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L’histoire mouvementée de la fonction de maire à Paris

L'hôtel de Ville de Paris
Par Colombe

La mairie, on en entend beaucoup parler à Paris ! Mais figurez-vous qu’il n’y a pas eu de maire dans la capitale pendant plus d’un siècle ! De la Commune de Paris jusqu’aux années 1970, la capitale était sous la tutelle de l’État et de la préfecture. C’est Jacques Chirac qui, en 1977, inaugure ce nouveau poste.

Avant la Commune de Paris, une fonction rare et instable

L’histoire de la mairie de Paris est assez mouvementée, ponctuée par la Révolution, la Commune ou encore les différents régimes. Le poste de maire de Paris a été créé en 1789, au lendemain de la prise de la Bastille. Jusqu’alors, la capitale française était “dirigée” par un prévôt des marchands. Jacques de Flesselles, celui qui occupe cette place à la Révolution, est tué d’un coup de pistolet le 14 juillet même. Sa tête est plantée sur une pique et baladée sur le parvis de l’Hôtel de Ville. Dès le lendemain, le premier “vrai” maire de Paris est élu. Il s’agit de Jean Sylvain Bailly, révolutionnaire qui a déjà un CV bien chargé. Astronome et mathématicien reconnu, il est académicien depuis 1783. Mais, ce sont surtout ses qualités politiques qui en font l’homme de la situation. En effet, il a d’ores et déjà été président du Tiers-État puis de l’Assemblée Nationale. Si sa popularité aura été au beau fixe pendant une bonne partie de son mandat, c’est dans le sang et le déshonneur que son mandat se terminera. Le 17 juillet 1791, il ordonne à ses troupes de tirer sur les manifestants du Champ-de-Mars. Trois mois plus tard, fortement contesté, il démissionnera. Sa fin de vie ne sera pas plus heureuse : ses prises de position en faveur de la reine Marie-Antoinette devant le Tribunal révolutionnaire lui coûteront la vie. Il est condamné à mort et guillotiné.

L’avocat Jérôme Pétion de Villeneuve lui succède en 1791 mais se suicide en 1794 et la ville n’a plus de candidat jusqu’en 1848. Sous le règne impérial de Napoléon, la fonction de maire général n’existe plus, mais il y en a un pour chaque arrondissement. Les maires des 12 quartiers sont nommés, pas élus, et la ville est gérée par le préfet de la Seine, parmi lesquels on retrouve le baron Haussmann ou le préfet Rambuteau. On retrouve alors cette configuration singulière à Lyon et Marseille. Lors de la Commune de Paris, en 1870, deux maires de succèdent, dont Jules Ferry surnommé « Ferry la famine » du fait des conditions de vie douloureuses que les Parisiens subissent pendant le siège de Paris. À la suite de la Commune, l’État craint les insurrections ou, pire, la sécession, si la ville restait une entité autonome et lui retire ce droit : pendant 106 ans, Paris ne sera plus sous la responsabilité d’un maire, mais de l’État. La loi de 1884 sur l’organisation municipale concerne toutes les villes de France, hormis Paris.

Paris exclu de la fonction municipale jusqu’en 1977, conquit lentement son autonomie

Le président Valéry Giscard d’Estaing rétablit la fonction de maire en 1976. Le maire de Deauville se présente aux élections municipales et Jacques Chirac annonce sa candidature, à la surprise de tous. « Je viens dans la capitale de la France parce que dans notre histoire, depuis la révolution de 1789, chaque fois que Paris est tombé, la France a été vaincue », déclarera-t-il. Élu le 25 mars 1977 à 69 voix sur 109, Jacques Chirac occupera l’Hôtel de Ville pendant 18 ans. C’est sous sa mandature que le Forum des Halles voit le jour et c’est lui qui a souhaité transformer la Seine, en annonçant, en 1988 : « dans trois ans, j’irai me baigner dans la Seine devant témoins ». Son rêve ne deviendra pas réalité, mais le projet de piscine à ciel ouvert se concrétisera peut-être lors des JO de 2024 ! Jean Tibéri, maire de la ville de 1995 à 2001, Bertrand Delanoë, élu à la mairie de Paris en 2001, et Anne Hidalgo, première femme à la tête de la ville élue en 2014, viennent compléter le tableau des maires de Paris qui ne compte, encore aujourd’hui, que quatorze noms à son compteur.

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