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La maison de Georges Clemenceau, un havre de paix à Saint- Vincent-sur-Jard

Par Sarra

A Saint Vincent sur Jard, il existe une magnifique bicoque, comme la surnommait son célèbre locataire, Georges Clemenceau. C’est ici, face à l’océan Atlantique, qu’il choisit de se réfugier à la belle saison après avoir mis fin à sa carrière politique. Lieu de vie et de création, la maison, rapidement acquise par le Centre des Monuments Nationaux après sa mort, est restée inchangée. Un véritable voyage dans le temps qui attire chaque année plus de 17 000 visiteurs

Clémenceau et la vie politique parisienne

Surnommé “le Tigre” pour ses actions politiques, l’ancien ministre français Georges Clemenceau est l’une des personnalités les plus marquantes de l’histoire de la Troisième République. Chef de file de la gauche radicale et anticolonialiste, c’est aussi à ce républicain en guerre contre la politique de Jules Ferry que l’on doit la publication du célèbre J’accuse d’Emile Zola. À partir de 1896, il vit dans un bel appartement parisien dans le 16e arrondissement de Paris, qui deviendra lui aussi un musée à sa mort. Mais après une longue carrière politique, il décide de se retirer de la vie publique en 1919, clôturant sa carrière avec la signature du traité de Versailles. 

Clémenceau
© Mary Evans

Il quitte alors Paris pour un temps et choisit de louer une petite maison de pêcheur dans sa Vendée natale, à Saint Vincent sur Jard. Ce havre de paix niché au sommet d’une dune le long de l’océan est devenu son refuge loin de la capitale à la venue des beaux jours, et ce pour le reste de sa vie. 

Un retour aux sources dans sa Vendée natale 

Maison de Clémenceau
© AFP – Philippe Roy

Il emménage dans cette maison blanche aux fenêtres bleues, typique de la région, à l’âge de 79 ans, désireux de revenir à ses racines et de profiter d’une vie sans attaches. Après avoir vécu une vie somptueuse rythmée par de nombreux voyages qu’il continuera à faire jusqu’à ce que sa santé ne lui permette plus, il choisit finalement de mener une vie “simple” dans cette petite maison de 5 pièces qui fut un véritable coup de cœur pour lui. 

Difficile de croire que c’est dans cette modeste maison d’un étage, qu’il appelait affectueusement mon château horizontal, qu’il reçu d’illustres visiteurs tels que Pétain, le prince héritier du Japon et son grand ami Claude Monet, qui l’a aidé à créer le jardin de cette maison. 

Dans cet espace, loin de tout, il vit une retraite paisible, et profite d’une vue sur la mer imprenable à partir de chacune des pièces de la maison. Il oriente d’ailleurs tous son mobilier vers celle-ci afin de profiter en tout temps du magnifique paysage marin. Il élève même son lit devant la fenêtre pour pouvoir la contempler en s’endormant.

Maison de Clémenceau
©  Jérôme Fouquet

Malgré sa retraite, il reste une figure importante de l’espace public et, pour signaler sa présence dans la maison, il installe un mât pour hisser les koinoboris offerts par l’empereur du Japon. Une sorte de drapeau en forme de carpe qui apporte chance et bonheur à son propriétaire. Un élément décoratif qui révèle toute la passion de cet homme pour les voyages et plus particulièrement pour la culture et l’art asiatiques, dont les éléments décoratifs sont nombreux dans la maison. Estampes, tête de crocodile du Nil,  bouclier en cuir venu tout droit du Soudan, peau de sanglier qu’il a lui-même chassée, de nombreuses statuettes de Bouddha… la décoration révèle la passion de Tigre pour les voyages et la découverte de nouvelles cultures. 

Il fait également construire un salon d’été avec le mobilier luxueux typique des maisons bourgeoises du XIXe siècle, en total  contraste avec la simplicité de la résidence principale. Celui-ci est pensé comme lieu de réception pour ses invités, l’intérieur de la maison étant réservé à quelques privilégiés, comme son ami d’enfance Claude Monet. Et c’est d’ailleurs avec l’aide de ce dernier que Clémenceau a réussi à cultiver un jardin d’inspiration impressionniste sur ce terrain sablonneux.

Maison de Clémenceau
© Bernard Acloque

Son “fouillis de plantes”, comme il aimait l’appeler, lui a demandé plusieurs années de travail acharné et d’échanges avec son ami peintre pour obtenir graines, boutures et conseils de jardinage. C’est d’ailleurs grâce aux nombreuses correspondances entre ces deux amis que ce jardin a pu être reproduit à l’identique en 2006. Loin des jardins à la française, la végétation donne ici l’impression de pousser naturellement, à l’état sauvage. Cependant, il a fallu à Clémenceau pas moins de 3 ans pour parvenir à ce magnifique résultat. 

À sa mort en 1929, tout comme son appartement parisien, sa petite bicoque est conservée en l’état et devient une maison-musée abritant tous les souvenirs de cette illustre personnalité. Grâce aux nombreux écrits, les visiteurs en apprennent un peu plus sur Clémenceau, dont certaines facettes peuvent surprendre ! Et pour renforcer encore l‘expérience immersive, il est possible de visiter le domaine en réalité superposée grâce à l’application SKYBOY. Un voyage dans une dimension entre le réel et le virtuel, à la découverte de l’intimité de Georges Clemenceau et de son quotidien dans sa maison de vacances. Alors, si vous êtes de passage en Vendée, n’hésitez pas à visiter ce lieu bucolique chargé d’histoire, véritable parenthèse dans le temps !

Photo : Destination Grand littoral Vendée

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