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La petite histoire des Halles de Baltard

Les Halles de Paris
Par Cyrielle

Ceux qui ont connu la fin des Halles de Baltard, et la démolition de ses pavillons aux premières heures des années 1970, s’en souviennent avec nostalgie. Les autres peuvent sans doute à peine imaginer ce qui se dressait au coeur de Paris avant le désormais bien établi Forum des Halles. Plongeons ensemble dans l’histoire de ces pavillons emblématiques du Ventre de Paris !

Les pavillons Baltard, héritiers de 800 ans d’histoire

L’histoire des Halles Centrales de Paris, le plus vieux marché de gros de la capitale, remonte au XIIe siècle et à l’année 1137. C’est à cette époque que Louis VI, cinquième roi de la dynastie des Capétiens, met en place un premier marché à cet emplacement, sur d’anciens marécages. Ce marché, alors installé au coeur du Paris populaire, va très rapidement prendre de l’ampleur et c’est Philippe Auguste qui y ajoutera les premières halles, en bois, quelques années plus tard (1183).

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Le marché des Halles au XVIIIe siècle © Gallica / BNF

Le marché des Halles continuera de s’étendre au fil des siècles, jusqu’à devenir le plus important marché de gros de Paris. C’est dans ce contexte qu’on décide, aux premières heures du Second Empire, de construire d’immenses halles en fer, plus modernes et plus pratiques : ce sont nos fameux pavillons Baltard, du nom de leur architecte, Victor Baltard.

Une construction ultra-moderne pour l’époque

Cet immense projet – remporté dans le cadre d’un concours lancé par le préfet Rambuteau et finalisé en 1870 – consiste à édifier douze pavillons avec les matériaux les plus modernes de l’époque : le verre et la fonte. Ces pavillons, parfaitement organisés, doivent former deux blocs homogènes répartis autour d’une rue centrale. L’ensemble est entouré, au nord par l’église Saint-Eustache, à l’ouest par l’ancienne Halle au blé. Cette dernière, construite en 1763 et maintes fois réhabilitée, est l’un des rares vestiges de l’ancien marché que l’on peut encore découvrir aujourd’hui : il s’agit tout simplement de l’ancienne Bourse du Commerce qui s’apprête à accueillir en 2020 la fondation Pinault !

Dessin représentant les Halles centrales de Paris en 1863, conçues par Victor Baltard.

Les Halles de Baltard, personnage principal du Ventre de Paris d’Émile Zola

C’est au sein de cet ensemble ultra-moderne que s’épanouira l’atmosphère si caractéristique du Ventre de Paris décrit par Émile Zola dans son roman éponyme de 1873. Une atmosphère, certes authentique et pleine de vie, mais rarement très réjouissante : dans ce roman formé au coeur des Halles Centrales, Zola décrit le Ventre de Paris comme un monstre qui engloutit les pauvres et nourrit les puissants, une machine moderne où l’argent et la nourriture prennent l’ascendant sur l’humanité et la compassion. Bref, un lieu qui n’a pas d’états d’âme pour les moins bien lotis !

Les Halles, tableau de 1895 de Léon Lhermitte.

Les Halles de Baltard, un petit siècle et puis s’en va

Si emblématiques du Vieux Paris qu’ils puissent être, les pavillons Baltard n’auront finalement tenus qu’une petite centaine d’années : en 1969, les problèmes de circulation dans le centre de la capitale et les nouvelles mesures d’hygiène imposées aux marchands de gros auront raison de ces pavillons en fonte et du quotidien bien huilé de ceux qui y travaillent. Entre le 27 février et le 1er mars 1969, les 20 000 employés travaillant chaque jour sous les pavillons quitteront le centre de Paris pour rejoindre définitivement le Marché international de Rungis, à 13 kilomètres de là. 800 ans après leur création, les Halles Centrales de Paris ne sont finalement plus.

Entre 1971 et 1973, les pavillons de Baltard seront détruits progressivement, sans qu’on ne pense à les conserver et à les remonter ailleurs : seul le pavillon numéro 8, celui des œufs et de la volaille, sera conservé et remonté à Nogent-sur-Marne.

Le pavillon numéro 8 aujourd’hui, remonté à Nogent-sur-Marne.