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L’Hôpital de la Charité, un modèle d’hygiène et de soins au temps de la Révolution

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Par Alexandre M

Non loin du musée Eugène Delacroix qui nous plonge dans l’intimité du célèbre peintre, se trouve l’étonnante cathédrale Saint-Vladimir-le-Grand, un monument consacré au culte grec-ukrainien. Mais ce n’est pas tant ce  monument qui nous intéresse aujourd’hui… mais ce qu’il abritait autrefois. Avant la cathédrale, on trouvait ici, rue des Saints-Pères, un hôpital : un établissement fondé en 1602 par l’Ordre hospitalier de Saint-Jean de Dieu, aussi connu sous le nom de Frères de la Charité.

Un hôpital important dans l’histoire de Paris

L’idée de créer cet établissement hospitalier placé sous l’égide de l’Ordre hospitalier de Saint-Jean de Dieu vient de Marie de Médicis, épouse de Henri IV et mère de Louis XIII, qui se tourne vers cette communauté florentine pour venir en aide aux malades pauvres. Initialement prévu aux abords de l’actuel quai Malaquais, l’établissement ouvre finalement ses portes en septembre 1608. Propriétaires et maîtres exclusifs des lieux jusqu’en 1789, les Frères de la Charité assurent le service de l’hôpital et le règlement est très strict : ceux-ci doivent absolument être chirurgiens ou pharmaciens et doivent soigner eux-mêmes les malades. La religion étant très présente, une chapelle y est consacrée en juillet 1621 par l’archevêque d’Embrun.

La cour et les arcades de l’hôpital de la Charité en 1904 © Herminie Waternau, Musée Carnavalet, Histoire de Paris

À partir de 1652, les religieux de la Charité disposent même, grâce à une donation anonyme, d’une maison située rue du Bac. Celle-ci est équipée de huit lits destinés à accueillir des convalescents pauvres après leur sortie de l’hôpital. En 1786, l’établissement compte 208 lits, exclusivement réservés à une population masculine ne souffrant pas d’affections incurables ou vénériennes. Quant aux femmes, il faudra attendre 1791 pour qu’elles aient enfin le droit de s’y faire soigner. Sous la Révolution, tandis que la chapelle est désaffectée, l’hôpital de la Charité continue de fonctionner sous le nom d’hospice de l’Unité. Confisqué aux religieux, le bâtiment sera plusieurs fois agrandi, permettant ainsi d’accroître les capacités d’accueil de l’établissement : 235 lits en 1810, 341 en 1830 et 486 lits en 1850. Lorsque l’établissement ferme définitivement en 1935, on dénombre tout de même 680 lits.

Aujourd’hui, seuls quelques écrits et autres archives témoignent de l’histoire de cet hôpital, qui fut tout de même le deuxième plus ancien de Paris derrière l’Hôtel-Dieu jusqu’à sa destruction en 1935. Ll’Hôpital de la Charité a laissé place à la faculté de médecine de Paris, puis à la cathédrale que l’on connaît aujourd’hui.  Un seul vestige du centre hospitalier demeure : la chapelle. Élevée par l’architecte Robert de Cotte au début du XVIIIe siècle, sa façade présentait à l’origine deux niveaux où se superposent des colonnes d’ordre dorique et d’ordre ionique.

La chapelle de l’hôpital de la Charité, date inconnue © Henri Chapelle, Dessinateur, Musée Carnavalet, Histoire de Paris

Mais la chapelle est loin d’être le seul souvenir ayant survécu au temps… Aujourd’hui, on se souvient aussi de l’Hôpital de la Charité comme une référence en termes de soins, à une époque où les maladies étaient nombreuses et souvent fatales, et surtout au niveau de l’hygiène. En effet, les patients avaient leur propre lit et n’étaient donc pas entassés ou allongés les uns sur les autres. Un modèle de propreté et de confort, auquel s’ajoute celui des soins thérapeutiques, puisque c’est à l’Hôpital de la Charité que l’on voit apparaître la première clinique médicale de France. C’est donc un monument essentiel à l’histoire de Paris qui se tenait rue des Saint-Pères, dont il ne reste malheureusement que très peu d’archives aujourd’hui.

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