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La maison d'éducation de la Légion d'Honneur, symbole napoléonien de la rigueur et de l'excellence

Maison d'éducation de la Légion d'Honneur Saint-Denis
Par Alexandre M

Plusieurs établissements dans la capitale ont la réputation d’être des écoles d’élite, où l’on forme des élèves promis à de grandes carrières. C’est non loin de la Basilique de Saint-Denis que se trouve l’un de ses établissements les plus emblématiques : ordonné par Napoléon Ier, il a la particularité d’être intégralement féminin. On vous présente la maison d’éducation de la Légion d’Honneur !

Un autre monument parisien emblématique que l’on doit à Napoléon Ier

Si, à l’époque, il existe déjà plusieurs lycées militaires destinés à éduquer les garçons et en faire de futurs soldats, au début du XIXe siècle, les jeunes filles n’ont pas les mêmes droits à l’enseignement. C’est pour remédier à cela que l’Empereur signe, le 15 décembre 1805, le décret de création des maisons d’éducation de la Légion d’honneur. Dans une volonté très précise de subvenir à l’éducation et aux besoins des filles, très souvent orphelines, de soldats, trois maisons sont créées : elles n’accueillent alors que les filles de récipiendaires de la Légion d’honneur. Ces dernières sont admises entre 7 et 10 ans, l’âge de sortie étant fixé à 21 ans.

La direction de la première maison est confiée à Madame Campan, qui fut notamment première femme de chambre de Marie-Antoinette. Malgré la volonté de cette Madame Campan que la première école soit installée dans son pensionnat de Saint-Germain-en-Laye, Napoléon Ier choisit finalement le château d’Écouen (Val d’Oise), propriété de la Légion d’Honneur depuis 1806.

Le 25 mars 1809, Napoléon Ier, qui a eu des projets démesurés pour Paris, signe le décret de création d’une deuxième maison, dans le cloître de l’ancienne abbaye royale de Saint-Denis. Inauguré le 1er juillet 1811, l’établissement n’accueillera ses premières élèves qu’en 1812. En 1821, l’organisation des maisons est repensée et l’établissement de Saint-Denis devient réservé aux filles d’officiers supérieurs, tandis que les autres maisons ont un rôle de succursales.

Par la suite, au rythme des différentes réformes concernant l’enseignement, la maison de Saint-Denis adoptera le même programme que les lycées, offrira une préparation au brevet supérieur et ouvrira même une classe préparatoire de Lettres Supérieures, une classe de Première Supérieure et, enfin, une classe de BTS de commerce international. La maison accueille aujourd’hui 500 élèves de lycée, de la Seconde à la Terminale, ainsi que les classes d’hypokhâgne, de khâgne, et de BTS de commerce international.

Un lieu où la rigueur et l’excellence sont de mise

Mais si cet établissement est largement reconnu pour son prestige, un autre critère est indissociable des lieux : la rigueur. Si l’obligation d’être descendant d’un possesseur de la Légion d’Honneur, dont on vous recommande chaudement le musée, réduit déjà beaucoup le nombre d’étudiantes potentielles, étudier dans cette école n’est clairement pas donné à tout le monde : sur 700 demandes chaque année, seul un tiers est accepté. Dans cet établissement où les trois mots-clés sont l’ordre, la tradition et l’excellence, l’organisation ressemble à une véritable immersion dans le monde militaire.

Tout d’abord, le port de l’uniforme y est obligatoire : il est constitué d’une robe bleu marine, sans manches, et d’un chemisier blanc à manches courtes en été et à manches longues en hiver. Cet uniforme est complété par une ceinture, portée comme une écharpe dans les concours, dont la couleur indique le niveau (verte pour les élèves de 6ème ou encore blanche pour celles de 1ère). Au sein de la maison d’éducation de la Légion d’Honneur, on ne plaisante pas avec le respect des règles. À tel point que les écarts de comportement sont sévèrement punis…

En effet, au bout de deux avertissements, l’élève sanctionnée n’a tout simplement plus la possibilité de se réinscrire l’année suivante. Et au troisième avertissement, c’est l’exclusion directe qui attend la malheureuse. Un blâme qui peut arriver si l’on n’effectue pas la révérence devant la directrice de l’établissement, que l’on appelle par le terme de “surintendante”. Un enseignement basé sur la rigueur qui porte ses fruits puisque l’établissement enregistre un taux de réussite au bac de 100%, dont 50% de mentions “Très Bien”. Et si une tête bien faite est primordiale – un corps bien fait l’est tout autant dirait Rabelais – les élèves doivent aussi maîtriser la grande musique. Avec pas moins de 20 studios, un orchestre et une chorale, les élèves doivent savoir jouer du Mozart ou du Beethoven, une compétence requise à l’époque napoléonienne pour briller en société. 

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