
C’est un fait connu de nombreux historiens et passionnés : l’Île-de-France regorge encore aujourd’hui de somptueux vestiges du Moyen-Âge, près de 600 ans après la fin de cette période historique majeure. Pour en admirer l’un des mieux préservés, il faut prendre la direction des Yvelines, département doté d’un riche patrimoine historique et architectural, comme le prouve la présence du sublime château de Versailles, résidence emblématique des rois de France, et de son magnifique parc.
Un village discret mais très marqué par l’Histoire de France
Le village qui nous intéresse aujourd’hui se trouve à quelques kilomètres seulement de Goussainville, commune tristement célèbre pour être quasi-abandonnée. En prenant la direction de Paris, on quitte alors un village fantôme pour arriver sur une ville médiévale et ses vestiges étonnamment bien conservés, entre donjon, remparts et vieilles auberges. Si l’on retrouve des traces datant de l’Antiquité à Houdan, la majeure partie de son patrimoine architectural a été construite au Moyen-Âge. Si la région houdanaise commence à se peupler à partir du Ve siècle, ce n’est que dès l’an 1000 qu’elle devient une zone majeure. La forme de la ville et son placement en hauteur par rapport aux campagnes environnantes furent un avantage stratégique pour les seigneurs de Montfort-l’Amaury, autre ville des Yvelines. Lors des siècles suivants, l’histoire d’Houdan sera on ne peut plus mouvementée, du rattachement au rattachée au duché de Bretagne à l’entrée dans le domaine royal à la suite du mariage de Louis XII et Anne de Bretagne. Preuve de son attachement à l’Histoire, c’est en guerre avec le roi d’Angleterre que le seigneur Amaury III fit par exemple ériger un donjon de pierre avec une enceinte fortifiée, transformant ainsi Houdan en une ville importante et une place commerçante de renom.

L’impression d’être dans un musée à ciel ouvert
Agrandies au XVIe siècle, ce sont ces mêmes fortifications que l’on peut encore admirer aujourd’hui. D’ailleurs, il est encore possible de repérer l’ancien tracé de la ville initiale, malgré la disparition de la majorité des vestiges au XVIIIe siècle. La célèbre Tour Guinant, vestige du passé commerçant de la ville, était protégée par une enceinte circulaire, dont l’accès était protégé par un fossé, tandis qu’une seconde enceinte protégeait la petite agglomération, au niveau de la rue des Fossés. Quant à l’église Saint-Jacques-le-Majeur-et-Saint-Christophe, joyau gothique des XV et XVIe siècles, celle-ci était hors les murs et faisait face à la porte d’entrée de la cité, au carrefour de la rue des Fossés et de la rue de l’enclos. Lorsque l’on entame la découverte d’Houdan, plusieurs itinéraires sont possibles, tant les petites ruelles aux allures de passages secrets ne manquent pas. On peut par exemple débuter par la découverte de l’hôtel de ville, qui se trouve dans une ancienne demeure de notable du XVIIe siècle, ou la somptueuse église, célèbre pour ses orgues Cliquot uniques datant de 1734 ou sa fresque d’époque relatant le pèlerinage des houdanais à Montserrat, datant de 1582. Sur le linteau du portail ouest, une étonnante inscription disant : “le Peuple Français reconoît l’existence de l’Être Suprême et de l’Immortalité de l’Âme” rappelle qu’en 1790, cette église fut consacrée “temple de la Raison et de l’Être Suprême”.

Quand ce village nourrissait la capitale
Façonnée par l’Histoire de France, Houdan est un véritable livre ouvert où chaque monument remarquable a quelque chose à raconter sur le passé de la commune. À l’image de l’Auberge de la Fleur de Lys, qui attire le regard par ses façades en bois, et surtout ses fleurs de lys qui rappellent le passage dans la ville de Louis XVI le 21 juin 1786. Et que dire de l’Auberge de l’Ecu de France, la plus ancienne et importante auberge de Houdan, où des sculptures représentant des épis de blé et des grappes de raisin sur la façade devaient inciter les voyageurs à s’y arrêter. Une manière de rappeler que le pays houdanais devient à la Révolution Française le grenier à blé de la capitale et l’un des plus grands marchés au blé d’Ile-de-France. Par ailleurs, la renommée de la cité vient aussi vient aussi de l’élevage de la célèbre poule de Houdan. Quelques mètres plus loin, l’Auberge du Grand Amiral est également l’une des plus vieilles auberges, comme le prouve ce blason rappelant la double appartenance de Houdan au Royaume de France et au Duché de Bretagne. Encore accessible au public, avec des coursives en bois authentiques, sa cour abrite d’ailleurs un passage secret, créé pour se rendre dans la rue des Fossés plus facilement. Citons également la Boldoflorine, ancienne usine produisant la célèbre tisane Boldoflorine, ou la Croix des Pèlerins, en hommage aux premiers pèlerins partis de Houdan pour Montserrat en 1582, mais le dernier joyau à découvrir est assurément le donjon d’Houdan. Bâti sous le règne d’Amaury III, ce colosse de 15m de diamètre et de 25m de haut servait à guetter les ennemis et à défendre la ville, avant de servir de prison et de lieu d’exécutions. Désormais ouvert à la visite, le site accueille des expositions pour les plus jeunes et, surtout, un panorama sur la ville qui ne manque pas de faire son effet.

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Image à la une : Houdan © Pays Houdanais