Pour une mise au vert dépaysante sans trop s’éloigner de Paris, l’Essonne est particulièrement reconnue pour ses nombreux jardins, publics ou privés, qui témoignent de la longue histoire de ce territoire. Outre les deux villes médiévales que sont Dourdan et Etampes, qui offrent un aperçu de la vie au Moyen Âge grâce aux fortifications et autres vestiges, on peut en effet citer les domaines départementaux de Chamarande (XVIIe siècle) ou de Méréville (XVIIIe siècle), pour ceux qui préfèrent déambuler dans un paradis de fleurs et de verdure. Si d’autres lieux témoignent aussi de l’attachement viscéral d’artistes et de personnages historiques à ce territoire, comme la Maison Cocteau ou la Maison littéraire de Victor Hugo, le département est aussi reconnu pour accueillir de somptueux châteaux…
De simple manoir à propriété d’un duc
Pour profiter d’un peu de calme et d’un cadre champêtre, la solution se trouve en plein cœur de l’Essonne, à à peu près 35 km de Paris. Loin du tumulte de la ville, le château de Courson est un trésor méconnu de l’Île-de-France et, surtout, le point de départ d’un fabuleux domaine qui offre de splendides points de vue et une promenade bucolique, au milieu des arbres rares et des bosquets harmonieusement disposés autour d’un étang. Les débuts de ce château sont plutôt flous, quand on sait seulement que sa date de début de construction remonte à 1550. À l’origine manoir, l’édifice attire d’emblée l’œil par son association de pierre en grès ferrugineux à la brique d’extraction locale, d’un délicat orangé ou par ses toits ardoises. C’est en 1672 que Courson devient, par donation royale, la résidence d’une grande lignée de parlementaires : les Lamoignon. De Guillaume, premier Président du Parlement de Paris à son fils cadet Nicolas, haut fonctionnaire parmi les plus influents de son temps, le manoir se transforme petit à petit en une noble demeure de résidence, ouverte et lumineuse, qui s’inspire de Rosny ou du domaine originel de Versailles. Après les Lamoignon, le domaine revient à plusieurs propriétaires successifs jusqu’à ce qu’Anne-Rose-Zoé de Montesquiou, hérite de Courson. Cette dernière vient d’épouser Jean-Thomas Arrighi de Casanova, un cousin germain de Napoléon Bonaparte qui devient duc de Padoue. De retour d’exil en 1820, le duc lance une grande campagne de restauration du domaine.
Un jardin remarquable à plus d’un titre
Sous la direction du duc de Padoue, le jardin “à la française” dessiné par un élève de Le Nôtre va notamment se transformer en un parc paysager romantique qui s’ouvre sur la campagne environnante, où de nombreuses espèces sont introduites. Son fils Ernest de Padoue entreprendra à son tour une profonde rénovation du domaine, complétant notamment le parc en y aménageant l’étang. Le XXe siècle est synonyme de réveil pour le parc qui commence à accueillir progressivement des visiteurs, à l’époque où les premiers signes de regain d’intérêt pour les plantes et les jardins apparaissent en France. La consécration arrive en 1982 lorsque l’Association des Parcs Botaniques de France propose d’organiser à Courson leur rendez-vous annuel, les Journées des Plantes. Si cet événement se tient désormais au Domaine de Chantilly, Courson continue d’attirer les curieux, fascinés par les arbres remarquables. Un espace d’ailleurs destiné aux familles, notamment depuis la création d’un parcours de découverte destiné aux enfants : le parcours d’Hippolyte. Fruit du travail des plus grands paysagistes des siècles précédents, le parc de Courson est assurément l’un des plus beaux jardins romantiques de France, estampillé “Jardin Remarquable” en 2004. Près de 3000 arbres et arbustes côtoient d’innombrables massifs de plantes, composant ainsi de magnifiques tableaux en toutes saisons : multicolores au printemps (camélias, prunus, magnolias, etc.), rafraîchissants l’été (roses, hydrangeas), flamboyants l’automne (chênes centenaires, liquidambars, hêtres, etc.) ou mélancoliques l’hiver grâce à la neige.
Il n’y pas que le jardin qui abrite des merveilles…
Si le jardin de Courson a de quoi émerveiller pendant plusieurs heures, quitter le domaine sans même un passage par le château serait une regrettable erreur. L’intérieur de cet ancien manoir est une formidable succession de salons monumentaux, redécorés au XIXe siècle par l’architecte Delarue et le peintre Denuelle, artistes proches de la Cour. Tous deux transformèrent notamment l’ancien vestibule d’entrée en un salon d’apparat exceptionnel rouge et or, assurément la pièce la plus impressionnante de Courson. En plus de ses mensurations hors-normes, puisqu’étalée sur 17 mètres de long et sur deux étages, cette pièce est aussi la plus représentative de l’ouverture du château sur l’extérieur. Fort heureusement, pas besoin de quitter les murs du château pour profiter de la nature. Dans le plus pur esprit des palais italiens de la Renaissance, la pièce peut compter sur une balustrade en trompe-l’œil, ornée de plantes, surmontée d’un ciel de printemps où volent quelques oiseaux. Ouvert aux visites de mi-mars à mi-novembre, tout comme le domaine, le château brille aussi par son importante collection d’objets et de tableaux datant du Premier et du Second Empire. Outre des peintures du XVIIe siècle, l’émerveillement se trouve à chaque m² du château, qu’il s’agisse des meubles de style Directoire ou des tapisseries d’Aubusson. Autant de raisons de rendre cette virée au domaine de Courson encore plus unique.
Domaine de Courson
91680 Courson-Monteloup
Parc : 10€/plein tarif – 8€/tarif réduit
Château et parc : 12€/plein tarif – 10€/tarif réduit.
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Image à la une : Domaine de Courson © Adobe Stock