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Pourquoi les “bobos” quittent-ils Paris ?

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La capitale ne fait plus rêver. Pire, ses habitants la fuient ! Parfois désignés sous l’appellation floue et péjorative de « bobo », de plus en plus de Parisiens exprimeraient une forme de malaise urbain : près de 80% des cadres souhaiteraient ainsi quitter notre capitale pour s’établir en province. Un mouvement de fuite qui serait déjà bien entamé, puisqu’entre 2009 et 2014, la capitale a perdu près de 14 000 habitants intra-muros ! Quelles sont les racines de ce désenchantement ?

Une vie (beaucoup) trop chère

Parmi les très nombreux motifs de mécontentements exprimés par les Parisiens, revient fréquemment le thème de la cherté du prix de l’immobilier. Sur ce marché parisien extrêmement tendu, le prix au mètre carré n’a cessé d’augmenter ces dix dernières années -sous l’effet notamment de l’explosion du nombre de locations saisonnières – pour arriver à une moyenne de 10 000 euros le mètre carré dans Paris intra-muros. Alors que dans les années 1960 un ouvrier pouvait acheter un studio dans Paris, avec son salaire, il ne pourrait aujourd’hui faire l’acquisition que… d’un trois mètres carré ! Pour la petite anecdote, François Mitterrand avait acquis son appartement dans le 5e arrondissement, en 1971, au prix de 1000 euros (environ) du mètre carré !

Dès lors, même les cadres supérieurs doivent se rabattre sur de très petites surfaces, ce qui contraint bien souvent à sacrifier tout projet de vie de famille. Les classes moyennes et les familles se détourneraient en masse du centre-ville parisien pour privilégier une installation dans la petite, voire dans la grande couronne parisienne. appartement-facade-paris-zigzag-e1550843481612

Le Parisien pas si bourgeois ?

Le terme «bobo », qui est une contraction du néologisme « bourgeois-bohème », forgé dans les années 2000, véhicule de nombreuses représentations sociales : le “bobo” est fréquemment associé à « l’élite”, souvent diplômée, et à un mode de vie citadin jeune et branché. Ce mot-valise de « bobo » empêche néanmoins de saisir la très grande diversité des situations sociales que recouvre la sociologie parisienne. Si, en effet, les salaires des Franciliens sont en moyenne 40% supérieurs à la moyenne nationale, et leurs niveaux de qualification et d’étude importants, il ne faudrait pas omettre la persistance d’importants clivages sociaux, au sein même de la capitale, comme en témoigne la présence de presque 40% de logements sociaux dans les 19e et 20e arrondissements, contre à peine 3% dans le très chic 7e arrondissement… un paradoxe source de grandes inégalités.

Un nouveau terme est d’ailleurs récemment apparu, sous la plume des géographes, pour désigner ces Parisiens au fort capital culturel, mais au faible capital économique : ce terme est « Paubo ». Concrètement, son profil-type serait celui d’un jeune diplômé, au faible pouvoir d’achat, amené à s’installer dans les anciens quartiers populaires de Paris (les Batignolles, la Goutte-d ’or, Belleville) voire en lointaine périphérie, non plus seulement par choix mais surtout par nécessité économique. L’apparition de cette classe intermédiaire, à l’apparence jeune et branchée, mais au portefeuille à sec, serait dès lors le produit d’un phénomène d’exclusion sociale du centre-ville. Plus victime qu’acteur de la gentrification, le “Paubo” est un profil dans lequel pourrait se reconnaître bon nombre de citadins.

Le manque de verdure

C’est bien connu, le « bobo » a souvent une sensibilité écolo. Or, malgré des projets de « végétalisation » de la capitale, il apparaît clair que Paris reste une ville congestionnée, bétonnée et peu à même de combler les aspirations « champêtres » des Parisiens… La ville polluée devient une figure repoussoir !

Face à cette désillusion, l’aspiration à une vie campagnarde idéalisée, caractérisée par une vie de village « authentique », un rapport à la « nature » et la possession d’un jardin privatif, fait son chemin parmi les Parisiens. Ces derniers seraient chaque année de plus en plus nombreux à franchir le pas et à s’établir dans les espaces ruraux : notamment dans les villes et villages au fort cachet rural situés autour de Paris (Saint-Maur des Fossés, Senlis…).

Une vie parisienne anxiogène

De nombreuses menaces pèseraient sur la vie quotidienne à Paris. Parmi l’une des menaces les plus saillantes, la thématique sécuritaire semble avoir fait son apparition avec force dans le débat public parisien, depuis quelques années. On observe en effet une aspiration croissante à davantage de sécurité : d’après un récent sondage, plus de 50% des Parisiens se sentiraient en « insécurité » dans les transports et dans la rue à Paris. De plus, quasiment 48% de ces mêmes Parisiens déclaraient avoir été victimes d’un vol ou d’une agression au cours des trois dernières années ! Pour répondre à cette angoisse, une police municipale à Paris a été instaurée à la fin de l’année 2019.

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Pixabay @kirkandmimi

Dans un autre registre, nous pouvons également faire mention de l’insécurité économique et de l’apparition de nouvelles maladies professionnelles, par exemple le Burn-out, qui toucheraient, entre autres, les cadres supérieurs franciliens. L’environnement anxiogène et stressant de Paris serait ainsi l’un des moteurs de l’”exode” de sa population.

En somme, pour les “bobo”,”paubo” ou tout simplement pour les Parisiens sans étiquette, la vie à Paris est faite d’ambivalences et de fortes inégalités, bien loin des stéréotypes qu’on lui accole souvent. Aux traditionnelles aspirations à une meilleure qualité de vie, marquées par une intolérance pour les métros saturés et les rues sales (qui ne sont pas des problèmes nouveaux à Paris), se grefferaient de nouveaux motifs de fuite. Les Parisiens les plus fragiles seraient ici les victimes collatérales de la gentrification et d’une hausse sensible du coût de la vie…

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