
Certains villages en France sont réputés pour leurs façades typiques de la région où elles prospèrent, tandis que d’autres brillent par les monuments historiques ou leurs spécialités culinaires. Autant d’arguments qui permettent à ces charmants endroits de bénéficier du prestigieux label “Plus Beaux Villages de France”. Mais peu de villages peuvent se vanter d’avoir été directement fondés par un roi de France… rien que ça ! Pour en découvrir un parfait exemple, qui nous renvoie par ailleurs plusieurs siècles en arrière, il faut se rendre dans un département riche de la diversité et de la beauté de paysages et de sites patrimoniaux d’exception : la Dordogne.
Une bastide assez étonnante dans le paysage français
Outre la nature omniprésente et remarquablement bien conservée, la simple mention de ce département évoque immédiatement d’autres plaisirs, comme la gastronomie et sa cuisine traditionnelle élaborée avec les produits locaux que sont la châtaigne, les cèpes, la truffe ou bien entendu le foie gras. Mais la Dordogne, c’est aussi une formidable terre d’accueil pour des villages d’exception, tout comme Domme, charmant village situé au sud de Sarlat et de la Roque-Gageac. Bien que l’époque préhistorique ait laissé quelques traces, comme ailleurs dans ce département, c’est bel et bien au Moyen Âge que l’histoire de ce village a commencé. C’est vers 1281 que le roi Philippe III dit “Le Hardi” décide de créer une bastide sur une falaise de plus de 150 mètres de haut qui domine la rivière de la Dordogne. La bastide est alors construite selon les normes, c’est-à-dire un plan régulier, des rues se coupant à angle droit, des places carrées, une halle etc… Toutefois, compte tenu des contraintes du relief, il a fallu s’adapter, et le fameux plan en damier, si caractéristique des bastides, s’est finalement transformé en trapèze, ponctué de deux places au lieu d’une. Malgré les restaurations survenues au fil des siècles, cette bastide parmi les plus emblématiques du territoire français a survécu et témoigne encore aujourd’hui de la richesse de son passé. Les meilleurs exemples sont assurément les remparts qui ceinturent le village et les différentes portes qui en permettaient l’accès, dont la plus impressionnante est assurément la Porte des Tours, parfaite démonstration de la volonté du roi de dérouter les éventuels assaillants. La légende raconte que l’une des tours a servi de prison aux derniers Templiers de France, laissant en héritage, de mystérieux graffitis avant leur ultime soupir…

Incroyable mais vrai, une grotte se cache sous les pieds des habitants
Car le quotidien de Domme a été à l’image de celui de la France au Moyen Âge : pas de tout repos. Entre la Guerre de Cent Ans, où Domme est un lieu très convoité par les Anglais, les guerres de religion, l’épidémie de peste noire ou encore l’exode, la bastide perchée a connu bien des épreuves. À tel point qu’au XIXème siècle, la Dordogne cesse d’être une voie de passage, d’échanges et donc, de conflits. De son côté, Domme reste à l’écart des grands axes routiers et ferroviaires, ce qui est donc une période moins florissante, mais toutefois plus calme et plus favorable à la préservation d’un patrimoine exceptionnel. Une certaine “tranquillité” qui permet aujourd’hui aux curieux d’admirer d’incroyables vestiges, comme ces belles demeures aux façades dorées et aux toits irréguliers recouverts de tuiles brunes, qui se dévoilent au fil des rues richement fleuries. Outre les portes anciennes, il faut également prendre un moment pour admirer les fenêtres à meneaux et les voûtes d’ogive qui ornent les plus nobles de ces demeures, datées des XIIIème au XVIème siècles. Si, à l’époque, le Château du Roy, dont il subsiste quelques légères traces, marquait la frontière entre le Quercy et le Périgord, d’autres vestiges du Moyen Âge attirent toujours. C’est le cas par exemple de la grotte de Domme, située sous la Halle, qui servit de refuge aux habitants de Domme pendant la guerre de Cent Ans et les guerres de Religion. Située en plein milieu du village, ce qui est unique en France, la galerie de cette grotte s’étend sur 450 mètres sous les maisons et se conclut en merveille : par une remontée en ascenseur panoramique avec une vue imprenable sur la Vallée de la Dordogne.
Une terre d’accueil pour les passionnés d’histoire, de gastronomie ou de nature
Si d’autres merveilles, comme le château de Caudon datant du XIXe siècle ou la chapelle monolithe de Caudon, sont à découvrir le temps du séjour à Domme, cette ancienne bastide a bien d’autres atouts à promouvoir. Comme une balade sur les traces de Jacquou le Croquant, puisque c’est ici que vécut l’auteur Eugène Leroy. Enfin, un arrêt s’impose devant l’ancienne maison de justice du sénéchal, construite au XIIIe siècle et jadis reconvertie en hôtel de ville. En bon village de la Dordogne qu’il est, on vient aussi à Domme pour satisfaire son amour de la gastronomie. Parmi les échoppes, les savons artisanaux et les créateurs de bijoux, les gourmandises locales sont à déguster… toujours avec modération. On vient par exemple à la place de la Rode pour déguster le vin de Domme, dont la popularité fut assez intense au Moyen-Âge. Ce vignoble oublié ressuscité à la fin des années 90 se dévoile d’ailleurs à travers un échantillon de ses vignes à la Porte des Tours. Au départ de Domme, les gabares, typiques de la région, transportaient essentiellement les productions de vins et celles des ateliers de meuniers du village. Depuis, le transport de marchandises a été remplacé par une navigation plus plaisante sur la Dordogne. Les gabares sont désormais touristiques, mais la découverte de ce majestueux cours d’eau et des paysages environnants se fait également à bord de canoës et kayaks. Le meilleur moyen de profiter de la richesse de la région, au rythme de l’eau.

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Image à la une : Domme © Mairie de Domme