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La petite histoire de la galiote, l’ancêtre de nos transports en commun

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Par Leonard

Il fut un temps pas si lointain où les Parisiens désireux de voyager hors de Paris le temps d’une journée utilisaient, selon un rythme assez fréquent, le bateau. Les galiotes de Sèvres et de Saint-Cloud ont en effet assuré pendant près de trois siècles la liaison entre les petits villages bucoliques franciliens et la bouillonnante capitale. Faisons un pas en arrière et retournons à une époque où le bateau faisait office de RER !gens-de-seine-paris-zigzag

Une navigation par voie fluviale très bien organisée

Quand on était un Parisien, sous l’Ancien Régime, les petites virées hebdomadaires pour prendre une journée au frais, loin des turpitudes de la capitale, étaient déjà une réalité. Pour des raisons récréatives ou professionnelles, des milliers de Parisiens empruntaient chaque semaine la galiote (ou coche d’eau) – grand bateau d’une capacité de 100 personnes – pour suivre le cours de la Seine et rejoindre différents villes et villages situés en amont ou en aval du fleuve. Pour assurer ce transport de masse, il existait ainsi un « service public » de voyageurs par voie fluviale qui possédait une flotte d’une dizaine de bateaux, depuis 1539. L’entreprise générale des coches d’eau dépendait, au XVIIIe siècle, de la ferme des diligences royales et fonctionnait avec une parfaite régularité (et quasiment sans retard !).

Si le prix du billet de voyage variait selon la distance parcourue, celui-ci était en général relativement bon marché, rendant ce service tout à fait accessible à la plupart des parisiens : comptez, par exemple, seulement sept sols (une somme très modeste pour l’époque) pour rejoindre l’aimable village de Sèvres, à la fin du XVIIIe siècle. Le bateau partait à 8 heures du Pont-royal et revenait le soir.

En 1787, le témoignage d’un usager de cette galiote raconte sa satisfaite excursion :
«Le dimanche 3 juin, nous sommes partis de Paris à huit heures du matin sur la galiote. Après une heureuse navigation de deux heures, nous avons débarqué au pont de Sève ( Sèvres ). Cette galiote, que l’on appelle aussi coche d’eau, n’est autre chose qu’un grand bateau couvert, qui contient, dans l’intérieur et sur le pont, des gens de toute sorte, car il n’en coûte que sept sols pour faire deux lieues…»

Quant aux conditions de voyage, celles-ci n’avaient rien à envier à nos transports contemporains, bien au contraire… Si les voyages duraient en général plusieurs heures, les bénéficiaires de ce service avaient l’agrément de contempler, à l’aise, les bords fleuris de la Seine ; un privilège que ne renieraient pas les usagers du métro au XXIe siècle…

Un service disparu au début du XIXe siècle

Malgré la forte popularité de ce moyen de locomotion, et sa fonction intrinsèquement lié à l’intérêt général des Parisiens, ce service de coche d’eau disparut au début du XIXe siècle pour être remplacé par des bateaux à vapeur. A l’âge du développement industriel et de l’exploitation du charbon, la vieille galiote ne représentait plus qu’un objet dépassé, comparé au train alors en plein essor. Les liaisons marchandes reprirent ainsi le monopole de la Seine, au profit du commerce mais au détriment des Parisiens, pour qui la galiote était un agréable moyen de transport. Seuls des bateaux-mouches assuraient par intermittence la relation entre Paris et ses voisines de la Seine, mais avec un succès beaucoup moindre que les anciennes coches d’eau.bateau-mouche-3-paris-zigzag

Remis temporairement au gout du jour lors de l’exposition universelle de 1867, la galiote parisienne ne réapparaîtra malheureusement plus jamais de nos horizons parisiens.

A l’heure où l’on parle de « mobilité douce », de « Grand-paris », mais aussi des lignes de métro saturées, la réactualisation de ces fameuses petites galiotes serait assurément une belle idée pour désengorger notre transports en commun…

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