À seulement 1h de la capitale, en plein cœur du Parc Naturel Régional du Vexin Français, ce château pittoresque a vu passer de nombreux rois de France et intellectuels des Lumières. Il cache aussi des espaces troglodytes ainsi qu’un incroyable réseau souterrain ! Devenu un musée, il présente actuellement une superbe exposition sur les “Monument Men”, encore trop méconnus… Suivez-nous, on vous emmène à La Roche-Guyon !
Un impressionnant donjon du XIIe siècle
Depuis le Moyen-Âge, son imposante silhouette domine la vallée de la Seine depuis une falaise de craie. Bâti à la demande du roi Philippe-Auguste pour son vassal Guy de la Roche, sa mission est on ne peut plus claire : assurer la navigabilité et la sécurité sur le fleuve. Dans un souci de confort, le “château d’en bas” est construit à la même période, venant ainsi remplacer peu à peu le château originel et constituer une remarquable forteresse double. Passant de père en fils jusqu’en 1415, le château tombe ensuite en désuétude, avant de renaître au XVIIe siècle. Un vaste projet d’aménagement d’un parc anglais est commandé par la duchesse d’Enville et sa famille. De plus, la tour maîtresse, autrefois symbole défensif, est réhabilitée en belvédère indispensable à la promenade du cercle d’amis de la famille de La Rochefoucauld, idéal pour admirer l’étendue des terres du duché. La prestigieuse famille en profite également pour apposer sa marque sur le domaine, à l’image de la grande grille d’entrée, couronnée de la couronne ducale et des armes des La Rochefoucauld. Le château médiéval devient ainsi une grandiose demeure, où la vie aristocratique bat son plein.
Le plus grand potager d’Île-de-France après celui de Versailles
Des premiers espaces troglodytiques au potager expérimental des Lumières, en passant par les salons d’apparat aux casemates aménagées par Rommel, le château est désormais ouvert à la visite et propose ainsi à ses visiteurs un insolite voyage dans le temps. Une fois l’escalier d’honneur emprunté, on accède par exemple à la superbe salle des gardes, où se déroulaient les principaux actes de la vie publique des seigneurs des lieux et où l’on peut admirer au plafond la devise des La Rochefoucauld : “C’est mon plaisir”. Plus loin, la salle à manger, qui fut autrefois la chambre des seigneurs du château au Moyen-Âge, ou le cabinet de la cour carrée subjugue par son jeu de miroir qui donne l’impression de voir son reflet se reproduire à l’infini et son décor de boiseries. Enfin, impossible de passer à côté de l’antichambre de la duchesse, fascinante avec son décor asiatique dont la haute société raffolait au XVIIIème siècle. Situé entre le château et la Seine, le grand potager-fruitier de 3,8 hectares est tout simplement le plus grand potager d’île-de-France après celui du roi à Versailles. Après une charmante déambulation à la rencontre des 600 et quelques arbres fruitiers, l’exploration continue à travers les ruelles du village et le “sentier du patrimoine”, à la découverte d’autres merveilles comme la fontaine sculptée ou les étonnantes boves, ces cavités creusées dans la roche. Le tout pendant que l’on observe au loin ce donjon quasi-millénaire, dont Victor Hugo, sensible à son charme romantique, s’inspira pour son roman Han d’Islande.
Une exposition temporaire inédite
Dans le cadre des célébrations officielles du 80e anniversaire de la Libération et à l’occasion de sa nouvelle saison intitulée « Guerre et Paix », le Château de La Roche-Guyon présente une exposition consacrée au patrimoine culturel et artistique en temps de guerre et plus spécifiquement à l’histoire des « Monuments Men », ce « bataillon d’experts en art » rattaché aux troupes américaines et britanniques alliées. Leur mission : protéger et empêcher la destruction du patrimoine culturel européen durant la Seconde Guerre mondiale puis, au lendemain du conflit, restituer les oeuvres d’art spoliées. En effet, le Château de La Roche-Guyon, qui constituait alors l’écrin d’une collection d’objets d’art exceptionnelle appartenant à la famille La Rochefoucauld, devint, à compter de mars 1944 et durant six mois, le siège de l’état-major du maréchal Erwin Rommel. À l’été 1944, après le départ des troupes allemandes, il figure naturellement sur la liste des sites et monuments à protéger émise par le quartier général suprême des forces expéditionnaires alliées en Europe (SHAEF). L’exposition, dont le commissaire est Mattéo Grouard, historien spécialiste de la Seconde Guerre mondiale, met en lumière cette période sombre et troublée à travers une succession de récits et de témoignages, associée à une sélection d’objets, de mobilier, d’archives (articles de presse, affiches, manuscrits, cartes, photographies, etc.) et de mannequins de soldats en uniforme, le public est immergé dans une épopée historique, artistique et humaine relatant une aventure et un combat méconnus encore aujourd’hui du grand public !
Château de la Roche-Guyon
1 rue de l’Audience
95780 La Roche-Guyon
Ouvert du 1er week-end de février au dernier week-end de novembre
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Image à la une : Château de la Roche-Guyon © Adobe Stock