
Ils sont pas moins de 68 (d’après des chiffres datant de 2020) et permettent aux automobilistes de faire des haltes confortables sur la route des vacances. Bien plus qu’une réputation, c’est un véritable label attribué par le ministère de la transition écologique et solidaire : celui de “Village-Étape”. Au sein de ce vaste réseau se trouvent des villages pleins de charme… comme cette commune dont le nom signifie “haute montagne” en occitan !
Un statut de village-étape qui dure depuis la nuit des temps
Tout d’abord parce que celui-ci se trouve sur un carrefour de communications humaines : la Voie Agrippa (époque Gallo-Romaine) qui reliait Lyon à Toulouse, la Via Podiensis (Moyen Âge) qui menait les pèlerins en provenance du Puy en Velay vers St-Jacques de Compostelle, la ligne de chemin de fer Paris / Béziers, la route nationale 9 et l’autoroute A75 “La Méridienne”. Surtout, les origines de ce village sont obscures. D’après les premiers documents connus, le village existait vers l’an mille. L’agglomération se serait alors formée autour d’un prieuré fortifié et, au Moyen âge, le village s’étendait de l’église à l’actuelle mairie. De sa longue histoire, il n’y a pas grand-chose d’autre de remarquable à dire, comme si le village avait été un témoin silencieux de l’Histoire. Une discrétion à laquelle vient toutefois s’ajouter un peu de mystère. À l’image de la si bien-nommée Pierre Mystérieuse. En effet, personne ne sait ni d’où elle vient, ni de quand elle date, ni ce qu’elle représente. Ce qui est certain en revanche, c’est que seule la partie d’en bas est d’origine, le reste ayant été refait mais est-il identique à l’original ? Pour certains, le dessin représenterait une croix swastika, symbole sacré de l’adoration du soleil dans la religion hindou. Mais d’autres théories existent : les points cardinaux, les 4 saisons, les 4 âges ou cycles de la vie… Selon les dernières recherches, elle aurait un lien avec l’ancien prieuré et représenterait un trigramme : Jésus Sauveur des Hommes. Une théorie pas si étonnante dans la mesure où ce même village est emprunté chaque année par des milliers de pèlerins. Étape incontournable de la traversée des monts d’Aubrac sur le chemin de Compostelle, le village est aussi un point d’accès au sentier de grande randonnée de pays Tour des Monts d’Aubrac, ainsi que le point de départ du chemin pèlerin de Saint-Guilhem-le-Désert.
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Havre de paix jadis tourmenté par une créature mythique
Ce qui est en revanche certain, c’est que ce village regorge de surprises architecturales. Grande arcade, fenêtres croisées et imposantes arcades en plein-cintre, l’impression d’être en pleine époque médiévale est on ne peut plus réelle. Un spectacle d’autant plus saisissant que d’autres maisons, au cœur du centre du village, sont quant à elles le témoignage d’une architecture du XXe siècle. Un charmant contraste auquel s’ajoutent, aux quatre coins du village, des petits édifices de curiosité. Les passionnés de patrimoine apprécieront par exemple un circuit de 3 kilomètres à travers le village, à la découverte de sites comme la Maison du Prieuré, fondée au XIe siècle et jadis lieu d’affinage avant de devenir le siège de l’Office du Tourisme de l’Aubrac Lozérien, ou l’église Saint-Étienne. Sans oublier la statue de la Bête du Gévaudan, qui terrorisa la région entre 1764 et 1767, qui veille sur la fontaine du village. Car oui, c’est ici, à la frontière entre Margeride et Aubrac, que la fameuse Bête du Gévaudan causa tant de souffrance et d’inquiétude au XVIIIe siècle. Ironie du sort, c’est sur cette terre que vivent désormais… une centaine de loups. En effet, c’est ici que l’on trouve le Parc des Loups du Gévaudan, plus grande réserve de loups d’Europe, venant de Sibérie ou de Mongolie. Du temps de la Bête du Gévaudan, 20 000 loups peuplaient les forêts de France, sans jamais s’attaquer aux hommes. À l’exception de cette mystérieuse Bête du Gévaudan, qui n’a pas fini de fasciner autant qu’elle fait frissonner… Enfin, pour s’offrir une vue imprenable sur le village, il faut enfiler les bonnes chaussures et grimper au Truc del Fabre. En plus d’une statue du Christ-Roi, qui mesure 4 mètres de haut et qui devient le théâtre le 3ème dimanche du mois du juillet d’une messe, ce monticule offre de sacrés points de vue sur ce beau village qu’est Aumont-Aubrac.
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Une invitation à explorer le vaste territoire de la Lozère
En plus de ses paysages époustouflants, Aumont-Aubrac fait également office de dépaysement total avec ses spécialités culinaires. Les restaurateurs et commerçants locaux invitent les curieux à goûter des plats traditionnels comme l’aligot, ou des douceurs typiques telles que l’aubracois et la coupétade. Idéal pour reprendre des forces avant d’aller découvrir les autres merveilles des environs, comme le Jardin Public et son séquoia géant et centenaire ou encore la place du Foirail. De par son statut de village-étape, arpenter Aumont-Aubrac et ses environs est aussi l’occasion de découvrir les autres villages étapes de la Lozère. Baignée par les eaux claires de l’Urugne, La Canourgue ressemble (presque) à s’y méprendre à Venise, avec la présence de canaux. Dès le Moyen-Âge, ces canaux ont été aménagés pour permettre aux hommes d’utiliser la force motrice de l’eau. En arpentant des rues chargées d’histoires, on est ainsi amenés à découvrir quelques merveilles comme la Tour de l’Horloge, la place au Blé, la maison à pans de bois, l’église romane remarquable ou encore les anciennes échoppes, tous témoins de l’époque médiévale. Impossible également de ne pas faire un détour par le centre ancien avec ses demeures Renaissance et ses porches. Capitale du Parc National des Cévennes, Florac est un village lui aussi chargé d’histoire. Une véritable invitation à la découverte, notamment de son château et ses jolies rues charmantes. Un village qui se situe par ailleurs au carrefour de trois sites géologiques remarquables : le schiste des Cévennes, le granit du Mont Lozère et le calcaire des Causses.
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Image à la une : Aumont-Aubrac © Alamy Images
