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Mantes-la-Jolie : une journée royale en Terres de Seine

Si vous longez les serpentins de la Seine, vous pourrez accoster sur un territoire de 500km2 méconnu des Parisiens, qui regroupe pourtant 73 collectivités entre la capitale et la Normandie. A 40 minutes de Paris, « Terres de Seine » englobe des villes comme Poissy, Conflans, Médan ou Epône. Ces communes ne vous disent rien ? Elles promettent pourtant une belle escapade dans de petites villes apaisantes et de grands espaces verts, accessibles en RER, train ou voiture depuis la capitale. L’occasion de passer une délicieuse journée dans un lieu chargé d’histoire, comme c’est le cas à Mantes-la-Jolie.

Escale dans une ville royale

Vos premiers pas dans la ville doivent débuter par une plongée dans son passé mouvementé. Il est grand temps de redorer le blason de Mantes-la-Jolie, en mettant en lumière la riche histoire de la commune et son patrimoine qui rayonne encore de nos jours. Ce carrefour de voies fluviales et terrestres s’est en effet très vite constitué comme un haut lieu stratégique. C’est au début du IXe siècle qu’apparaît la première mention de « Mantes », dérivée des formes anciennes Mantela ou Mentula.

Les Chiens du pont de garde, Bernadette Kanter. Ces chiens symbolisent la fidélité des Mantais.

Fragilisée par les attaques des Normands, la ville bâtit dès le Moyen Âge un port fortifié afin de contrôler les passages sur la Seine. On peut d’ailleurs contempler les vestiges de ses remparts dans plusieurs rues, comme celles de L’abbé Hua ou du Cloître de Notre-Dame. C’est à la même époque que se construisent la collégiale Notre-Dame, ainsi que le château de Mantes désormais disparu.

Vue sur la collégiale Notre-Dame et l’Hôtel-Dieu

Cet emplacement en bord de Seine lui permet aussi de développer le commerce du vin et d’enrichir progressivement la ville, si bien qu’elle rivalise avec Paris et Rouen. Elle devient alors le lieu de résidence de plusieurs rois de France, tels que Louis VI, Philippe Auguste, Louis XI, Henri III et Henri IV. Après avoir conquis Paris en 1594, ce dernier revient régulièrement à Mantes pour « jouer à la paume », visiter son conseiller le duc de Sully, et surtout sa maîtresse Gabrielle d’Estrées. La ville doit d’ailleurs son nom à l’une de leur lettre, dans laquelle le roi lui déclare : « Je suis à Mantes, ma Jolie… ».

La tour Saint-Maclou, vestige d’une église médiévale

Face à Versailles, Mantes perd peu à peu son importance stratégique, mais se développe de plus belle grâce à l’arrivée du chemin de fer au XIXe siècle. L’activité industrielle s’y installe alors avec des moulins, une tannerie et une fabrique d’instruments de musique, élargissant la ville de nouveaux quartiers. Depuis le Moyen Âge, Mantes-la-Jolie demeure donc l’un des centres historiques de l’Île-de-France, qui dévoile aujourd’hui les vestiges de ses ambitions politiques, économiques et culturelles.

Une splendide collégiale gothique

En traversant la ville, difficile de ne pas apercevoir la splendide Collégiale Notre-Dame, que l’on nomme souvent la petite sœur de la célèbre cathédrale parisienne. Haut de ses 29 mètres sous voûte, ce chef-d’œuvre gothique du XIIe siècle est l’un des plus anciens monuments d’Île-de-France.

La Collégiale Notre-Dame

Il est remarquable par ses somptueux portails sculptés, dont celui de la Résurrection, qui date de 1150. Moins archaïques, les portails de la Vierge et des Echevins représentent avec finesse des scènes bibliques, dont certaines sculptures conservent des restes de polychromie.

Le portail de la Résurrection

A l’intérieur du monument, l’immensité et la sobriété de la nef gothique lui confèrent un caractère majestueux.

La nef de la collégiale Notre-Dame

Les splendides vitraux de la chapelle de Navarre nous font découvrir plusieurs portraits royaux, tandis que la grande rosace, l’une des plus anciennes de France, représente le jugement dernier.

