la Commission porte sur le patrimoine, et non « sur le programme électoral de la Maire… ». En effet, le premier adjoint au maire Emmanuel Grégoire souhaite élargir les travaux de la Commission à de nouveaux enjeux tels que la végétalisation, ce qui fait partie de la politique d’Hidalgo, mais pas du travail de cette commission, selon ses membres.
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