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Le Palais du Luxembourg, une histoire royale

Par Romane Fraysse

A l’orée du quartier Latin, entre le Panthéon, la Sorbonne et le théâtre de l’Odéon, le jardin du Luxembourg est un écrin de verdure admiré pour ses splendides fontaines, ses allées arborées et ses sculptures en bronze. En plein cœur, son palais réside alors comme un grand mystère duquel on ne sait peu de choses, si ce n’est qu’il abrite un musée de peintures et le siège du Sénat

Un palais royal

Il faut remonter au XIVe siècle pour comprendre le nom de ce célèbre palais de la rive gauche. Il a en réalité été construit sur un ancien hôtel particulier appartenant à François de Piney, duc de Luxembourg, qui y a vécu un temps avant de le vendre à la régente Marie de Médicis. Veuve d’Henri IV, celle-ci décide de faire construire un palais par l’architecte Salomon de Brosse dès 1615. Elle s’installe alors au premier étage de l’aile ouest, tandis que son fils Louis XIII possède toute la partie est.

Le palais du Luxembourg et son jardin, gravure, 1830

Les appartements sont ainsi décorés d’une série de toiles commandée à Rubens, représentant le cycle de la vie de Marie de Médicis et celui inachevé d’Henri IV. Au dehors, le palais est entouré d’un immense parc de 24 hectares garni de milliers d’ormes, de fontaines sculptées et de grottes à l’italienne. Tout paraît donc superbement orchestré. Pourtant, un conflit va voir le jour au sein même du palais en 1630. Marie de Médicis, ne supportant plus l’ascension du cardinal de Richelieu, demande sa démission auprès de son fils. Ce dernier, ne pouvant se passer de son ministre, contraint sa mère à l’exil : un retentissement que l’on nomme la « Journée des Dupes ». Fâchée à tout jamais, la régente lègue alors le palais à son second fils, Gaston duc d’Orléans.

Par succession, le palais continue d’appartenir à la famille royale jusqu’en 1791, lorsque le futur Louis XVIII est contraint de prendre la fuite sous la Terreur. Tout comme la Conciergerie, le « Luxembourg » devient une propriété nationale et se transforme alors en prison où près de 800 personnes sont incarcérées. La plupart sont des Girondins qui y vivront leurs derniers jours, à l’instar de Georges Danton, Camille Desmoulins ou François Chabot.

Le siège du Sénat

En 1799, la Constitution de l’an VIII instaure le Consulat dans le cadre de la Première République. Napoléon Bonaparte, tout juste désigné Premier consul, s’installe au palais du Luxembourg dont certaines salles sont désormais réservées au tout nouveau Sénat conservateur. L’hôtel initial, désormais nommé le Petit Luxembourg, devient alors la résidence du président du Sénat, avec ses salons et ses bureaux.

La salle des conférences du Palais du Luxembourg

Mais sous la Monarchie de Juillet, le nombre de sénateurs commence à s’accroître. Pour permettre d’accueillir les nouveaux arrivants, d’importants travaux sont alors lancés en 1837 par Alphonse de Gisors afin d’agrandir la façade du palais. La salle des séances est étendue et conserve le superbe trône de Napoléon Ier, copiant un fauteuil en marbre de la Rome antique. Autour, un plafond en cul-de-four représente des personnages de l’histoire de France, tels que Charlemagne ou Louis XV, ainsi que huit tapisseries des Gobelins illustrant les Métamorphoses d’Ovide. Enfin, les nouveaux cabinets donnant sur le jardin sont réservés à une longue bibliothèque, ainsi qu’une salle de lecture dont le plafond est entièrement décoré par le peintre Eugène Delacroix.

Un musée historique

Mais le palais du Luxembourg a marqué notre histoire par une autre date : le 14 octobre 1750, la galerie royale de peinture est ouverte dans l’aile Est. En exposant une sélection de 96 tableaux du Roi près du cycle de Rubens, il devient alors le premier musée d’art public en France. Très tôt, il devient un lieu incontournable pour de nombreux visiteurs étrangers, éblouis par la diversité des collections.

On compte ainsi quelques chefs-d’œuvre italiens de Léonard de Vinci, Titien, Raphaël et Véronèse, ou encore des tableaux de Poussin, Van Duck et Rembrandt. Fermée en 1780 à l’initiative du futur Louis XVIII, la galerie se sépare ensuite de ses collections pour les déposer au Louvre, qui deviendra en 1793 le célèbre musée que l’on connaît. Sans vouloir perdre l’âme du lieu, ce dernier décide alors d’y aménager un musée des artistes vivants dès 1818, en faisant du même coup le premier espace français dédié à l’art contemporain.

Victor Navlet, La galerie des bustes au Palais du Sénat, 1884

Mais à la proclamation de la Troisième République, le Sénat décide de reprendre possession du palais et déplace le musée dans une toute nouvelle aile inaugurée en 1886, près de l’Orangerie du Luxembourg. Indépendant et ouvert sur la rue de Vaugirard, le musée présente ainsi depuis plus d’un siècle des expositions dédiées aux grands mouvements picturaux de l’Occident.

Romane Fraysse

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