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Portrait de Madame de La Fayette

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Par Leonard

Madame de La Fayette (1634-1693) est l’une des femmes qui a le plus apporté à l’histoire littéraire française. Son œuvre est intrinsèquement liée au mouvement des « précieuses », dont aimait tant se moquer Molière… Mais au-delà de cette passion pour l’écriture, et de sa plume acérée qui préfigure le roman moderne, Madame de La Fayette était avant tout une personnalité remarquée et remarquable qui suscita la passion de son temps…

Une origine noble

Née Marie-Madeleine Pioche de La Vergne, la jeune femme est issue de la petite noblesse parisienne, ce qui lui permet de côtoyer très vite l’aristocratie française de son temps. Cette intégration à l’élite est rendue possible grâce aux relations de son père, qui gravite dans les milieux politiques proches du Cardinal Richelieu.

A l’âge de 16 ans seulement, la jeune Marie-Madeleine est propulsée dame d’honneur de la reine de France Anne D’Autriche (épouse du défunt Louis XIII et père de Louis XIV). Dans ce petit monde fermé de l’aristocratie parisienne, Marie-Madeleine se lie d’amitié avec une autre grande femme de l’époque, Marie de Sévigné. Toutes deux sont introduites dans les salons littéraires en vogue à Paris, notamment à l’hôtel de Rambouillet, dans le Marais. Dans ces salons, se pratique l’art de la conversation et s’expriment les codes de civilité aristocratiques, dont la jeune Marie-Madeleine devient très vite la référence : c’est l’époque de la politesse, des conversations pompeuses et d’une esthétique fondée sur la bonne tenue, la belle apparence…place-vosges-paris-zigzag

En 1655, alors âgée de 21 ans, Marie-Madeleine épouse le comte de La Fayette, noble auvergnat dont on a gardé très peu de sources : La Bruyère dira ainsi : “Nous trouvons à présent une femme qui a tellement éclipsé son mari, que nous ne savons pas s’il est mort ou en vie…”. Avec ce mystérieux Comte, madame de la Fayette aura néanmoins deux fils.

Madame de La Fayette et sa vie parisienne

A Paris, Madame de La Fayette crée son propre salon littéraire. Elle y reçoit les grandes figures de son temps – dont Racine et Boileau. Elle fréquente également le cercle de l’Hôtel de Nevers et rencontre vers 1660 le théologien janséniste (partisan d’un rigorisme moral poussé) François de La Rochefoucauld, avec qui elle se lie d’amitié. Femme très sociable, Madame de La Fayette noue également des relations d’amitié avec Henriette d’Angleterre, l’épouse du frère du roi. Grâce à cela, elle pénètre l’intimité de la cour…

Hôtel de Nevers, à Paris.

La Fayette, écrivaine de génie

De cette immersion dans les plus hautes sphères parisiennes, Madame de la Fayette en tire un premier roman, écrit sous pseudonyme, La Princesse de Montpensier, en 1662, qui prend pour cadre le XVIe siècle. En 1678, La Fayette réitère avec son oeuvre la plus célèbre : La Princesse de Clèves, dont l’intrigue se déroule également à l’époque d’Henri II, au XVIe siècle. Celui-ci est un chef d’œuvre d’analyse psychologique, qui préfigure le roman moderne. Décrite comme “civile, obligeante et un peu railleuse”, elle fait partie de ces femmes avant-gardistes qui participent à la naissance des femmes de lettres et souhaitent être reconnue pour leur intelligence et leurs aptitudes d’écriture. Ces “précieuses” ont aussi la particularité d’être régulièrement courtisées tout un parterre d’admirateurs… Au grand désespoir de ces galants hommes, Madame De La Fayette était une grande partisane de l’amour chaste et ne cédait jamais (ou presque) à la passion charnelle.

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@Gallica. La princesse de clèves (le personnage a vraiment existé à la fin du XVIe siècle)

Après la mort de son mari et de son ami La Rochefoucauld, elle écrit Mémoires de la Cour de France pour les années 1688 et 1689, qui ne seront publiés qu’après sa mort. Madame de La Fayette meurt, à Paris, le 25 mai 1693.

Personnalité hors du commun qui a appelé la lumière sur elle et suscitée la passion des hommes de cour, Madame de La Fayette passait pour être la spécialiste des intrigues de cour et de qu’on appellerait aujourd’hui “la psychologie amoureuse“. Le personnage de la princesse de Clèves, refusant obstinément de céder aux avances de son grand amour, est encore aujourd’hui analysé sur une grande variété d’analyses : les œuvres de madame de Lafeyette sont tenues pour être parmi les plus riches sur le plan psychologique !

Récemment remises au goût du jour il y a quelques années dans les programmes du bac littéraire – suite notamment à une polémique avec l’ancien président Sarkozy – Madame de La Fayette est considérée comme une précurseuse de l’histoire littéraire féminine et sa plus digne représentante !

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