Après avoir admiré tous les trésors de Paris, il est fortement recommandé de s’aventurer en région parisienne, où se cachent de nombreux autres. Jardins cachés, châteaux magnifiques ou encore constructions insolites, le choix est vaste et, surtout, il y en a pour tous les goûts. C’est ainsi qu’à L’Isle-Adam, commune de 12 000 habitants située à 25km de Paris, on trouve par exemple un étonnant mais non moins sublime pavillon chinois. Un style étonnant au coeur du Val d’Oise, qui serait issu de l’imagination d’un riche héritier d’une dynastie de financiers et de mécènes.
Un monument qui intrigue depuis bien longtemps
Depuis la fin du XVIIIème siècle, le Pavillon Chinois de L’Isle Adam intrigue aussi bien qu’il fascine les curieux qui viennent se promener dans le jardin du parc Cassan, un espace vert qui fut autrefois un parc à fabriques dont la dernière parcelle intacte est devenue joli jardin public. La période de construction de cette œuvre octogonale serait à dater entre 1781 et 1785. Quant à l’œuvre en question, elle serait née sous l’impulsion de Pierre-Jacques Bergeret de Grandcourt, après un voyage en Italie accompagné de son père et célèbre peintre Fragonard. Selon la légende, ce dernier, accueilli pendant près de dix ans par la famille Bergeret aurait participé à sa création et à son embellissement. Propriétaire du domaine où trône aujourd’hui le parc Cassan et le pavillon chinois, Pierre-Jacques Bergeret suit la tendance de la fin du XVIIIe siècle, qui consiste à décorer des parcs à l’anglaise de fabriques chinoises. À l’époque, la Chine est un sujet de fascination pour le monde occidental, et importer cette culture ajoute de l’émotionnel et du merveilleux dans une société rigide et conventionnelle.
Un pavillon qui amène la zénitude et chasse les mauvais esprits
Véritable prouesse architecturale, le monument est de forme octogonale et trône fièrement grâce à un soubassement de pierre, que surmonte le pavillon en bois avec sa couverture de cuivre. Le soubassement en question abrite une salle fraîche à colonnes doriques au centre de laquelle se trouve un bassin circulaire qui sert à la régulation des eaux. Représentatif de l’art chinois, son double toit en forme de pagode repose sur un péristyle de huit piliers de bois et supporte un mât chargé de clochettes de bronze. Quant à la décoration, ce pavillon s’inspire des motifs les plus frappants des pagodes traditionnelles, lieux de culte bouddhistes. Le Pavillon Chinois reprend la symbolique exacte des pagodes et reflète les préoccupations sacrées des agencements. Les couleurs par exemple (jaune impérial, rouge protecteur ou encore vert de la nature) illustrent la quête d’un accord avec les éléments naturels. Le noir et le blanc du yin et du yang sont quant à eux porteurs d’une aura mystique. Avant la Révolution, on trouvait également des lions fô, qui ont été volés puis remplacés par des reproductions en pierre. Le mâle, patte droite posée sur un globe terrestre, et la femelle, patte posée sur un petit, éloignent ainsi les mauvais esprits.
Un trésor du XVIIIe siècle qui fait la fierté de L’Isle-Adam
Désireux d’aménager le parc, Pierre-Jacques Bergeret souhaitait le décorer d’autres pavillons de ce style. Malheureusement pour lui, la Révolution éclate en 1789 et met un terme au projet de parc aménagé qui demeure inabouti. Arrêté au cours de la Terreur, Pierre Jacques Bergeret survit mais doit dégager rapidement des liquidités, et ainsi vendre de nombreux biens dans la précipitation parmi lesquels le domaine de Cassan. Les derniers vestiges du château de Cassan sont rasés en 1908. Au début du XXème siècle, cette bâtisse est remplacée par le château dit Béjot, édifié dans le style Trianon. Fortement endommagé par les bombardements alliés en 1944, il est démoli en 1960. Après être resté à l’abandon pendant de nombreuses années, le promoteur du Parc de Cassan le cède à la Municipalité en 1972. Sa restauration est alors confiée à l’architecte Olivier Choppin de Janvry et son équipe, qui s’efforcent de lui redonner son faste d’antan. Le 21 juin 1975, le Pavillon Chinois est inauguré par Michel Poniatowski, maire de L’Isle-Adam, en présence de Michel Guy, Secrétaire d’Etat à la Culture. Une nouvelle restauration du monument a eu lieu de 2007 à 2008, avec en priorité la réfection du bâtiment supérieur et des soubassements de la salle fraîche.
Un “paradis terrestre” à découvrir de toute urgence !
Ce pavillon chinois possède une longue histoire faite de rebondissements et est surtout l’occasion d’en apprendre plus sur L’Isle-Adam, cette commune de 12 000 habitants. Porte d’entrée au parc naturel régional du Vexin français, la ville possède notamment la plus grande plage fluviale d’Île-de-France, ce qui en fait un lieu de balade très prisé. Un certain Balzac a même décrit L’Isle-Adam comme “le paradis terrestre”, c’est dire ! Pour ceux qui souhaitent passer une journée à L’Isle-Adam, voici une liste de choses à faire absolument : flâner sur les rives de l’Oise, se mettre au vert dans ses parcs, découvrir la marina de la ville, se recueillir au sein de son église, en apprendre plus sur la ville grâce à son musée, profiter de sa plage fluviale aux beaux jours, arpenter la forêt de L’Isle-Adam ou encore boire un verre et manger en terrasse au bord de l’eau. Sans oublier bien sûr d’immortaliser votre passage au pied du Pavillon chinois du parc Cassan !
Crédit photo de une : Val d’Oise Tourisme