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Les sages de l’Académie à l’origine du tracé sinueux de la ligne 4

Par Cyrielle

Deuxième ligne la plus fréquentée du réseau après la ligne 1, la ligne 4 qui relie la porte de Clignancourt à la Mairie de Montrouge est un trésor d’ingénierie : traversant Paris du nord au sud depuis 1910, elle est la première ligne du réseau passant sous les eaux boueuses de la Seine, cela grâce à une petite révolution technologique pour l’époque.

Une astuce pour passer sous la Seine sans trop de difficultés

Pour parvenir à joindre les portions de la rive droite et de la rive gauche, les ingénieurs du métro parisien ont en effet eu l’astucieuse idée de congeler le sol pour le durcir. Ils ont ainsi eu recours à des injections de saumure, une solution aqueuse gelée à -24°, ce qui a permis aux ouvriers de percer dans la glace plutôt que de patauger dans une terre boueuse pendant des années. Astucieux !

Grâce à cet ingénieux travail réalisé sous le fleuve, la ligne 4 a pu ouvrir en intégralité en à peine cinq ans : alors que le chantier avait démarré au début de l’année 1905, le tronçon intégral de la ligne 4 ouvre au public en janvier 1910. Les premiers usagers découvrent alors une ligne au tracé étonnamment sinueux : entre Réaumur-Sébastopol et Montparnasse-Bienvenüe, la ligne bifurque six fois à gauche, avant de repartir tambour battant vers la droite pour rejoindre Vavin et Raspail.

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Les Immortels de l’Académie française chamboulent tous les plans

Le trajet prévu à l’origine était pourtant quasiment rectiligne et n’avait pas grand-chose à voir avec celui que l’on connaît aujourd’hui. Exit Châtelet et l’Île de la Cité, la ligne 4 devait passer sous la rue du Louvre, traverser la Seine en ligne droite (entre la pointe de l’Île de la Cité et le Pont des Arts), passer sous l’Institut de France, avant de rejoindre la rue de Rennes, le boulevard Raspail et, enfin, la porte d’Orléans.

Mais c’était sans compter sur l’avis des Académiciens : pour eux qui se réunissent chaque jeudi en séance privée au coeur de l’Institut de France, il n’est pas question de subir les désagréments des travaux qui doivent se dérouler sous leurs pieds… Et il est encore moins pensable de sentir, tous les jours de l’année et à n’importe quelle heure du jour, les vibrations des métros qui passent régulièrement en dessous de l’édifice !

Sous la IIIe République, leur puissance et leur poids politique sont tels que les pouvoirs publics décident finalement de dévier une partie du tracé vers l’Est, faisant passer la ligne par Châtelet et l’île de la Cité, plutôt que d’imposer aux Académiciens de tels désagréments. Une modification de parcours qui s’avérera très coûteuse, mais qui satisfera le confort et la tranquillité des quarante Immortels de l’Académie française.

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