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L'histoire du Baiser de l'Hôtel de Ville de Robert Doisneau décryptée

Robert Doisneau, Le Baiser de l'hôtel de ville
Par Alexandre L

Romantique, saisissant et iconique, le Baiser de l’Hôtel de Ville est probablement l’un des clichés les plus connus de l’histoire de la photographie moderne. Mettant en scène deux tourtereaux dans l’intimité d’un baiser échangé devant l’Hôtel de Ville, en plein tumulte parisien, la photographie est à la fois le fruit d’une passionnante histoire et l’origine d’une déchirante querelle financière. On vous dit tout sur l’œuvre la plus emblématique de Robert Doisneau.

Derrière Le Baiser, un jeune couple d’inconnus

Quand le magazine américain Life cherche un photographe pour illustrer son numéro du mois de juin 1950, construit autour du thème “l’amour à Paris au printemps”, le nom de Robert Doisneau arrive bien vite au cœur des discussions. Depuis la fin de la seconde Guerre Mondiale, le photographe a fait de la capitale son terrain de jeu favori et les clichés mettant la ville à l’honneur en noir et blanc sont déjà saisissants de poésie et de nostalgie.

Alors mandaté par l’hebdomadaire, Doisneau, en fin observateur, repère un couple attablé à une terrasse qu’il aborde aussitôt. Il propose aux deux jeunes gens une séance photo, en échange d’une rémunération de 500 francs, lesquels acceptent avant de se diriger vers le trottoir bondé. Le reste est presque historique, bien qu’entaché par de nombreux contentieux.

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Doisneau dans son atelier à Montrouge – 1992

De l’oubli au chef-d’œuvre

A sa sortie, la photographie ne fait pas grand bruit, et l’identité des tourtereaux est encore inconnue, même de Doisneau lui-même. Mais, 36 ans après le cliché, le magazine américain extrait Le Baiser de ses archives afin de le commercialiser en affiche. Le succès est immédiat et la deuxième vie de l’œuvre s’amorce : plus de 400 000 exemplaires en sont vendus à travers le monde. Robert Doisneau rentre alors dans une autre dimension.

Si ce nouveau statut entraîne la renommée pour le photographe, il lui attire aussi des ennuis. En 1992, un certain couple Lavergne, se faisant passer pour les deux amants, réclame 500 000 francs à Doisneau pour violation de la vie privée, ce qui fait ressurgir Françoise Delbart, véritable protagoniste de la photo, que Doisneau reconnaît aussitôt. Cette dernière lui demande 100 000 francs. Jacques Carteaud, l’autre moitié du couple séparé depuis, refuse quant à lui de se joindre à la démarche, refusant “de transformer cette histoire photographique en histoire de fric”. Quoiqu’il en soit, le tribunal de Grande Instance de Paris donnera raison au photographe en 1993.

Crédit photo à la une : ©Le Baiser – Robert Doisneau

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