
Entre les châteaux de Versailles et de Vaux-le-Vicomte, très prisés lors des beaux jours, et les châteaux de la Loire, à presque 3h de la capitale, l’idée de visiter un somptueux château sur une journée peut vite tomber à l’eau. Mais c’est mal connaître la région parisienne, suffisamment riche en demeures historiques injustement méconnues. Bâtir un château, c’est avant tout réfléchir à une position stratégique : avoir une vue dégagé sur les environs, posté à l’entrée d’une ville pour impressionner d’emblée les visiteurs ou subtilement caché pour jouir d’une certaine quiétude… les choix sont nombreux. Prenons par exemple la direction à l’ouest de Paris, à 13 kilomètres au nord de Versailles se trouve une commune qui a énormément compté dans l’histoire de France : Saint-Germain-en-Laye. Dans cette commune de plus de 40 000 habitants se trouve un château, intimement lié aux rois de France, à découvrir de toute urgence !
Un lieu majeur de l’Histoire de France
Installé au croisement des routes fluviales et terrestres, dominant la vallée de la Seine et situé aux portes de Paris, le château de Saint-Germain-en-Laye ne peut rêver meilleur emplacement. À l’origine de Saint-Germain-en-Laye il y a la fondation par le roi Robert le Pieux, au début du XIe siècle, d’une église dédiée à saint Vincent et à saint Germain de Paris, sur un site élevé au bord du plateau qui domine la Seine. L’église est confiée d’abord à l’autorité de l’évêque de Paris, puis de l’abbaye Notre-Dame de Coulombs qui en fait un prieuré. Mais vers 1124, le roi Louis VI le Gros fait construire un palatium, château non fortifié en bois, sur l’emplacement de la cour du château actuel. Le château de Saint-Germain-en-Laye devient donc une résidence royale, à la fois séjour de plaisance et lieu de pouvoir pour les différents souverains qui suivent. François Ier modifia fortement l’édifice suite à son retour d’Italie, jugeant le château trop inconfortable. La construction d’un vrai palais Renaissance fut confiée à Pierre Chambiges, qui incorpora la chapelle édifiée par Saint-Louis en 1238, chef-d’œuvre de style gothique rayonnant. Henri II poursuit les travaux avec la construction du “Château Neuf”, par Philibert de l’Orme, tandis qu’Henri IV fait aménager des jardins en terrasses jusqu’à la Seine. Le château est alors devenu une véritable maison de plaisance pour le roi et sa cour. Parmi les pièces très prisées pour de telles réceptions, la salle de bal située dans l’aile ouest. . Inaugurée par Henri II en 1549, elle mesure plus de 500 m2 et possède une cheminée monumentale ornée d’un motif en pierre où figure la salamandre, emblème de François Ier. Transformée en “salle des Comédies” par Louis XIV, elle accueille plus de 140 représentations, dont certaines menées par Lully et Molière.

Une maison de plaisance sublimée sous Louis XIV
C’est aussi au château de Saint-Germain-en-Laye que sont nées plusieurs grandes figures, comme Henri II, Charles IX ou encore Marguerite de Valois, mieux connue sous le nom de Reine Margot. Sans oublier bien entendu le futur Louis XIV, qui y voit le jour en 1638. C’est entre ces murs que le Roi-Soleil passa dès 1666 l’essentiel des premières années de son règne personnel, avant son installation à Versailles en 1682. Il diligenta par exemple l’aménagement intérieur des cinq pavillons d’angle qui venaient d’être bâtis par Mansart. De plus, pour accueillir la Cour et ses fêtes, le monarque confie la création de parterres et jardins en terrasse au jardinier Le Nôtre. Lieu de promenade renommé en Île-de-France, où sont régulièrement organisés des événements, le jardin est à admirer depuis la terrasse, longue de 2km. Celle-ci offre en effet une vue panoramique exceptionnelle sur toute la vallée de la Seine, s’étendant jusqu’en bordure de forêt. Labellisé “Jardin remarquable”, le domaine compte aussi un jardin irrégulier, réalisé en 1845 par Alexandre Prosper Loaisel de Tréogate. Cette demande de création d’un jardin anglais par le roi Louis-Philippe est faite en 1844 à l’occasion de la création de la gare terminus de la ligne de chemin de fer entre Paris et Saint-Germain-en-Laye.
Abandon, guerre mondiale puis vestiges ont rythmé la vie du château
Vers la fin du XVIIIe siècle, le château laissé à l’abandon est fortement délabré faute d’entretien. Ayant servi de prison provisoire pour suspects, de garnison de vétérans, d’école de cavalerie et même de pénitencier militaire, le château n’a plus rien à voir avec la résidence royale d’antan. Peu de vestiges attestent du passé royal de ce monument, délabré et vide de tout mobilier et dont l’architecture extérieure est en très mauvais état. L’empereur Napoléon III décide alors de sa restauration pour y installer un musée des antiquités celtiques et gallo-romaines. Le musée abrite aujourd’hui l’une des plus grandes collections d’archéologie d’Europe au sein du Musée d’Archéologie Nationale de Saint-Germain-en-Laye. Théâtre de grandes fêtes et spectacles, la salle de bal abrite aujourd’hui la salle d’archéologie comparée. Quant à l’ancienne demeure des rois de France en elle-même, elle fait à nouveau parler d’elle après la Première Guerre mondiale. C’est là qu’est signé le traité de Saint-Germain-en-Laye avec l’Autriche le 10 septembre 1919, qui établit notamment la paix entre les alliés et l’Autriche. La royauté et les réceptions fastueuses ne sont donc plus qu’un lointain souvenir et les anciennes salles de cet édifice Renaissance accueillent aujourd’hui un spectacle encore plus historique : des collections archéologiques parmi les plus riches au monde. Dans les salles du musée, ce sont plus de 29.000 objets disposés dans un parcours allant de la Préhistoire jusqu’à la Gaule celtique, imaginé pour éviter de croiser trop de monde et rendu accessible en visite libre.

Château de Saint-Germain-en-Laye
1 Pl. Charles de Gaulle
78100 Saint-Germain-en-Laye
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Image à la une : Château de Saint-Germain-en-Laye © So Châteaux