Située dans le département des Alpes-de-Haute-Provence, il existe une ville qui symbolise à elle seule la rencontre entre le monde alpin et le milieu méditerranéen et demeure une incarnation de l’art de vivre en Provence. Si l’on vous disait en plus qu’elle peut compter sur plus de 300 jours d’ensoleillement et qu’elle abrite un patrimoine architectural aussi fascinant que l’Histoire de France, que diriez-vous d’en savoir plus sur ce joyau méconnu ?
Une histoire royale pour les passionnés d’Histoire
Dans les médias, la ville est parfois surnommée la “cité des quatre reines”, suite à la parution en 1973 du livre Le Pays des Quatre Reines, consacré à l’histoire de la Haute-Provence, à ses mœurs et coutumes. Un titre qui renvoie aux quatre filles du comte de Provence Raymond Bérenger IV (ou V), qui toutes épousèrent un roi. Souverain de Provence, le comte Raymond Bérenger V de Barcelone se marie avec Béatrice de Savoie. De ce mariage naît quatre filles : Marguerite devenue reine de France par son mariage avec Louis IX, Éléonore devenue reine d’Angleterre par son mariage avec Henri III, Sancie devenue comtesse de Cornouailles et enfin Béatrice, comtesse de Provence et de Forcalquier par son mariage avec Charles Ier d’Anjou, frère de Louis IX. Par ces alliances entre les filles de Raymond Bérenger IV, une situation étonnante s’est ainsi créée : les rois de France Louis IX et de Sicile Charles Ier, qui étaient déjà frères, sont devenus beaux-frères l’un de l’autre. Toutefois, rien n’indique cependant que ces quatre reines soient jamais venues à cette ancienne cité comtale qu’est Forcalquier. Par la suite, les crises démographiques, les guerres et les pandémies ont des conséquences importantes sur le rayonnement de Forcalquier, qui retrouve une certaine pugnacité… durant la Seconde Guerre mondiale. Dans un territoire haut-lieu de la Résistance, la cité reflète cet esprit rebelle à travers une date : le 8 juin 1944, 12 hommes venus de plusieurs villages sont fusillés par les troupes allemandes après avoir pris d’assaut la sous-préfecture occupée par les nazis. Un chapitre majeur dans l’histoire de la cité, décorée de la croix de guerre au titre de haut-lieu de la Résistance.
Une richesse patrimoniale proche des étoiles
Depuis le milieu du XXe siècle, Forcalquier n’a cessé de se développer, notamment sous l’impulsion de personnalités politiques d’envergure nationale et grâce à son attractivité touristique, culturelle et sa qualité de vie. Dans cette ancienne cité comtale, idéalement située à proximité de la montagne de Lure et du Parc Naturel Régional du Luberon, le charme opère notamment dans son centre historique, où se trouvent des monuments emblématiques tels que la place Saint Michel et sa fontaine, la cathédrale Notre Dame du Bourguet ou encore le couvent des Cordeliers, l’une des premières fondations franciscaines en Provence. Dans ce merveilleux vestige du XIIIe siècle se trouve d’ailleurs l’Université européenne des Senteurs et des Saveurs, où il est possible d’éveiller ses sens et découvrir les usages et bienfaits des plantes lors d’ateliers sensoriels. Direction ensuite la chapelle Notre Dame de Provence, d’où l’on peut apprécier une vue imprenable sur les toits de la ville et les villages aux alentours. Un spectacle qui rappelle que la devise de Forcalquier est “Pus aut que les Aups”, ce qui signifie “plus haut que les Alpes”. Outre la vue, ce lieu étonne aussi les curieux… côté sonore. En effet, à coté de la chapelle, on trouve l’un des rares carillons manuels de Provence qui se joue “à coup de poing”. Un fascinant trésor dont on peut profiter des sonorités le dimanche matin et les jours de fête sur des airs traditionnels. Côté musique, l’orgue de la Cathédrale Notre Dame du Bourguet classé monument historique, dont les premiers jeux remontent à 1627, vaut aussi le détour.
Étape de choix pour les randonneurs et pèlerins
Tout au long de l’année, la ville s’anime d’ailleurs autour de divers événements autour de l’art afin de mettre à l’honneur le patrimoine et les traditions locales, à l’image du Festival Femmes en scène, des Heures Musicales de la Rotonde ou bien du Festival d’astronomie. Le reste du temps, la ville peut s’enorgueillir d’abriter un marché reconnu comme “le plus beau de la région”, de la rue Berluc-Pérussis à la place Martial-Sicard en passant par la place du Bourguet. Avec autant d’atouts, il n’est pas étonnant que, depuis de très nombreuses années, beaucoup d’écrivains, peintres, sculpteurs et artistes se sont installés à Forcalquier, tous séduits par la beauté du site et l’accueil chaleureux des gens du pays. Une beauté qui fit notamment dire à l’écrivain Pierre Magnan que “Forcalquier était le plus beau pays du monde et Dieu merci personne d’autre que nous ne s’en avisait”. Puisque beaucoup de ses histoires se déroulent à Forcalquier et aux alentours, il serait de bon ton de partir sur les traces de ces aventures, du cimetière classé avec ses ifs taillés aux étranges rochers des Mourres, en passant par la montagne de Lure et ses herboristes. Plus loin, des vestiges de la Via Domitia, cette grande voie romaine qui courait de Rome au sud de l’Espagne, fait aujourd’hui le bonheur des pèlerins et randonneurs qui parcourent le chemin vers Saint Jacques de Compostelle.
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Image à la une : Forcalquier © Adobe Stock