Saviez-vous que deux parcs Monceau, très différents l’un de l’autre, ont existé au même endroit ? Le premier était un immense espace vert de style anglo-chinois conçu pour Louis-Philippe d’Orléans, duc de Chartres et futur Philippe-Égalité, entre 1773 et 1779. Le peintre et paysagiste Carmontelle avait été chargé de dessiner un parc à la (dé)mesure du Duc : fermes, grottes, ruines féodales et antiques, cabaret, moulin hollandais, tentes turques, tombeau égyptien, pagode chinoise et temple romain… Ce parc aux portes de Paris était alors connu comme “la folie de Chartres” (une folie étant un ensemble de fabriques de jardins).
Le second est né sous le Second Empire, à l’initiative du préfet Haussmann en 1860, à l’emplacement de l’ancien parc laissé à l’abandon. C’est celui que nous connaissons aujourd’hui et, s’il est bien moins excentrique que son prédécesseur, il renferme lui aussi de nombreux trésors. Tour d’horizon des curiosités à découvrir dans ce joli parc à l’anglaise, à cheval entre les 8e et 17e arrondissements.
La Rotonde
Impossible de rater cet édifice puisqu’il se trouve immédiatement à l’entrée nord du parc, au niveau de la rue de Courcelles (et parce que ce sont les toilettes publiques du parc). Cette bâtisse réalisée par l’architecte Claude-Nicolas Ledoux a été construite lorsque le parc se trouvait sur le tracé du Mur des Fermiers Généraux, une enceinte entourant Paris qui permettait au roi Louis XVI de percevoir les impôts sur les boissons et marchandises entrant dans la capitale. Ce pavillon néo-classique entouré d’un péristyle de 16 colonnes servait alors de bureau d’octroi et marquait la limite entre les barrières de Courcelles et de Monceau.
La Naumachie
Loin d’être une ruine datant de l’Antiquité comme on pourrait le croire au premier abord, ce grand bassin oval bordé par une colonnade corinthienne date seulement du XVIe siècle. Les éléments proviennent de la chapelle funéraire, dite rotonde des Valois, que Catherine de Médicis avait commandé pour son époux, le roi Henri II. La chapelle, érigée à côté de la Basilique de Saint-Denis, a été détruite en 1719 et ses vestiges ont été transférés ici en 1769. La Naumachie (dont le nom renvoie aux bassins accueillant des combats navals dans l’Antiquité) fait partie des quelques éléments du premier parc à avoir été conservés.
Les monuments “égyptiens”
On a beau savoir qu’ils sont faux, ces monuments construits à une époque où l’égyptomanie était à son comble font leur petit effet ! Une pyramide qu’on croirait débarquée de Gizeh, un obélisque bien moins vieux que celui de la place de la Concorde, mais tout aussi intriguant, et un sarcophage qui ne contient aucun corps ni relique. Tout comme la Naumachie, ces trois “faux vestiges” ont été réalisés pour le premier parc et faisaient partie d’une fabrique de jardin dédiée, on l’aura deviné, à l’Égypte !
Les statues
Une dizaine de statues en marbre, créées cette fois-ci pour le second parc, sont également disséminées un peu partout. Certaines sont des monuments en l’honneur de grands écrivains et musiciens du Second Empire. Elles représentent Maupassant, Chopin, Alfred de Musset ou encore Ambroise Thomas et ont été construites entre 1897 et 1906. D’autres personnifient des allégories mythiques tels que Le Faucheur ou Le Semeur et sont un peu plus anciennes, sans doute sculptées à la fin des années 1870. Il existe également plusieurs socles dont les statues en bronze ont disparu, probablement fondues sous l’occupation pour leur métal.
Le petit pont à l’italienne, la grotte et la cascade
Une partie des ouvrages fabriqués pour l’ancien parc a été conservée et est désormais associée aux nouveaux éléments que sont la rivière et son pont, la cascade et la grotte. Cet ensemble insolite et sa végétation luxuriante à la belle saison accompagnent parfaitement les quelques arbres spectaculaires du parc, parmi lesquels un platane d’orient d’une circonférence de 7 mètres et un érable sycomore de 30 mètres. À quelques mètres de là , une lanterne japonaise, construite en 1786 et installée à Paris en 1986, symbolise le pacte d’amitié scellé en 1982 entre les villes de Paris et Tokyo.
Les vraies ruines
Si la plupart des monuments présents dans le parc sont des éléments fabriqués de toute pièce, il existe tout de même quelques vraies ruines. Surplombant une allée, on trouve par exemple une arcade  de l’ancien Hôtel de ville récupérée après l’incendie de 1871. Cet élément proviendrait sans doute du rez-de-chaussée de la façade principale. Autre ruine, dont l’origine est moins certaine : deux paires de colonnes cannelés qui viendraient de l’ancien Palais des Tuileries, également démoli en 1871.
Parc Monceau –Â 35 Boulevard de Courcelles, 75008
Métro : Monceau (ligne 2)
Ouvert tous les jours de 7h à 21h (22h du 31 mai au 31 août)
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Cyrielle Didier