Dans la longue liste des villages médiévaux que l’on peut trouver en France, beaucoup possèdent la particularité d’avoir été bâtis autour d’une abbaye, comme Fontevraud ou Lavaudieu, paisible village fondé au XIe siècle. Une caractéristique qui a souvent permis à la cité médiévale en question de prospérer, de par son influence religieuse ou par le commerce de biens spécifiques. Des points communs que les deux villages cités plus haut partagent avec ce village de la Loire, véritable patrimoine vivant entre Bourgogne, Forez et Beaujolais…
Un modèle de cité médiévale à 1h de l’abbaye de Cluny
C’est dans la vallée du Sornin que des bénédictins fondent une abbaye vers 872 et nomment le site Carus Locus, ce qui donne Cher lieu. Rattaché à Cluny vers 932, le prieuré voit se former près de lui une ville marchande. Il faut dire que le bourg se trouve alors au carrefour de deux routes importantes : de Paris à Lyon et de la Saône à la Loire, mais aussi à la limite du duché de Bourgogne. Cette position stratégique amène surtout les rois de France à prendre la cité sous leur protection, à l’image de Philippe Auguste qui, en 1180, la fait fortifier. Toutefois, l’influence d’un autre roi se fait également ressentir dans les plus lointaines origines du bourg : si le site est d’abord connu comme Cher Lieu (Carus Locus), Charlieu peut également représenter le lieu de Charles (Carolus locus), puisque l’abbaye de Charlieu est fondée à l’époque de Charlemagne. Ville prospère au Moyen Âge, peuplée de marchands et d’artisans, la ville ne cesse de s’enrichir, notamment d’un point de vue patrimonial avec l’édification au XIIIe siècle d’une église paroissiale dédiée à Saint Philibert. Cette dernière est édifiée avec la pierre locale dite “pierre de Charlieu”, un calcaire issu de carrières voisines aux teintes jaunes-orangées. Tandis que le chœur de style bourguignon renferme un trésor unique en France et rare et Europe, à savoir des stalles aux 24 dossiers peints représentants des saints et des apôtres, l’église mérite également de lever les yeux vers le ciel. Le clocher abrite en effet le plus grand carillon du département de la Loire : 18 cloches, dont le tintement anime la cité trois fois par jour.
Une voyage dans le temps entre Moyen Âge et XIXe siècle
Animée, c’est aussi en ces termes que l’on peut résumer la vie du village lors des siècles suivants. Si le XVe siècle voit Charlieu jouer un rôle important durant le conflit entre les Armagnacs (parti du roi) et les Bourguignons, l’essor de la ville s’essouffle dans le même temps alors que le trafic routier se détourne. Il faut finalement attendre l’implantation du tissage de la soie en 1827 pour que la dynamique reprenne. De cette riche histoire, la ville a conservé des maisons en pierre du XIIIe siècle, de pittoresques maisons à pans de bois en encorbellements datant des XIVe et XVe siècles, mais aussi de style Renaissance et Classique. Sans oublier bien entendu cette abbaye Saint-Fortuné, ô combien essentielle dans l’histoire de la cité, fondée en 872 et classée au titre des monuments historiques depuis 1862. Un édifice réputé pour ses tympans sculptés, témoins de l’évolution de l’art roman : si celui de l’église est un des plus anciens de l’art roman en France, celui du porche, plus tardif, n’en demeure pas moins un véritable chef-d’œuvre. Autant de merveilles qui justifient à elles l’attribution de nombreux labels ou marques de qualité comme les Plus Beaux Détours de France, les Petites cités de caractères ou les Villages de Caractère de la Loire. Outre sa richesse médiévale, Charlieu est aussi une plongée dans le XIXe siècle, synonyme de renouveau pour le village. En suivant la visite guidée de l’Office du tourisme, le développement du tissage de la soie, l’arrivée du chemin de fer et l’apparition de la notion de patrimoine vont de pair avec l’évocation des personnalités marquantes et les bâtiments conservés de cette période au sein d’un parcours qui démarre du cœur de ville pour se poursuivre sur les boulevards.
Une richesse culturelle qui s’apprécie autant qu’elle se déguste
Pendant plus d’un siècle, la ville de Charlieu a vécu au rythme des métiers à tisser. Outre les visites guidées, cet aspect essentiel de l’histoire du village est à (re)découvrir au Musée de la Soierie, qui présente l’évolution du matériel textile du XIXe siècle à nos jours. Robes de soie, échantillons de créations conçues pour la Haute Couture et ameublement de luxe sont exposés, tandis que des photographies d’ateliers de tissage et la diffusion d’un film sur les entreprises actuelles viennent immerger un peu plus le visiteur dans le cœur de cette activité ancestrale et toujours vivante. Par ailleurs, pour faire honneur à cette partie de son ADN, Charlieu accueille chaque année en septembre Les Grandes Fêtes de la Soierie. Tout comme la soie est indissociable de Charlieu, la longue tradition marchande de Charlieu se perpétue avec ses commerces de bouche. Outre la spécialité qu’est l’andouille, on trouve aussi chocolats et brioches aux pralines de renom, ainsi qu’une viande de toute première qualité (AOC Bœuf de Charolles) à déguster dans les restaurants et à retrouver sur les marchés de Charlieu. Et puisqu’il est question de marchés, le charme de la cité n’est sans doute jamais plus beau que durant le marché nocturne de l’été, composé d’une quarantaine de stands, et occasion parfaite de découvrir la richesse de créations locales déclinées sous toutes leurs formes : bijoux, textiles, gourmandises, objets de décoration, produits de beauté, poteries, peintures, livres… Le tout bercés par les démonstrations et l’ambiance musicale, pour au final ne plus avoir envie de quitter ce cher lieu !
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Image à la une : Charlieu © ADT42-Lambert