La rosace et l’orgue de la Collégiale

Mais ce qui attire tout de suite le regard, c’est cette étrange toiture d’inspiration bourguignonne, composée de 44 000 tuiles vernissées représentant les armes de Champagne. Ces croix, surnommées « swastikas », détiennent en effet des couleurs vives, dont les motifs géométriques créent un contraste saisissant avec le bâtiment gothique.

La toiture de la Collégiale

L’art mantais à l’Hôtel-Dieu

A deux pas de la splendide collégiale, on pénètre dans l’Hôtel-Dieu, qui abrite désormais le musée de la ville. A l’emplacement d’une ancienne chapelle médiévale, ce bâtiment rénové au XVIIe siècle a tout d’abord appartenu à l’Eglise pour accueillir les plus démunis. Après la Révolution, il s’est successivement transformé en théâtre, café, cinéma et salle de bal, avant d’être acquis par la ville en 1962. Classée Monuments Historiques, sa façade a conservé ses pilastres corinthiens, sa grande rosace et ses ornementations.

Vitrail provenant de la Collégiale

Désormais, le musée de l’Hôtel-Dieu s’organise sur trois étages. Le rez-de-chaussée est consacré au patrimoine de la ville. Parmi de nombreuses toiles dédiées à Mantes, on découvre un grand tableau de Camille Corot, peint en bord de Seine, qui représente une Fuite en Egypte dans un paysage très fantasmé. A côté, une collection de sculptures endommagées provenant de la Collégiale permet d’observer de plus près ces chefs-d’œuvre du premier art gothique.

Tableaux de Maximilien Luce

Le premier étage est quant à lui consacré au peintre postimpressionniste Maximilien Luce, ancien résidant de la commune. Grâce à la donation de son fils, la collection présente 350 œuvres de l’artiste, mêlant peintures, dessins, estampes, tirages et céramiques. On découvre une autre facette de Luce, souvent cantonné à ses portraits divisionnistes : ici, les toiles sont plus réalistes, entre les portraits d’ouvriers, les scènes sanglantes de la Commune et les paysages colorés autour de la Seine.

L’Hôtel-Dieu, devant la Collégiale

Enfin, un dernier étage est réservé aux expositions temporaires. Jusqu’au 18 septembre 2022, on peut par exemple découvrir les plans et les dessins minutieux de l’architecte Alphonse Durand, responsable de la rénovation de la collégiale de Mantes au cours du XIXe siècle.

Un restaurant « Assiette Michelin »

Pour le midi, on vous conseille de faire une escale au Rive Gauche, situé juste en dessous de la Collégiale. En descendant un petit escalier, vous passerez devant une jolie vigne et longerez des rues calmes où les tanneurs logeaient autrefois.

Une jolie rue proche du restaurant

C’est là que se trouve ce succulent restaurant gastronomique, mené par le chef Jean-François Badin, et recommandé par le Guide Michelin.

Une escapade sur la Seine

Pour voir la région d’une tout autre manière, il est possible de s’évader au fil de l’eau grâce à des croisières sur la Seine. Avec « Seine River », un couple passionné vous embarque sur leur yacht pour découvrir les paysages et la biodiversité de ce site classé Natura 2000.

Vue de la Collégiale depuis la Seine

En sirotant un cocktail dans un calme idyllique, on découvre de nombreux cygnes se reposant près des berges. On aperçoit également le splendide domaine ayant appartenu au duc de Sully, ou encore le vieux pont de Limay, en partie détruit, où a été tournée la célèbre scène finale de Jules et Jim.

Le domaine du duc de Sully

On discute aussi avec les adorables Laurent et Christelle, qui accordent le trajet selon les désirs de leurs convives. Il est d’ailleurs possible d’y déguster un apéritif et de manger une plancha royale en contemplant le coucher de soleil.

S’endormir sur l’eau

Pour terminer la journée en beauté, vous pouvez accoster au port Ilon, où se trouvent les « house boat » de l’Escale Royale.

Une “House Boat” de la Royale Escale

Ces jolies locations avec cuisine et salle de bain vous permettront de passer une nuit sur l’eau, mais aussi de profiter d’un sauna, d’un vidéoprojecteur, ou tout simplement d’un joli moment sur une terrasse au bord de la Seine.

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