Les premiers libérateurs de Paris étaient espagnols !
Contrairement à une idée largement répandue, ce n’est pas l’armée française, la première, à avoir libéré Paris, le 25 août 1944, mais une unité composée de républicains espagnols ! Retour sur un pan de l’histoire de la libération méconnu.
La Nueve, les soldats oubliés de la libération de Paris
Vers 20h, le 24 août 1944, les combats font rage vers la porte d’Italie, au sud de Paris. Après une heure de bataille, une unité pousse jusqu’à l’Hôtel de Ville et met en déroute les occupants nazis. Ces valeureux soldats ont la particularité d’être espagnols, et leur histoire a été gommée des manuels scolaires, malgré l’existence d’associations d’anciens combattants qui s’échinent à perpétuer la mémoire de la Nueve… 
Sur les 160 hommes qui composent la première unité à avoir pénétré dans le Paris occupé, 146 sont des Républicains espagnols (anarchistes, socialistes voire républicains de droite) antifranquistes et antifascistes. Arrivés en France après la victoire de Franco en 1936 et entassés dans les camps de réfugiés, le gouvernement de Vichy leur laissa le choix de rejoindre la Légion étrangère ou d’être rapatriés en Espagne.
Le choix fut simple et ces Républicains espagnols désertèrent ensuite pour rallier le général Leclerc et l’armée de la France libre, en Afrique du nord. Depuis août 1944 et le débarquement en Provence, la Nueve est en première ligne dans les combats et fait preuve d’un courage à toute épreuve, animée par un idéal républicain et émancipateur qui transcendent les combattants. Grâce à eux, Paris fut libéré le 24 août 1944, mais pourquoi la Nueve est-elle si peu présente dans la mémoire de la libération française ?
Un travestissement des faits
Lors de la libération de Paris, les soldats français de la division 2e DB défilent en premier sur les champs Élysées. De Gaulle harangue même dans un discours les Paris et son célèbre “Paris libéré par lui-même”. La Nueve n’a le droit qu’à un défilé secondaire, le 26 août dans leurs véhicules. Savoir qui est rentré le premier à Paris revêt en effet un enjeu hautement politique : pour réconcilier les Français, après la longue et douloureuse période de l’occupation, De Gaulle souhaite mettre en avant des résistants français, quitte à relativiser, voire à omettre, la participation étrangère… 
Par la suite, la plupart des 160 combattants espagnols participeront à la prise du Nid d’aigle d’Hitler à Berchtsgaden, à la frontière de la Bavière et de l’Autriche, le 5 mai 1945, lors de laquelle la majeure partie de l’unité est massacrée. Seules 16 Espagnols, présents lors de la prise de l’Hôtel de Ville le 24 août, survivront à la fin de la Seconde guerre mondiale.
La Nueve a depuis été l’objet de publications scientifiques, et les historiens de la libération ont mis en évidence ces dernières années la forte implication des combattants espagnols. Des commémorations sont organisées chaque année, depuis trois ans, par la mairie de Paris pour rendre hommage aux premiers libérateurs de Paris…
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