Terre de randonnées, la France compte en son territoire bon nombre d’itinéraires pour tous les goûts et tous les niveaux. De belvédère à promontoire, la célèbre Route “des villages perchés” dans les Hautes-Alpes est un fascinant itinéraire à la découverte de ces villages construits sur des hauteurs pour des raisons défensives, mais également à l’abri des crues soudaines occasionnées par les cours d’eau capricieux.
L’assurance d’une vue imprenable sur l’un des plus beaux panoramas de France
Autrefois, ce vaste territoire était traversé par des voies muletières, fascinant patrimoine médiéval prolongé par les anciennes routes du sel, qui permettaient aux convois muletiers de faire transiter le sel des salines de Provence vers le Piémont. Si ces chemins muletiers font aujourd’hui le bonheur des randonneurs et des vététistes qui peuvent profiter des vastes vallons forestiers, des forêts de pins maritimes et de chênes et de panoramas uniques jusqu’à la Méditerranée, ils sont également l’occasion d’accéder à ces fameux “villages perchés”. Parmi eux se trouve par exemple celui dont le nom signifie justement hauteur en prélatin : Peille. Bien que l’on trouve les vestiges d’une muraille d’enceinte datant du Néolithique, l’existence de Peille est attestée par un document écrit datant de 1029. À cette époque, le village possède alors un territoire immense qui descend du col de Braus jusqu’à la mer. Quelques vestiges de l’enceinte médiévale subsistent encore, notamment une belle tour carrée ainsi qu’une arrondie au nord du village, sans oublier l’ancienne porte fortifiée de l’Arma qui s’ouvre sur une calade en escaliers, en bas de Peille. Une atmosphère médiévale également perceptible en arpentant l’avenue du Capitaine-Chauncey, qui descend vers le cœur du village, avant de découvrir, sous les arcades, le lavoir en pierre encore alimenté par une source.
Un havre de paix prisé par les roi et les artistes
Après avoir passé l’ancienne porte d’entrée du village située au pied du rocher, la découverte de ce village médiéval n’est qu’un somptueux enchaînement de trésors : de ses petites rues étroites en calade à ses charmantes placettes anciennes, en passant par les fontaines gothiques et les grandes demeures moyenâgeuses, sans oublier quelques magnifiques chapelles restaurées. L’un des premiers arrêts “obligatoires” se fait sur l’esplanade devant l’église Sainte-Marie de l’Assomption au superbe clocher roman-lombard du XIIIe siècle, haut de 33 m. De quoi offrir une vue plongeante sur la vallée du Faquin et sur les ruines des anciens remparts. Cette église du XIe siècle attire également par sa somptueuse décoration baroque, dont le retable du maître-autel a été peint par un peintre de Monaco, Antoine de Lima. En 1989, le Prince Rainier III a même fait don de l’orgue provenant de la chapelle du Palais princier. C’est sur cette même place Carnot que se trouvait également le restaurant Cauvin, où Léo Ferré, natif de Monaco, aimait venir s’attabler avec ses amis. Des souvenirs que l’artiste n’hésite d’ailleurs pas à évoquer dans son album La Frime (1977), où il rend hommage au village qui l’a accueilli et aux bons repas pris chez Nana. Si le restaurant a depuis fermé ses portes, la mémoire de Léo Férré est loin d’avoir été oubliée, puisque chaque année au mois de juillet se tiennent les Estivales Léo Ferré, organisées par l’association Alors, Léo.
Un village reconnu pour son riche patrimoine religieux
Le souvenir de ces personnalités qui ont marqué l’histoire du village n’est jamais effacée, comme le prouve également la stèle honorant le souvenir de la Princesse Grace, qui aimait tant venir se reposer dans les propriétés princières de Rocagel et de Fontbonne sur le territoire de Peille, trône dans le jardin entourant la chapelle Saint-Martin. Puisqu’il est question de chapelle, impossible de ne pas évoquer la chapelle Saint-Sébastien, de style roman. Cette ancienne chapelle des Pénitents noirs commencée au XIIIe siècle et coiffée d’un curieux toit en rotonde ne fut terminée qu’au XIXe siècle après avoir été longtemps abandonnée. Mais son activité actuelle n’a plus rien à voir avec quelconque culte puisqu’elle a depuis été transformée en hôtel de ville. Plus loin, la chapelle Saint-Joseph, ancienne chapelle des Pénitents blancs abritant deux tableaux représentant la Nativité et la décapitation de saint Jean-Baptiste ainsi qu’un bénitier taillé dans un chapiteau roman, ou la chapelle Saint-Antoine, un temps utilisée en tant qu’entrepôt municipal, poste de police et local pour la boulangerie du village avant d’être réhabilitée, viennent également témoigner du riche passé architectural du village. Plus loin, preuve que que chaque détour apporte sa surprise, se dévoile le palais Lascaris (XVIIe siècle), construit au bord de la falaise sur l’emplacement de l’ancien donjon, qui abrite désormais la médiathèque du village.
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Image à la une : Peille © iStock