Le bucolique passage Lhomme et ses boutiques d’antan
Si ses nombreux bars, salles de concert, marchés et commerces font du quartier Sainte-Marguerite (11e arrondissement) l’un des plus vivants de Paris, cet ancien centre de l’artisanat parisien regorge également de petits chemins de traverse tout ce qu’il y a de plus bucoliques, que l’on découvre par hasard au coin d’une rue ou sous le porche d’un immeuble. Le passage Lhomme, du nom de l’ancien propriétaire du terrain sur lequel il est construit, fait partie de ces trésors à ciel ouvert que l’on aime découvrir avec attention.
Un témoin du Paris artisanal figé dans le temps
Accessible par le numéro 26 de la rue de Charonne, le passage Lhomme n’attire pas l’attention dès le premier regard, et pour cause. Avant de le découvrir, il nous faut traverser un court mais triste passage souvent recouvert de tags et surmonté d’une enseigne blanche et bleue tout ce qu’il y a de plus banale.
L’arrivée à notre destination n’en est que plus étonnante : ici, les habitations sont peu élevées, les pavés se laissent gentiment envahir par les mauvaises herbes, les plantes en pot s’épanouissent toute l’année et les détails pittoresques sont légion. Presque tous les édifices – une dizaine – sont accompagnés, au rez-de-chaussée, de leurs baies vitrées en bois ou en acier qui nous rappellent la destination initiale du lieu : être un abri pour les ateliers artisanaux et les travailleurs du bois du quartier.
Les vestiges d’une scierie et des nombreuses boutiques d’antan
Au fond de ce passage à l’allure authentique, un large édifice rouge brique nous laisse entrevoir une grande cheminée industrielle à base carrée. Cet édifice aujourd’hui délabré est le vestige d’une ancienne scierie qui, dès les années 1850, tournait à plein régime pour alimenter en bois les artisans du quartier, et surtout ceux du passage. Jusque dans les années 1970, le passage était en effet un véritable écrin pour les artisans et les travailleurs du bois : ébénistes, menuisiers, restaurateurs de meubles anciens, serruriers ou fûtiers occupaient alors tous les ateliers de la rue !
La plupart des boutiques artisanales ont fermé leurs portes depuis bien longtemps, mais leurs enseignes sont restées. L’atelier de La Chaiserie du Faubourg, dont la spécialité était la réparation de chaises, est aujourd’hui fermé, tout comme l’Atelier Flé, spécialisé dans la gainerie d’art et installé au début du passage depuis 1921. Ce dernier a été remplacé par une librairie de BD et de livres jeunesse qui a joliment conservé quelques vestiges de l’atelier et redonne un peu de vie à cet agréable coin du 11e arrondissement, l’un des derniers témoins du Paris artisanal et industriel.
Passage Lhomme
Accès par le 26 rue de Charonne, 75011
