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Le souterrain de la rue des Feuillantines

Par Cyrielle

Carrières, bunkers, brasseries, galeries d’art, Catacombes… Les sous-sols parisiens cachent de nombreux secrets ! Parmi ces dizaines de lieux si bien dissimulés se trouve un étonnant vestige de la Seconde Guerre mondiale : l’abri des Feuillantines. On vous dévoile la petite histoire de ce lieu qui a failli être le témoin d’une page importante de notre Histoire.

Un abri érigé pour protéger les habitants du quartier…

Située au coeur du 5e arrondissement et à deux pas du Val-de-Grâce, la rue des Feuillantines tient son nom d’un groupe de religieuses qui y avaient établi leur couvent à l’aube du XVIIe siècle. C’est sous l’emplacement de cet ancien couvent supprimé en 1792 que se trouve l’abri qui nous intéresse aujourd’hui.

Initialement pensé pour abriter les écoliers du quartier en cas d’attaque aérienne des Allemands, cet abri situé dans les sous-sols du 5e arrondissement ne ressemble en rien à ce qu’ont connu les petits, puis les grands, Parisiens entre 1942 et 1944. Et pour cause, en 1944, il a été transformé en bunker secret pour les personnalités les plus éminentes du régime de Vichy.

… puis l’état-major général du gouvernement de Vichy

À cette époque, Pierre Laval – alors chef du gouvernement du maréchal Pétain et fervent défenseur d’une collaboration d’État avec l’Allemagne nazie – sent que les choses tournent mal pour son gouvernement. Celui qui a déjà été victime d’un attentat trois ans plus tôt demande alors au préfet de la Seine de lui trouver un endroit sûr en cas d’attaque des Alliés ou des résistants, un abri secret qui permettrait de l’accueillir, lui et sa famille, ainsi que la cinquantaine de personnes composant son état-major.

Suffisamment grand et relativement central, l’abri des Feuillantines est parfait pour ça. Peu importe qu’il soit essentiel à la population en cas d’attaque, le réaménagement de cet abri ne se fait donc pas tarder… Et l’on voit les choses en grand : une dizaine de chambres-dortoirs, quelques bureaux, une cuisine, une infirmerie, des toilettes, toutes les pièces d’un appartement sont créées sous les rues du quartier. Mieux, on y installe également l’électricité, le chauffage, la climatisation et même un système privé d’écoulement des eaux usées. Bref, tout ce qu’il faut pour vivre en toute tranquillité pendant des mois sans remonter à la surface.

Seul problème ? Alors que les Parisiens ont du se contenter de quelques caves disséminées dans les rues du quartier pour se protéger jusqu’à la Libération, l’abri, désormais surnommé « Abri Laval » ne sera achevé qu’en décembre 1945… Soit plus de six mois après la capitulation allemande et seize mois après la Libération de Paris !

Il ne sera donc finalement jamais utilisé comme bunker de protection, mais comme prison de fortune pour quelques collaborationnistes et des membres de la Milice française. Il fait aujourd’hui le plus grand plaisir des cataphiles parisiens.

Plan Giraud de l'Abri Laval datant des années 1990
Plan Giraud de l’Abri Laval datant des années 1990

Crédit photo de une : Fil de Fer