Cette cité bastionnée célèbre pour ses remparts longs de 1600 mètres est la capitale du saumon

Véritable pays à part, le Béarn est un territoire dont le calme surprenant contraste avec la fougue qui s’en dégage. Une fougue héritée de l’Histoire mouvementée de cette région, qui fut par exemple un État indépendant entre le XIVe et XVIIe siècle. Mais le Béarn, c’est aussi une grande richesse de paysages où il fait bon se balader, se régaler, pratiquer les sports de plein air et donc redécouvrir l’Histoire de France. Et une cité ne saurait mieux résumer ces atouts que ce joyau architectural prisé des rois de France et de Navarre…

La première cité bastionnée de France

En approchant, notre regard ne peut être qu’attiré par ces remparts qui entourent la cité. Des ouvrages longs de plus de 1600 mètres et atteignant les 10 mètres de haut que l’on peut associer à ceux réalisés par Vauban aux quatre coins de la France. Mais ceux qui nous intéressent ici ont bien de l’avance sur le génie de l’ingénieur et architecte militaire. Nommée du latin Sponda Navarensi, qui signifie la bordure de la Navarre, Navarrenx est une cité qui attise la convoitise de nombreux puissants depuis bien des siècles. Bastide dès le XIVe siècle, il faut attendre le règne d’Henri II, deuxième fils de François Ier et grand père d’Henri IV, pour voir débuter la construction de ses impressionnants remparts en 1538. Révolutionnaires et réputés impénétrables, ces remparts demanderont 10 ans de construction à l’architecte italien Fabricio Siciliano, à la demande d’Henri II d’Albret pour se protéger de la Navarre espagnole et de la province basque de la Soule. Précédée de fossés secs, l’enceinte comprend deux bastions à orillons, deux demi-bastions à orillons et une demi-lune, tandis qu’un arsenal en U est édifié à l’intérieur du corps de place. Sans oublier également son renforcement entre 1550 et 1569 par Jeanne d’Albret, fille d’Henri II et mère d’Henri IV. Navarrenx devient alors la première cité bastionnée de France, un siècle avant l’apparition des célèbres fortifications militaires de Vauban, et ne fut surtout jamais vaincue.

Une véritable leçon d’Histoire et d’architecture à découvrir

Parfaitement intacts, ces remparts qui ont conservé une fonction militaire jusqu’au XIXe siècle témoignent aujourd’hui du riche passé historique de Navarrenx, fièrement classée parmi les “Plus Beaux Villages de France”. Et si franchir ces murailles relevait autrefois de l’audace, il s’agit aujourd’hui d’une somptueuse mise en bouche pour découvrir le cœur de la cité. Après avoir arpenté le charmant pont de pierre aux trois arches, destiné par le passé à faciliter le franchissement de la rivière aux pèlerins de Saint Jacques, et traversé les remparts, vient la Place des Casernes, cernée d’un impressionnant bâtiment militaire prévu pour loger 344 hommes de troupe. L’occasion d’emprunter un escalier pour accéder aux remparts et au sommet de l’échauguette, d’où l’on admire une vue imprenable sur toute la vallée du Gave d’Oloron et sur la bastide ceinturée. Au loin, on aperçoit même la chaîne des Pyrénées. En contrebas, dans l’enceinte fortifiée, l’ancienne poudrière construite en 1580 témoigne de l’architecture militaire en pierre de taille et abrite aujourd’hui une exposition sur l’histoire de la bastide de Navarrenx. Tandis que se succèdent des maisons anciennes mises en valeur par une palette de volets colorés, un édifice avec trois corps de bâtiments posés en U se dévoile très vite : l’Arsenal. Construit en 1680 sur l’ancienne maison de Navarre, avec une vaste cour qui pouvait abriter 30 000 boulets ou grenades, des armes et des provisions en cas de siège, ce superbe bâtiment abrite aujourd’hui le centre d’interprétation de Navarrenx, où les férus d’Histoire peuvent découvrir des maquettes et des plans de la bastide.

Une cité d’Histoire où le saumon est roi

Outre ces impressionnants ouvrages militaires et quelques lieux de renom, comme l’église Saint Germain de style gothique tardif ou la maison du Dr Darralde, médecin de l’impératrice Eugénie, Navarrenx cultive également une douceur de vivre qui sied à merveille avec le paysage qui l’entoure. Étape de choix sur la Via Podiensis qui mène du Puy-en-Velay vers Saint-Jacques-de-Compostelle, Navarrenx est une destination appréciée pour les amoureux de nature et d’évasion. Dernière halte avant le Pays Basque et la traversée de la chaîne montagneuse vers Roncevaux et appréciée par plus de 12 000 pèlerins par an, Navarrenx peut également se vanter d’être reconnue comme la “capitale du saumon”. Avec le Gave d’Oloron à ses pieds, c’est en 1950 que le premier championnat du monde de pêche au saumon s’est tenu à Navarrenx. Depuis, de nombreux pêcheurs ont la chance de se mesurer à ce poisson qui peut atteindre jusqu’à 10kg. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que, à l’entrée de la ville, une sculpture en inox de cinq mètres de haut, réalisée par l’artiste salisien Marc Benard, représente un pêcheur avec sa canne de 10 mètres de long ferrant un saumon. Pour les passionnés comme les amateurs, plusieurs lieux de pêche sur le Gave d’Oloron sont accessibles en zone “no-kill”, afin de préserver cette espèce indissociable de la rivière. Et si la pêche peut sembler trop tranquille, ce majestueux décor naturel offre aussi l’opportunité de s’essayer au rafting ou au canoë.