Connaissez-vous ce cimetière mondialement connu qui ressemble à un échiquier géant ?
La France est un vaste territoire où l’on peut profiter de paysages si différents. Que l’on préfère les paysages littoraux, comme la côte d’Albâtre, entre Le Tréport et Le Havre, et ses falaises qui tombent à pic, ou le décor de la montagne, avec en tête l’imposant massif du Mont-Blanc, une chose est sûre : il y en a pour tous les goûts. Pour les amoureux de la plage, les bords de la Méditerranée sont très prisés pour plusieurs raisons : le climat et des décors dépaysants. Et en parlant justement de dépaysement, la meilleure option reste assurément de sauter dans un avion et embarquer pour 8h de vol pour profiter de plages somptueuses… tout en restant en France. Vous l’avez compris, bienvenue en Guadeloupe !
Un étonnant trésor à 6800 km de là
Très prisée par les touristes pour la richesse de ses paysages (îles d’origine volcanique, falaises et côtes rocheuses sauvages, cascades, plages de sable blanc, roux ou noir), la Guadeloupe est tout simplement la première destination touristique de l’outre-mer français. Entre Basse-Terre, Trois-Rivières, l’archipel des Saintes, le volcan de la Soufrière ou la réserve Cousteau, c’est une véritable immersion au paradis qui attend les curieux. Et à l’image de Paris, où des trésors architecturaux sont parfois cachés au bout d’une ruelle ou d’une galerie, l’archipel et département d’outre-mer abrite aussi d’étonnantes curiosités. L’une d’entre elles se trouve à une quinzaine de kilomètres de Pointe-à-Pitre, sur Grande-Terre, au sein de la commune de Morne-à-l’Eau. Cette étendue de terre située entre la mangrove, les grands fonds viviers et la plaine cannière a connu bon nombre de noms successifs, de Case-aux-Lamentins à Bordeaux-Bourg, en passant par Vieux-Bourg et Grippon. Si l’activité économique était essentiellement axée sur la culture de la canne à sucre, cette petite ville est aujourd’hui réputée pour accueillir chaque année la fête du Crabe. Au moment de Pâques, la commune devient l’un des plus grands rassemblements culinaires de la Guadeloupe, avec près de 5000 visiteurs. Mais l’autre raison du succès de Morne-à-l’Eau réside en un lieu pas forcément jovial à première vue : son cimetière.
Un style échiquier à la portée plus que symbolique
Si l’on peut aussi profiter d’une virée à Morne-à-l’Eau pour admirer l’église Saint-André, réputée pour son imposant vaisseau central de 13 m de haut et ses jeux de lumière, l’un des monuments les plus populaires est en effet le cimetière de Morne-à-l’Eau. Pour quelle raison ? Tout simplement pour ces motifs en damier noir et blanc qui ornent la majorité des sépultures, conférant à l’ensemble du site des airs de grand échiquier. L’immense majorité des caveaux sont construits en ciment et, surtout, en carrelage de faïence, tandis que de nombreuses tombes ressemblent à de petites maisons, avec pour certaines des toits en pente comme les cases créoles. Bien que ces motifs noirs et blancs soient dominants, on remarque toutefois une certaine touche de fantaisie sur certaines tombes, avec du bleu ou du rose. Pour ajouter un peu de mystère à ce site pas comme les autres, il n’y a pas de certitude sur l’origine d’un tel motif pour un cimetière. Selon certains spécialistes, on peut tout simplement y voir l’opposition du yin et du yang, de la vie et de la mort. Par ailleurs, le blanc est symbole du deuil en Afrique, tandis que c’est le noir en Europe : le cimetière de Morne-à-l’Eau est ainsi la parfaite alliance des deux.
Assurément le cimetière le plus festif du monde
Ce sont donc son originalité et son caractère unique qui font de ce cimetière l’un des plus visités de la Guadeloupe, et du territoire français en général. Pour la partie historique, la plus ancienne tombe semblerait dater de 1847, époque à laquelle seuls les plus riches avaient les moyens de s’offrir de telles sépultures. Mais en plus d’être un endroit forcément “instagrammable”, ce cimetière n’est décidément pas comme les autres, puisqu’il s’agit aussi d’un lieu de fêtes. Chaque année, quinze jours environ avant la Toussaint, commence un grand nettoyage où les plus jeunes du village proposent leurs services pour arracher les mauvaises herbes et repeindre les tombes afin qu’elles soient belles pour la fête des morts. Le 1er novembre au soir, les familles se retrouvent pour se recueillir sur les tombes de leurs défunts, le tout dans une ambiance de fête. Vendeurs de bokits, de pistaches et de sinoballs font vivre le cimetière qui se pare quant à lui d’un halo doré, reflet des centaines de bougies qui illuminent les tombes. Un moment aussi festif qu’émouvant, à vivre absolument si vous êtes dans les îles de Guadeloupe à cette période !
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Image à la une : Cimetière de Morne-à-l’Eau © OkFoto.it / Adobe stock