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Madame de Maintenon, la mystérieuse et dernière femme de Louis XIV

Par Sarra

Surnommée Votre Solidité par le Roi Soleil, la mystérieuse Madame de Maintenon a toujours fasciné les historiens. Née en prison, emmenée dans les îles par un père fauché et douteux, avant de rentrer au pays pour fréquenter couvents et salons… Elle va devenir la dernière épouse du plus grand roi de l’époque ! Par son extraordinaire habileté, cette femme, partie de très loin, a réussi à mener sa barque jusqu’aux plus hautes sphères de la société sans jamais s’imposer.

Une enfance dans la misère

Françoise d’Aubigné est née le 28 novembre 1635 dans la conciergerie du Palais de Justice de Niort. Son père, fils du poète Théodore Agrippa, grande figure de la guerre de religion, y est incarcéré pour le meurtre de sa première femme et de son amant.  Et c’est derrière les barreaux qu’il rencontre la mère de Françoise, Jeanne de Cardhilhac qui se trouve être la fille du Gouverneur. Jeanne tombe rapidement enceinte et le Gouverneur oblige Constant à l’épouser. Et après un fils, Françoise ne tarde pas à venir au monde dans cette prison qui annonce la couleur sur les premières années de sa vie. Confié rapidement à sa tante huguenote, Madame de Villette, son père, tout juste sorti de prison et sans le sou, décide d’emmener toute sa petite famille en Martinique. Certain qu’une fois sur place, il obtiendra rapidement un poste de gouverneur et pourra enfin faire fortune. Mais tout ne se passe pas comme prévu, et bien qu’il parvienne à amasser une fortune considérable, son penchant pour le jeu le ruine à nouveau. Il choisit d’abandonner sa famille et de retourner à La Rochelle, un choix que Jeanne et ses enfants feront également deux ans plus tard lorsqu’ils seront acculés de dettes.

Toujours aussi pauvres, les enfants finissent par mendier dans les rues de La Rochelle pour survivre, et sa mère par les confier à une tante, Madame Neuillant. Cette dernière place de force Françoise chez les Ursulines pour la convertir au catholicisme, condition non négociable pour pouvoir l’accompagner dans les salons parisiens. Une fois devenue une fervente catholique, sa tante, fière de son évolution, accepte de l’emmener à Paris pour préparer le mariage de sa fille. Si elle fait une entrée timide dans la haute société, elle est immédiatement fascinée par ce monde où se mêlent intellectuels et nobles. Elle rencontre Ninon de Lenclos, avec qui elle développe une forte amitié, qui prend fin lorsque l’amant de Ninon, le marquis de Villarceaux, commence à fréquenter Françoise. Si aucune preuve ne confirme une éventuelle relation entre elles, un tableau de Mme de Maintenon en robe légère a néanmoins été retrouvée dans le domaine de Villarceaux.

Les débuts dans la haute société parisienne :

Celle que l’on surnomme alors Belle Indienne en raison de ses 6 ans passés dans les îles et des récits qu’elle en fait, doit faire un choix déterminant à ses 17 ans : se marier ou entrer dans les ordres. Paul Scarron, un poète infirme de 22 ans son aîné et fils de Conseiller au Parlement, tombe sous le charme de Françoise et accepte de l’épouser sans dot. Et bien que fortement handicapé, c’est un homme très apprécié de la société, et le salon qu’il tient ne désemplit pas.  L’hôtel de l’Impécuniosité situé au cœur du Marais est donc tenu par le couple jusqu’à la mort de ce poète burlesque. Un tremplin parfait pour Françoise qui lui permet de s’enrichir intellectuellement mais aussi de se lier d’amitié avec des personnalités influentes dont Athénaïs de Montespan. Cette dernière lui sera d’un grand secours à la mort de Scarron, qui laisse Françoise veuve et à nouveau sans le sou.

Un mariage royale dans le plus grand secret :

Invitée à Versailles en 1667 par la favorite du roi, Madame de Montespan, Françoise, connue pour sa discrétion, est choisie pour devenir la gouvernante des bâtards royaux qui doivent être tenus cachés. Car en effet, Madame de Montespan est mariée. Il était alors hors de question que son mari légitime se proclame le père des enfants du roi !  Elle est donc cachée avec les 7 enfants que le couple aura, et les élève comme ses propres enfants, en secret dans une propriété du village de Vaugirard. Et si ses relations avec le roi sont au départ très froides, la mort du premier enfant confié à Françoise et la tristesse que cet événement procure à cette gouvernante émeut le monarque. A partir de là, ses visites à Vaugirard se multiplient, l’occasion pour lui de s’entretenir avec cette femme à l’esprit aiguisé et à la compagnie des plus agréables ! En 1673, il légitime ses enfants et la veuve Scarron s’installe au château de Versailles, se rapprochant un peu plus du roi. Et ce n’est sûrement pas un hasard quand on connaît le passé colonial de Françoise, si en 1670, le roi décide d’encourager la traite en versant des primes aux négriers.

Bien loin de la vie misérable de son enfance, elle n’en tire pas moins des leçons qui font d’elle une parfaite gestionnaire, et devient en 1674 l’heureuse propriétaire du château de Maintenon. Un an plus tard, Louis XIV lui accorde le titre de Marquise, et Françoise devient officiellement Madame de Maintenon. Et lorsque Madame de Montespan est entachée dans l’affaire des poisons et perd en 1680 son titre de Favorite du roi, Madame de Maintenon s’élève un peu plus dans la société en obtenant la charge de “seconde dame d’atour” de la Dauphine. Soucieuse de sa réputation, elle continue de repousser les avances de Louis XIV et du conseil pour arranger les choses avec la reine Marie-Thérèse d’Autriche qu’il a complètement délaissée pendant de nombreuses années. Mais lorsqu’elle meurt en juillet 1683, rien ne peut les empêcher de vivre leur relation et le roi, qui n’a encore que 45 ans, décide même de l’épouser quelques mois après la mort de la reine. Il s’agit du premier mariage d’amour d’un roi de France et l’événement est tenu secret en raison des origines modestes de la mariée.

Elle ne devint jamais reine au cours de ses 32 années passées à la cour de Versailles, bien qu’elle ait considérablement modifié le statut de l’épouse du roi. Elle est de bon conseil et c’est probablement grâce à son influence que le Code noir est achevé en 1685 et que l’édit de Nantes est révoqué. En 1686, elle fonda également l’école pour jeunes filles nobles et indigentes de Saint-Cyr dont la construction ne fut achevée qu’en 1719. Et c’est là qu’elle termine sa vie après la mort de son roi bien-aimé en 1715, en prenant soin d’effacer toute trace de son mariage royal pour ne pas ternir sa réputation et entretenir le mystère qui entoure sa vie.

Images : Maurice Leloir – Leemage  //  Pierre Mignard – Wikimedia Commons // F. Lix // Antoine Capeil – Leemage // Théophile Lavallée

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