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Paris et les embouteillages, une histoire qui dure depuis 400 ans !

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Par Alexandre M

Les années passent et si il y a bien un sujet qui continue de tendre les Parisiens, ainsi que ceux qui viennent sur Paris, c’est bien celui de la circulation dans la capitale. Les images tournent dans nos têtes : des milliers de voitures agglutinées aux heures de pointe, des kilomètres de bouchons sur certaines artères principales… et l’on ne parle pas (que) du périphérique !

Déjà des bouchons du temps d’Henri IV

C’est bien simple : conduire à Paris ressemble bien souvent à un casse-tête. Beaucoup rejetteront sans doute la faute sur la politique actuelle de la Ville de Paris, mais la réalité est tout autre : la circulation, et notamment les embouteillages, sont un problème qui polluait déjà Paris au temps de Louis XIV et Napoléon Ier ! Les déboires de la capitale avec la circulation remontent en effet au XVIIe siècle, alors que la ville, essentiellement piétonne et chevaline jusque-là, commence à accueillir des carrosses. C’est aussi à cette époque qu’un certain Blaise Pascal, mathématicien, physicien et philosophe de renom invente “le carrosse à 5 sols”, qui suit plusieurs fois par jour le même itinéraire : le premier transport en commun est né ! Une explosion du trafic qui vaudra d’ailleurs à Nicolas Boileau une savoureuse satire : “Vingt carrosses bientôt arrivant à la file/ Y sont en moins de rien suivis de plus de mille…”

Deux siècles plus tard, Paris a désespérément besoin d’évoluer, ses rues étant devenues trop étroites et vétustes. Après les premiers travaux de Napoléon Ier, c’est au baron Haussmann, sous la direction de Napoléon III, que revient la vaste mission de transformer Paris en une capitale plus moderne et agréable à vivre. L’objectif principal dans ce vaste chantier qui aura profondément transformé Paris en 17 ans, outre le fait de redonner du prestige à Paris, est de parvenir à une meilleure circulation de l’air et des hommes dans la capitale. L’autre objectif, forcément moins mis en avant, est de maîtriser d’éventuels soulèvements populaires grâce à des rues plus claires et plus faciles d’accès par les convois militaires. Quoi qu’il en soit, les grands boulevards deviennent plus nombreux et se transforment en axes parfaits pour circuler plus facilement dans la capitale, et surtout pour accueillir un trafic toujours plus important. Et pourtant, très vite, les embouteillages reprendront de plus belle !

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Le boulevard de la Madeleine, l’un des grands boulevards imaginés par le baron Haussmann

Le périphérique, la (fausse) bonne idée ?

Dès la fin du XIXe siècle, Paris va entrer dans une nouvelle ère. Alors que le Salon de l’Automobile ouvre ses portes en 1898, où l’on peut notamment admirer les premières voitures sorties des ateliers de Louis Renault à Billancourt, le trafic explose en 1906, lorsque les autobus remplacent les omnibus tirés par des chevaux. Quelques années plus tard, entre la Première et la Seconde Guerre mondiale, l’industrie automobile est en plein essor, grâce notamment à la fabrication de modèles en série dans les usines Renault ou Citroën. Dans la capitale, la population est passée à 2,9 millions d’habitants, la circulation a doublé depuis 1910 et un énorme chantier s’apprête à voir le jour : la première autoroute vers l’ouest. Après la Seconde Guerre mondiale, l’un des grands défis pour la ville de Paris est de s’adapter à un trafic automobile toujours plus envahissant. La circulation étant devenue problématique dans le centre de la capitale, malgré la création de voies souterraines et de voies express, un projet loin de faire l’unanimité va finalement voir le jour….

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Le périphérique, éternel source de discorde… et d’embouteillages !

C’est en 1973 que les Parisiens découvrent le périphérique, un vaste boulevard ceinturant Paris et permettant de desservir la capitale porte par porte et de raccorder les autoroutes. En plus de créer une nouvelle limite entre Paris et sa périphérie, le “périph” va surtout entraîner encore plus de trafic, accueillant parfois plusieurs centaines de kilomètres de bouchons. Il faut finalement attendre les années 2000 pour qu’une utilisation moins importante de l’automobile à Paris soit encouragée : prolongement et création de lignes de métro et de tramway, multiplication des pistes cyclables ou encore création des systèmes Vélib’, Autolib… Si le trafic automobile a considérablement baissé dans la capitale ces dernières années (- 8,1% en 2019), le niveau d’embouteillage demeure toujours aussi conséquent : le temps supplémentaire passé au volant par rapport à celui d’une circulation fluide était de 39% en 2019, soit trois points de plus qu’en 2018. Réélue en juin 2020, la maire de Paris Anne Hidalgo a déjà annoncé son intention d’oeuvrer pour une diminution de la circulation routière dans tout le centre-ville de Paris dans les années à venir et un remodelage complet du périphérique. De quoi se débarrasser une bonne fois pour toute des embouteillages ? On n’en demandera pas tant !

À lire également : Petite histoire du périphérique parisien