Il fut un temps assez lointain, à savoir aux alentours du XIIe siècle, où le Limousin rayonnait en Europe grâce à ses troubadours. Si les temps ont bien changé depuis, cette région historique de France a toutefois gardé de somptueuses traces de ce glorieux passé. À l’image de ce petit village qui surprend pour deux principales raisons : son important patrimoine architectural et son nom étonnant.
Un bourg méconnu mais au nom de taille dans l’Histoire de France
Derrière ce nom bien particulier se cache une origine vraisemblablement romaine ou gallo-romaine : en raison de sa situation dans une plaine marécageuse, “Mortuum Mare” signifie mer morte. À moins que l’origine soit occitane : “morta” pour dormante et “mar” pour la mer, qui aurait ainsi donné la traduction “petit amas d’eau dormante”. Ce qui est certain, c’est que la seigneurie de Mortemart existe déjà avant l’an mil. Le village se développe autour d’un château que le baron Abon Drut fut autorisé à édifier en 995, après avoir défendu victorieusement Bellac contre le comte Guillaume de Poitiers. Avant d’être détruit au XIVe siècle par les Anglais, le domaine des Mortemart devient par mariage la propriété la famille des Rochechouart en 1205. C’est ainsi que naît la maison de Rochechouart de Mortemart, qui donna de grands personnages à la France tels que Françoise Athénaïs de Rochechouart de Mortemart, la marquise de Montespan et favorite de Louis XIV, mais aussi Louis-Victor, général des galères du Roi Soleil, et Marie-Clémentine dite Manuela, sculpteur féministe. Bien que détruit, le château ne disparaît pas totalement puisqu’il est reconstruit sur un site différent… avant d’être démantelé sur ordre du Cardinal de Richelieu. Longtemps resté en ruines, il ne demeure à l’heure actuelle que la tour du donjon et quelques salles devenues lieux d’expositions. Pour la petite histoire, l’édifice a été racheté à la fin du XIXe siècle par la famille de Mortemart, à laquelle il appartient toujours.
Une cité prospère en plus d’être un haut-lieu religieux
Outre les vestiges du château des ducs de Mortemart, cette petite cité de caractère a conservé de nombreuses traces d’un riche patrimoine architectural. Bâtis au XIVe siècle, les couvents des Carmes et des Augustins témoignent de l’important passé religieux du village. Destiné à accueillir et soigner les pèlerins et les indigents, le Couvent de l’ordre des Carmes impressionne par la pureté de ses lignes, le bâtiment ayant subi très peu de modifications. Jadis chapelle du proche couvent des Augustins, l’église Saint-Hilaire est aussi un fascinant vestige du XIVe siècle. Tandis que son clocher dit “à triple bulbe” impressionne de l’extérieur, l’intérieur ne manque également pas de charme, à l’image de ses belles stalles sculptées en chêne, son retable ou encore ses peintures sur bois. Quant au couvent de l’ordre des Augustins, ce véritable petit château était le lieu de résidence des derniers chanoines de la commune avant de devenir une propriété privée. En plus de ce fabuleux patrimoine religieux, l’ancienne halle et les maisons de notables rappellent que Mortemart fut également une place commerçante prospère. Incontournable, cette magnifique halle du XVIIIe siècle dotée d’une charpente à quatre pans en est le meilleure témoin de cette vitalité commerciale d’autrefois. Il convient toutefois de préciser que la halle qui trône aujourd’hui sur la Place Royale a été entièrement démontée puis remontée à l’identique en 2013.
Une programmation culturelle qui met à l’honneur le passé du village
Une richesse historique et patrimoniale qui permet à Mortemart d’être non seulement une cité de caractère propice à la découverte, mais surtout le seul village classé “Plus Beaux Villages de France” de son département qu’est la Haute-Vienne. Outre des expositions artistiques qui jalonnent toute l’année la vie culturelle, le village de Mortemart séduit également ses habitants et ses visiteurs grâce à des rendez-vous réguliers. Le second dimanche de février, une Randonnée de la Chandeleur est par exemple proposée aux sportifs, tandis que le premier week-end d’avril met à l’honneur un salon des vins naturels. Passée l’agréable fête des plantes, toujours en avril, qui célèbre l’arrivée du printemps, la musique est également à l’honneur l’été, grâce au festival ZicAnouic qui propose concerts de rock ou de musique traditionnelle en différents villages du Haut Limousin, dont Mortemart. Tandis qu’une virée estivale à Mortemart ou dans les environs est aussi l’occasion de découvrir les richesses du terroir local grâce au marché campagnard organisé sous la halle, la cité de caractère sait aussi mettre à l’honneur son riche passé. Une journée hors du temps avec des compagnies de spectacle vivant, des troupes médiévales, des démonstrations de musique, des jeux en bois, de nombreux artisans sans oublier un repas d’époque : depuis quelques années, Mortemart a choisi de renouer avec son passé durant les Médiévales. Après tout, qui mieux que Mortemart, classé parmi les plus beaux villages de France et une histoire qui dure depuis le Xe siècle pour servir de cadre à un voyage en plein Moyen Âge ?
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Image à la une : Mortemart © Adobe Stock