Comme le chantait Charles Trénet, la Nationale 7 demeure dans la culture populaire comme la fameuse route des vacances, celle que les familles empruntaient chaque été pour partir en vacances. Plus longue des routes nationales de France jusqu’en 2005, avec 996 km, celle-ci traversait notamment les villes de Fontainebleau, Nevers, Lyon, Valence, Avignon, Aix-en-Provence, Cannes ou encore Nice.
Une étape de choix depuis toujours
Comme un avant-goût des vacances, avec l’assurance de voir des paysages riches et variés depuis la fenêtre de son véhicule. L’assurance également de traverser de charmants villages, moins connus, qui méritent pourtant que l’on s’y arrête. Entre Moulins et Roanne se trouve par exemple une cité touristique au patrimoine historique et culturel très riche, qualifiée dès le Moyen Âge de “nostable passage en Bourbonnais”. Si les premières traces d’occupation nous renvoient jusqu’à l’Antiquité, la réputation de la cité n’est pas au beau fixe au Moyen Âge, alors qualifiée d’insalubre à cause d’importants travaux de réaménagement. Mais celle-ci attire du monde, et pour cause : elle se trouve sur l’une des plus importantes routes de France, à savoir Paris-Lyon. C’est ainsi que, au XVIIe siècle, elle connaît une attractivité prospère par le flux de voyageurs fréquentant ses nombreuses auberges ou de son relais de poste où s’exerce notamment la fonction de Chevaucheur du Roi. Presque à deux doigts de créer de véritables embouteillages, qui feront plus tard la renommée de cette cité connue sous le nom de Lapalisse…
Connaissez-vous l’expression associée à la commune de Lapalisse ?
Le nom de Lapalisse apparaît pour la première fois sur une ancienne carte du XIIe siècle, où il est question d’une chapelle (Capella di Palicia). Mais au fil du temps, le nom de la cité se retrouve associé à une expression en lien avec un illustre personnage local. Jacques II de Chabannes, Seigneur de La Palice fait Maréchal de France par François Ier, Jacques II de Chabannes trouve la mort en 1525 lors de la bataille de Pavie. Lors de sa mort, ses soldats écrivent alors, pour louer son courage, “Hélas, s’il n’était pas mort, Il ferait encore envie”. La graphie du “f” étant à l’époque proche du “s”, beaucoup lisent alors “Hélas, s’il n’était pas mort, Il serait encore en vie”. Ce qui relève de l’évidence même… Ainsi est née l’expression “une vérité de La Palice”, aussi appelée Lapalissade, qui consiste à affirmer une vérité trop évidente. Tout comme Jacques II de Chabanne, cette expression est indissociable d’un lieu emblématique du village : le château de La Palice. Cette demeure féodale embellie par le style Renaissance et entourée d’un somptueux jardin est l’un des symboles de la cité, puisque bâti en promontoire au sommet d’une colline. Ancienne place forte défensive située aux frontières de l’ancien duché de Bourgogne, ennemi du royaume de France jusqu’en 1477, ce château fascine par son plafond à caissons de style Renaissance, situé dans le salon doré et unique en Europe. Un lieu essentiel pour mieux comprendre l’essence des “vérités de La Palice”… à moins que l’on ne préfère les déguster. En 1923, celles-ci inspirèrent Jean Sauvadet, un confiseur du village, qui nomma ces petits lingots en coque de sucre et garnis d’un caramel liquide parfumé au café, à la noisette, à la myrtille ou à la framboise d’après la célèbre expression.
Une cité qui célèbre comme il se doit… les embouteillages
Une douceur sucrée que l’on savoure encore plus dans un cadre idéal, comme celui du Parc Floral de Lapalisse. Cet espace de 3 hectares en centre-ville, le long de la Besbre, se compose d’un jardin à la française et d’un jardin à l’anglaise, séparés par des bassins en cascade et compte pas moins de 95 essences, dont plus d’une vingtaine d’arbres remarquables et des pivoines. Surplombé par le château de La Palice, ce parc réalisé en 1936 peut se visiter grâce à un parcours permanent d’orientation, en plus d’accueillir régulièrement des expositions photos. Lapalisse est une étape de choix où se côtoient vieilles pierres, activités de plein air, art ancestral, visites et expériences immersives et ludiques au sein d’un territoire qui se découvre à pied, à vélo, à cheval ou depuis les airs. Mais impossible de parler de Lapalisse sans évoquer celle qui a fait sa renommée au XXe siècle : la voiture. Ou plus précisément un élément malheureusement indissociable de la voiture : les embouteillages. En souvenir de ces départs en vacances où l’excitation laissait très vite la place aux bouchons et la déception de faire du surplace, la cité est le théâtre tous les deux ans en octobre d’un drôle d’événement : “l’Embouteillage de Lapalisse”. Le temps d’une journée, les bouchons de la Nationale 7 reprennent vie grâce à de nombreuses animations sur le thème des années 50 et 60 et confèrent ainsi un charme supplémentaire à cette cité, qui est définitivement bien plus qu’une étape sur la route des vacances !
À lire également : Pourquoi cette minuscule bastide médiévale française est-elle surnommée “le village des chats” ?
Image à la une : Lapalisse © Adobe Stock