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Quand le plus beau château de France était sous pavillon nazi

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Par Alexandre M

Pour une sortie riche en histoire, le château de Versailles est évidemment l’une des destinations franciliennes à ne pas manquer. Un chapitre historique de ce château, vitrine fantastique du règne de Louis XIV et du pouvoir de la France aux 17e et 18e siècles, reste pourtant encore méconnu de la plupart des Parisiens et Français. Ce dernier a eu lieu il y a de cela 80 ans.

La vengeance des Allemands face au diktat de 1919

Évoquer la Seconde Guerre mondiale en France, c’est évidemment parler de la terrible période de l’Occupation, où une partie du pays, la Ville de Paris comprise, vécut plusieurs années sous le joug du régime nazi. De nombreuses photos de la capitale vivant au rythme des panneaux inscrits en allemand ou des quelques visites d’Adolf Hitler témoignent encore aujourd’hui de cette douloureuse période. Mais si l’on parle souvent de Paris, n’oublions pas que le château de Versailles, aujourd’hui l’une des plus grandes attractions touristiques de France avec plus de 8 millions de visiteurs en 2019, a lui aussi vécu sous pavillon nazi.

Au matin du 14 juin 1940, l’armée allemande fait exploser la poudrière de Satory, tout près de Versailles, engendrant quelques dégâts extérieurs sur le château. Quelques instants plus tard, les grilles de l’ancienne résidence de rois de France s’ouvrent aux Allemands, preuve que la victoire sur la France n’est plus qu’une question de jours. Le château ne possède déjà plus sa gloire depuis plusieurs mois… À l’image du Louvre, dont la collection a été habilement cachée, de nombreuses œuvres d’art telles que des tableaux ou des décors ont été déplacés avant l’arrivée des Allemands. La plupart a été envoyée en province, notamment à Chambord, lors de la “drôle de guerre”. Le plus beau château de France sonne bien vide, seuls demeurent trois gardiens restés sur place, ainsi que le conservateur Pierre Ladoué, qui viendront d’ailleurs ouvrir eux-mêmes les grilles à l’armée allemande. Le lendemain, pour accentuer un peu plus la victoire allemande, le drapeau nazi flotte au sommet du château de Versailles. Une délicieuse vengeance pour ces derniers : le traité de Versailles de 1919 avait été vécu comme une humiliation et est alors encore dans toutes les têtes…

Entrée des troupes allemandes par la Cour d’honneur © Château de Versailles

Le palais du Roi-Soleil sonne bien creux

Et pour l’armée allemande, quel meilleur moyen d’afficher sa victoire que de parader dans les fastueuses allées du palais ? C’est  ce que feront certains haut-dignitaires du régime nazi, à l’image de Joseph Goebbels, ministre de la Propagande, qui profite de sa venue en France en juillet 1940 pour visiter le château et les différents domaines du Trianon. Mais la “balade” n’est guère plus que la visite d’une coquille vide : pas de décors dans les pièces, les Grands Appartements emmurés, plus d’eau dans les bassins, des fenêtres obstruées par des panneaux en bois… Versailles n’a plus rien du domaine clinquant et majestueux du Roi-Soleil. Sans oublier que les mesures de défense déployées depuis 1939 ont considérablement abîmé les jardins, ce qui ne plaît évidemment pas aux Allemands.

S’ils ne résident pas à l’intérieur du château, ces derniers occupent toutefois des bâtiments à proximité, comme les Petites et Grandes Écuries. Sous l’Occupation nazie, le monument historique ne subira que de légers dégâts. Il faut dire que, malgré la forte présence de l’ennemi allemand, le site réussira même à rouvrir ses portes partiellement aux visiteurs ! Le musée est en effet ouvert, mais restreint dans l’aile Nord du château, le tout sous la supervision d’André Japy, architecte en chef, de Charles Mauricheau-Beaupré, conservateur en chef, et du Kunstschutz, le service allemand de protection des œuvres d’art dirigé par Franz von Wolff-Metternich. Alors que le conflit prend de l’ampleur, le parc va progressivement se militariser et le domaine sera même la cible de bombardements en juin 1944. Des attaques qui ne viendront heureusement pas endommager gravement le château ou le parc, même s’il faudra attendre l’arrivée des premiers chars de l’armée Leclerc, à l’aube du 25 août, pour que le château de Versailles retrouve sa liberté.

Des troupes allemandes dans la cour du château © Château de Versailles

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