Cette charmante ville autrefois carrefour majeur d’échanges commerciaux est le lieu de naissance d’un célèbre poète

C’est une véritable plongée dans l’Histoire de France qu’offre cette ville, dessinée à l’italienne dans un pur style baroque. Une ville d’art et d’histoire qui, en plus d’accueillir des sites et événements culturels de renom, regorge de bien d’autres richesses…

Le rêve idéal (et urbanistique) d’un prince

Charleville-Mézières est une ville assurément unique pour des raisons historiques, elle que l’on reconnaît comme une ville deux fois nouvelle. Il y a à l’origine Charleville, une cité idéale créée par le prince Charles de Gonzague au début du XVIIe siècle non loin de Mézières, ville commerçante prospère qui s’était développée au Moyen Âge. Prince souverain d’un petit territoire limitrophe au royaume de France, où ne s’élève qu’un petit bourg appelé Arches, ce dernier pose en 1606 la première pierre d’une cité qui porte son nom : Charleville. Pendant une vingtaine d’années, il s’emploie à faire sortir de terre sa ville idéale : la cité rationnellement organisée autour de la place Ducale déroule ses perspectives de façades de briques et de pierres. Charles de Gonzague attire des artisans et des négociants, implante des couvents catholiques et offre même l’asile. La ville rayonne aussi grâce à la création de la Manufacture royale d’armes. Une pensée urbanistique développée et respectée par ses descendants et les édiles successifs jusqu’au XIXe siècle. L’âge industriel est florissant à Charleville, où les faubourgs voient se construire usines et belles villas des capitaines d’industrie. Mais la Première Guerre mondiale frappe et, les Ardennes étant le seul département entièrement occupé, Charleville et Mézières sont alors réunies pour la première fois, en tant que siège du Grand Quartier général allemand.

Une démonstration architecturale à chaque coin de rue

Une fois la Seconde Guerre mondiale passée, il faut attendre 1965-1966 pour que la ville soit refondée par la fusion des six communes lovées dans les boucles de la Meuse : Charleville, Mézières, Le Theux, Étion, Mohon et Montcy-Saint-Pierre. Pas de quoi, heureusement, faire disparaître le caractère hérité du Moyen Âge et de la Renaissance, notamment perceptible autour de la basilique. Parfait symbole de cette histoire qui a su perdurer jusqu’à nous, la place Ducale. Ce joyau architectural du XVIIe siècle est le cœur de Charleville, véritable point de convergence et centre géométrique, architectural, administratif et économique de la ville. À deux pas de la place Ducale, que l’on nomme souvent comme la petite sœur de la Place des Vosges de Paris, le marché couvert de Charleville-Mézières est une véritable invitation à découvrir les saveurs du terroir. Tout au long de l’année, une quinzaine de producteurs locaux, artisans, éleveurs, etc. exposent leur savoir-faire tous les mardis, jeudis et samedis matins. Un lieu emblématique de la vie carolomacérienne où l’on y trouve de tout : légumes, pains, viandes, fruits, miel, fromages, épices, fleurs… Et tout est local ! Entre le style Art Déco, très présent dans le quartier de l’avenue d’Arches à Mézières, mais aussi à Charleville à travers les anciens bains-douches ou plusieurs belles maisons, ou le style médiéval qui continue d’impressionner, notamment grâce aux fortifications de Mézières, l’expression de “livre ouvert sur l’Histoire” prend ici tout son sens à Charleville-Mézières.

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Le berceau d’un grand nom de la littérature française

Chef-lieu des Ardennes françaises et carrefour d’échanges commerciaux depuis le Moyen-Âge, Charleville-Mézières est donc une ville d’histoire qui séduit par la diversité et la richesse de son patrimoine. Mais à cette richesse vient également un attrait certain pour l’art. Au cœur d’un écrin exceptionnel, entre classicisme du XVIIe siècle et modernité d’une architecture de verre et d’acier, le Musée de l’Ardenne fait découvrir l’histoire d’un territoire singulier, dans un lieu où se mêlent de nombreux artistes originaires des Ardennes qui ont su sublimer la beauté des paysages et la vie rurale au temps suspendu. Mais ce lien à l’art, il vient aussi d’un natif de la commune : Arthur Rimbaud. C’est à Charleville qu’est né cet enfant précoce et rebelle, devenu par la suite une icône littéraire reconnue dans le monde entier. Et si des visites guidées “sur les pas d’Arthur Rimbaud” ont lieu, le meilleur moyen de s’imprégner de son œuvre reste encore de se rendre au musée Rimbaud. Posé sur un bras de la Meuse dans un ancien moulin du XVIIe siècle, cet espace présente de nombreuses photographies retraçant la vie et l’œuvre poétique de l’artiste. Le visiteur a également accès à bon nombre de témoignages et d’objets qui ont notamment accompagné l’enfant de Charleville dans son périple africain : valise, pièces d’étoffe, livres techniques mais aussi éditions originales et autres souvenirs personnels. Pour prolonger l’immersion, on trouve en face du musée la maison où le poète a grandi, et qui accueille aujourd’hui la maison des Ailleurs, suite logique du musée où ont lieu des expositions temporaires mettant en valeur l’œuvre de Rimbaud ou de poètes contemporains.